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La main de fer pour la bonne gouvernance

Publié le jeudi 6 décembre 2007 à 14h13min

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Tertius Zongo

Si comme on le dit, cabri mort n’a plus peur de couteau, il ne faut cependant pas laisser les éléments de la société qui sont pourris jusqu’à la moelle installer pour longtemps leur « système »…

Voilà pourquoi il est heureux de constater que depuis un certain temps, l’autorité est passée du simple discours de mise en garde et de cette manie de caresser dans le sens du poil, à l’application énergique et sans demi-mesure des dispositions règlementaires sanctionnant les auteurs de malversations et autres forfaits au détriment du contribuable burkinabé.

Un enseignant de littérature avec qui nous conversions, pour exprimer son inquiétude face à la dérive civique qui gagne les Burkinabè, nous a confié que les productions en expression écrite de ses élèves ne sont pas pour nourrir l’optimisme dont il était animé quant à une inversion de la tendance. En effet, aux dires de cet éducateur, à la question de savoir ce qu’ils aimeraient exercer comme métier plus tard, les penchants vont plus vers ceux dits à tort ou à raison plus lucratifs notamment experts comptables, avocats, douaniers, entrepreneurs, médecins, … policiers mais surtout pas enseignants ! Et les arguments pour justifier le choix ne volent pas plus loin que le fait de pouvoir faire des « affaires » juteuses qui leur permettraient de mettre leurs familles à l’abri du besoin et de vivre royalement dans des bâtisses d’où ils pourraient regarder depuis leurs hauteurs dans les cours des voisins. Si ce n’est pas malheureux.

A lire de jeunes âmes s’exprimer de la sorte et qui se font une projection dans la vie, il y a de quoi avoir froid dans le dos pour le pays et cela nous ramène à l’esprit cette sentence apocalyptique de cet éminent parlementaire de la majorité gouvernementale qui a dit, il y a quelques années, que la morale agonisait au Faso. Même si par ailleurs nous sommes loin de la partager, cette expression, il faut en convenir, traduit néanmoins un sentiment qui ne manque pour autant de fondements. A notre humble avis il faut savoir relativiser pour ne pas tomber dans des formules chocs et un brin intellectualiste qui apporteraient inutilement de l’eau aux moulins des pourfendeurs professionnels de la République.

Une remarque essentielle par rapport à la perception de ces futurs cadres de la société burkinabé est que l’argent semble devenu une valeur de référence ; ce qui tue du même coup l’esprit de sacerdoce qui est le propre de certains ordres de métiers. N’est-ce pas, à la décharge de ces jeunes élèves, le comportement de leurs aînés et parents qui installe en eux cette façon de voir les choses ? La richesse du lexique contemporain en mots se rapportant à ce comportement en dit long : « gombo », « deal », « business », « dossier »… pour le français « clean » et une flopée de désignations en pidgin.

Ce comportement ne peut être encore toléré. Si comme on le dit, cabri mort n’a plus peur de couteau, il ne faut cependant pas laisser les éléments de la société qui sont pourris jusqu’à la moelle installer pour longtemps leur « système ». Et, il faut le dire, Tertius ZONGO était attendu sur le sujet, lui qui avait assuré que les choses changeraient parce que les partisans de la courte échelle et des passe-droits en tous genres trouveraient désormais à qui parler. C’est vrai que le discours avait été très haut au point de couper l’herbe sous les pieds de certains qui en avaient fait leur bréviaire et qui tout naturellement n’entendaient pas se laisser ainsi ôter le pain de la bouche. On allait donc voir ce qu’on allait voir et à les croire c’était encore de la rhétorique politicienne. Ni plus ni moins.

Voilà pourquoi il est heureux de constater que depuis un certain temps, l’autorité est passée du simple discours de mise en garde et de cette manie de caresser dans le sens du poil, à l’application énergique et sans demi-mesure des dispositions règlementaires sanctionnant les auteurs de malversations et autres forfaits au détriment du contribuable burkinabé.

Une lecture rapide des premiers actes posés par le nouveau Premier ministre qu’était Tertius ZONGO, quelque temps seulement après sa prise de fonction nous avait fait dire que l’homme est venu avec une méthode qui, à n’en pas douter, tranche d’avec tout ce qui a été vu jusqu’alors en matière de direction de l’exécutif. Certains y avaient vu une simple figure de style or tout montre à croire qu’il s’agit véritablement d’une nouvelle dynamique dans la gouvernance du Faso et notre souhait est qu’il ne s’arrête pas en si bon chemin et aille au bout de ses convictions, de ses intentions. Nous ne croyions pas si bien dire quand on voit le travail qui est mené rien que dans le domaine de l’assainissement de la gestion de la chose publique et l’implication personnelle de l’homme qui n’hésite pas à accompagner les membres de son gouvernement aux rencontres de l’exécutif avec d’autres entités du microcosme sociopolitique. C’est le cas avec ses descentes surprises à l’Assemblée nationale à l’occasion des séances consacrées aux questions des députés adressées au gouvernement et à la cérémonie d’ouverture des journées de négociation Syndicats-Gouvernement. Des institutions de l’Etat semblent avoir eu le « coup de fouet » qu’il fallait pour mieux se mouvoir. On a encore en mémoire cette sortie tonitruante de la Cour des comptes qui n’a pas du tout été du goût de certains et il est certain que plus jamais on ne gèrera les deniers publics au pied levé. Dans les ministères, il semble que le ton se lève de plus en plus contre les agents, collaborateurs et autres partenaires qui seraient tentés par les raccourcis et autres facilités sur le dos du contribuable. C’est dire qu’il n’était que temps que la main de fer s’abatte sur les auteurs d’actes délictueux. Ce ne sont pas les entreprises intervenant sur nos routes qui diront le contraire, elles qui se sont vu relever les bretelles par le ministre en charge des Infrastructures et du Désenclavement, Hyppolite LINGANI, qui a visité certains sites. Dans la même veine, au ministère en charge de l’Agriculture, Salif DIALLO n’est pas passé par quatre chemins pour brandir ses menaces sur ceux, préfets et autres, qui seraient tentés de détourner les céréales mises à disposition des populations pour favoriser le maintien des prix sur le marché dans les proportions acceptables ; et que dire du sort fait à cet enseignant indélicat qui n’aura même pas le temps de regretter son acte, lui qui a eu le courage de défier le Gouvernement, faisant fi des mises en garde contre la vente des manuels scolaires gratuitement mis à la disposition des élèves du primaire ? En tout cas, le Conseil des ministres du 28 novembre dernier l’a révoqué et même si la prison lui est pour le moment épargnée, il est mis dans le même sac que ces éducateurs (enseignants, formateurs et parents) épinglés pour fraudes aux examens du BEPC et aux concours de la Fonction publique qui ont vu leur sort scellé de la belle manière et à leur dépens mais pour l’assainissement des mœurs dans notre société.

On ne peut parler de l’Enseignement sans évoquer le PDDEB dont les prédateurs par leurs indélicatesses ont grippé l’évolution. Selon les bailleurs de fonds un milliard et demi de francs CFA auraient été dissipés ou mal dépensés et le gouvernement du Burkina s’est engagé à les rembourser afin que la coopération dans le cadre de ce programme se poursuive sur un bon pied. Si en sa séance du 21 novembre dernier le Conseil des ministres a pris l’engagement de ce remboursement aux partenaires techniques et financiers, il n’a pas manqué de donner des instructions pour que les auteurs de ces actes soient sanctionnés au plan administratif et au besoin poursuivis devant les juridictions conformément aux textes en vigueur. Ce ne serait que justice rendue à la nation.

C’est vraiment dommage que dans le sanctuaire de l’Education, on ne donne pas le bon exemple et se laisse appâter par le gain facile. Mais osons croire que les élèves de notre ami enseignant sauront faire la bonne lecture des actes ainsi posés par le Gouvernement pour mieux appréhender la question du bien commun et comprendre qu’il est nécessaire pour eux d’intégrer les bonnes valeurs pour le meilleur développement et la survie de notre Nation.

Par Cheick Ahmed

L’Opinion

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