LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Nous sommes lents à croire ce qui fait mаl à сrοirе. ” Ovide

Lettre ouverte au Premier ministre : "Bobo et sa région dans la désespérance"

Publié le vendredi 7 décembre 2007 à 18h56min

PARTAGER :                          

Dans la lettre ouverte suivante qu’il a adressée au Premier ministre, l’ancien député Deval Millogo l’interpelle sur la situation jugée préoccupante de Bobo et de sa région.

"Excellence,

Dans une lettre ouverte datée du 14 août 2006 que j’adressais à votre prédécesseur, j’en appelais à des prises de mesures de son gouvernement en faveur de Bobo Dioulasso et de toute la région du Houet, qui connaissaient une situation objectivement sinistrée.

J’invoquais alors, pour appuyer ma requête, des considérations tenant aux impacts négatifs de la crise ivoirienne et aux déséquilibres d’intervention de l’Etat pour demander, entre autres, un acte de solidarité nationale à travers les mesures suivantes :

"des dépenses de transfert conséquentes au bénéfice des structures décentralisées, une aide aux sociétés et entreprises par des exonérations ou atténuations fiscales ou, à défaut, par un rééchelonnement de celles-ci,

une révision à la baisse du taux bancaire, ce, d’autant que les taux pratiqués au Burkina Faso sont parmi les plus élevés, sinon les plus élevés dans la sous-région, un rééchelonnement des remboursements des prêts que les opérateurs économiques ont contractés auprès des institutions bancaires."

Il y a plus d’un an que cette correspondance a été adressée, et la situation n’a pas fondamentalement changé, sinon qu’elle s’est même aggravée. En effet, aux conséquences persistantes de la crise ivoirienne, sont venues s’ajouter la crise de la filière coton, les pluies diluviennes qui ont dévasté les champs, laissant sans abri beaucoup de familles, et leur interruption brutale qui a eu pour conséquence de compromettre définitivement la saison. Est-il besoin de souligner que cette situation, qui préoccupe les Burkinabè dans leur large majorité en dépit des assurances gouvernementales, nécessite la mise en place urgente d’un fonds de calamité naturelle ?

Excellence Monsieur le Premier ministre, la ville de Bobo Dioulasso et sa région se trouvent dans un état de désespérance dont je ne souhaite pas qu’il puisse un jour dégénérer. Vous n’êtes pas sans savoir que comme dans d’autres régions du pays, commence à gronder un sentiment d’exclusion nationale qui érode dangereusement le sentiment d’appartenance à une même communauté de destin.

Je reviens cependant à vous par la présente lettre avec une meilleure espérance car depuis votre nomination, vous avez effectué un déplacement sur les lieux, et le constat que vous y avez fait n’a pu que vous édifier.

Monsieur le Premier ministre, l’un des mérites unanimement reconnus aux différents régimes qui se sont succédé dans notre pays depuis son indépendance, c’est d’avoir su préserver l’unité de la Nation, malgré l’héritage d’une société plurale. Il vous appartient, à présent, de maintenir le cap au moment où grondent certaines impatiences qui pourraient conduire à des ruptures d’harmonie.

Veuillez agréer, Excellence Monsieur le Premier ministre, l’expression de ma très haute considération."

Bobo Dioulasso, le 3 décembre 2007

Deval Millogo
Ancien parlementaire sous la IIIe législature

Le Pays

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique
Burkina Faso : Justice militaire et droits de l’homme
Burkina Faso : La politique sans les mots de la politique
Le Dioula : Langue et ethnie ?