LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Vous n’empêcherez pas les oiseaux de malheur de survoler votre têtе, mаis vοus рοuvеz lеs еmрêсhеz dе niсhеr dаns vοs сhеvеux.” Proverbe chinois

Prise en charge des rencontres pédagogiques : Un enseignant dénonce la mainmise des encadreurs

Publié le mercredi 5 décembre 2007 à 11h14min

PARTAGER :                          

Les enseignants ne sont pas au bout de leur peine dans leur lutte pour une prise en charge des participants aux groupes d’animation pédagogique (GAP) et aux conférences annuelles pédagogiques (CPA). Si la prise en charge est effective aujourd’hui, les enseignants, selon un des leurs, n’en bénéficient pas totalement car les conseillers pédagogiques itinérants et les inspecteurs se sont accaparés des fruits de leur lutte, estime-t-il. C’est ce qu’il dénonce dans les lignes qui suivent.

Les enseignants ne sont pas au bout de leur peine. Après s’être battus pour la reconnaissance de la légitimité d’une prise en charge des groupes d’animation pédagogique (GAP) et des conférences pédagogiques annuelles (C.P.A), voilà qu’ils sont aujourd’hui confrontés à un autre problème : celui de l’accaparement des fruits de leur lutte par des encadreurs pédagogiques(conseillers pédagogiques itinérants, inspecteurs). Ainsi, les fonds alloués aux GAP et aux CPA sont l’objet d’une manipulation frauduleuse sous couvert d’arguments fallacieux qu’il importe de critiquer objectivement afin que "soit à César ce qui appartient à César".

Il faut rappeler d’abord que cela fait plus de cinq (5) ans que les enseignants se battent pour revendiquer la prise en charge des GAP et des C.P.A. Et ils ont toujours eu comme adversaires sur le terrain de la lutte les mêmes inspecteurs et conseillers pédagogiques itinérants (CPI), excepté une minorité dont le courage et la dignité méritent respect et considération. Il a donc fallu la détermination de certains enseignants et le bon sens des premiers responsables du ministère pour qu’enfin soit envisagée et concrétisée la prise en charge de ces rencontres pédagogiques, en collaboration avec les partenaires techniques et financiers (même si le barème est toujours matière à débat).

Ce bref aperçu historique permet de situer les responsabilités de chacun afin qu’il s’assume par rapport aux actes passés. On peut alors dire que les encadreurs pédagogiques n’ont été, ni de loin, ni de près, impliqués dans la satisfaction de ce point de la plate-forme revendicative. Ils n’ont été que des entraves car beaucoup ont usé de leur talent, de leur intelligence, et même de leur génie animalier pour faire capoter la lutte ; même si certains prétendent qu’ils ont été de généreux porte-voix des enseignants lors des CASEM. 

Confusion et mainmise sur la prise en charge

L’intérêt de cette mise au point permet de rétablir la vérité du passé, travestie ou délibérément occultée avec pour but la confusion et la mainmise sur ces sommes consacrées à la prise en charge des GAP et des CPA. D’ailleurs, depuis 1984 jusqu’à nos jours, la majorité des cadres de l’éducation ont toujours refusé de se battre pour un destin collectif. Chacun a eu l’ambition monoculaire de gravir les échelons pour être du côté du fort. Ayez alors le courage (et cela vous est imposé par l’histoire) de vous assumer en concédant tout le mérite à cette génération d’enseignants pleins d’idéal et animés d’une ferme volonté de rehausser l’image de l’enseignant longtemps ternie par la lâcheté, la peur et l’hypocrisie.

Ensuite, il est important de préciser aujourd’hui qu’en ce qui concerne les CPA, les enseignants n’ont pas mené la lutte pour revendiquer le financement de leur organisation ; mais plutôt une prise en charge susceptible d’améliorer leurs conditions de travail (frais de transport, restauration, hébergement). Certains inspecteurs, sous couvert de l’instruction selon laquelle l’argent doit servir à l’organisation de la CPA, se sont autorisés une gestion gabégique, autocratique et mafieuse de ces fonds.

Il est donc important à ce niveau que le ministère examine le problème dans un dialogue franc avec les partenaires sociaux que sont les syndicats. Ceci permettra non seulement de trouver des formules consensuelles et transparentes mais aussi d’éviter que certains cadres ne s’enlisent dans la boue (car il n’y a rien de plus paradoxal et contradictoire que cette situation où ceux qui sont chargés d’ennoblir théoriquement la politique éducative se chargent de la prostituer par une pratique éhontée).

Si le ridicule tuait

Puis, pour ce qui se rapporte au fonds des activités des GAP, c’est vraiment l’absurdité puisque des inspecteurs, sous prétexte de leur titre ou de leur aptitude à être des personnes-ressources, s’arrogent le droit d’avoir leur part. Cela est tellement malhonnête qu’on ne saurait le justifier. Le comble, c’est qu’ils réclament des sommes souvent 5 à 10 fois supérieures à celles des enseignants. Cela est inacceptable car ces inspecteurs et conseillers pédagogiques itinérants ne se sont jamais plaints des conditions de travail des GAP et des CPA. Beaucoup d’entre eux ont même été complices de la situation dégradante que vivent les enseignants. Le sens de cohérence aurait voulu qu’ils ne se prévalent d’aucun droit sur ce fonds. Malheureusement, en dépit même de la circulaire ministérielle qui instruit la participation des syndicats dans la gestion des fonds pour garantir la transparence, certains inspecteurs trouvent toujours des moyens illégaux pour empocher une bonne partie de l’argent. En effet, grisés par leur titre, beaucoup ne peuvent pas imaginer que tout cet argent n’appartienne qu’aux seuls enseignants exclusivement. Ceci révèle l’ambition malsaine de certains agents de l’Etat. Désormais, l’idéal d’évoluer dans sa carrière n’a pas pour but de mettre ses compétences au service de la Nation, mais plutôt pour une parcelle de pouvoir, garant de toute sorte d’enrichissement illicite.

A ce niveau, il faut que les enseignants exigent que le fonds soit mis à la disposition de leur bureau élu par GAP. Celui-ci aura donc la charge de trouver des modalités de gestion de façon démocratique et autonome sur la base de leur programme d’activités – GAP. Ceci permettra en plus de la transparence, de mieux responsabiliser les enseignants parce que si aujourd’hui des enseignants ont perdu toute autonomie de leur volonté et sont définitivement soumis, c’est en partie dû à ce mode de gestion paternaliste des Circonscriptions d’éducation de base (CEB).

Enfin, j’espère que mon cri sera entendu ; et je souhaite qu’il suscite un débat profond à même de changer les mentalités dans le monde de l’éducation, gouverné par la "tyrannie de l’habitude et l’esclavage de la tradition". Il faut oser "l’EXODE".

Saïdou Kafando

Enseignant à Tougan

Secrétaire général à la formation syndicale de la section du Sourou

Secrétaire général de la section provinciale du MBDHP /Sourou

Le Pays

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique
Burkina Faso : Justice militaire et droits de l’homme
Burkina Faso : La politique sans les mots de la politique
Le Dioula : Langue et ethnie ?