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France-Algérie : Nicolas Sarkozy dénonce mais ne s’excuse pas

Publié le mardi 4 décembre 2007 à 11h44min

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"Je suis venu pour construire", pas "pour la nostalgie", a affirmé lundi Nicolas Sarkozy au début de sa visite d’Etat en Algérie, même s’il a dû d’emblée affronter les questions de mémoire si sensibles dans ce pays, en qualifiant le système colonial "d’injuste".

"Oui, le système colonial a été profondément injuste, contraire aux trois mots fondateurs de notre République : liberté, égalité, fraternité", a déclaré le président français devant des hommes d’affaires français et algériens réunis dans un hôtel d’Alger. "Mais il est aussi juste de dire qu’à l’intérieur de ce système profondément injuste il y avait beaucoup d’hommes et de femmes qui ont profondément aimé l’Algérie, avant de devoir la quitter", a-t-il ajouté.

"Des crimes terribles ont été commis tout au long d’une guerre d’indépendance qui a fait d’innombrables victimes des deux côtés". Et "aujourd’hui, moi qui avais sept ans en 1962 (date de l’indépendance de l’Algérie, NDLR), c’est toutes les victimes que je veux honorer".

Dans son discours aux mots soigneusement pesés, Nicolas Sarkozy n’est donc pas allé jusqu’à prononcer les "excuses" que réclame une partie de la classe politique algérienne. A l’Histoire, Nicolas Sarkozy continue donc de préférer la "géographie", en rappelant qu’Algériens et Français sont "voisins".

Et si MM. Sarkozy et Bouteflika ont évoqué les questions de mémoire lors de leur premier entretien lundi, c’est "assez rapidement", selon une source française.

Le ministre algérien des Anciens Combattants Mohamed Chérif Abbas avait provoqué la semaine dernière un regain de tension entre Paris et Alger en affirmant que "si la France ne reconnaît pas les crimes qu’elle a commis en Algérie, une normalisation ou une réconciliation n’(était) pas envisageable". Il avait dénoncé dans la foulée le "lobby juif" qui aurait porté selon lui M. Sarkozy au pouvoir.

Histoire de faire oublier l’effet désastreux de ces propos, les autorités algériennes avaient mis les petits plats dans les grands lundi, avec des drapeaux français et algériens sur les principales avenues d’Alger, mais aussi des portraits d’Abelaziz Bouteflika et de Nicolas Sarkozy. Le ministre des Anciens combattants, lui, était absent de la cérémonie d’accueil du président français à l’aéroport.

Nicolas Sarkozy n’en a pas moins mis les points sur les "i" : "il n’y a rien de plus semblable à un antisémite qu’un islamophobe", a-t-il lancé. "Tous deux ont le même visage : celui de la bêtise et de la haine".

"Le racisme, l’islamophobie et l’antisémitisme ne s’expliquent pas. Ils se combattent". Et "ce qui vaut pour la France vaut partout ailleurs dans le monde", a-t-il asséné.

Mais "je suis venu en Algérie pour parler d’avenir", a assuré Nicolas Sarkozy. "Je suis venu en Algérie pour bâtir (...) entre nos deux peuples un partenariat d’exception". Et cela passe d’abord par des contrats : ceux qui seront signés mardi "s’élèvent à plus de 5 milliards d’euros", a-t-il assuré. Car "pour moi, l’amitié ne se traduit pas par des mots, par des traités ou par des discours, mais par des projets, des actes, des décisions".

Ces accords doivent porter notamment sur la reconduction des contrats gaziers pour garantir l’approvisionnement de la France jusqu’en 2019, alors que Gaz de France (GDF) doit investir un milliard de dollars (683.500 euros) sur le gisement de Touat, et Total 1,5 milliard de dollars (1,02 milliard d’euros) pour la construction d’un complexe pétrochimique à Arzew.

Par ailleurs, "nous avons décidé avec le président (Abdelaziz) Bouteflika de nous engager ensemble dans un immense chantier (...) celui de l’énergie nucléaire civile", a affirmé Nicolas Sarkozy. Un accord devra "concrétiser cette volonté" mardi.

"La France veut travailler avec l’Algérie", a affirmé le chef de l’Etat. "Je veux que la France redevienne le premier investisseur étranger en Algérie".

"Le passé, il existe. L’avenir, il est à construire. Moi je suis venu pour construire. Je ne suis pas venu pour la nostalgie", a conclu Nicolas Sarkozy.

AP

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