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USA : Bush, l’heure de la repentance ?

Publié le lundi 3 décembre 2007 à 12h35min

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Après avoir guerroyé en Irak et vitupéré contre l’Iran, la Syrie et la Corée du Nord, Bush-fils semble revenir à de meilleurs sentiments avec l’organisation d’une conférence sur la paix au Proche-Orient à Annapolis et mieux, l’annonce du doublement de l’aide américaine à la lutte contre le Sida et la pauvreté. L’heure de la repentance a-t-elle sonné pour le président américain ?

Si la conférence d’Annapolis dans le Maryland a suscité des sentiments mitigés parmi les observateurs, on ne manquera pas pour autant de féliciter le président américain pour avoir eu cette initiative de paix. Bien sûr, il s’en trouvera des esprits chagrins pour dire que Bush Junior veut sauver ainsi un mandat catastrophique au plan international, mais, ce « revivrement » du Texan n’en apparaît pas moins quelque peu surprenant.

Tenez, il n’y a guère plus de six mois, George Walker Bush enjoignait quasimen taux Palestiniens de se soumettre aux vues israéliennes sur le processus de paix, faute de quoi, le « robinet » de l’aide leur serait fermé. Dans l’intervalle, il y a, bien sûr, cette absurde guerre fraticide palestinienne qui a « ghettoisé » le Hamas à Gaza, mais dans le fond, les revendications palestiniennes n’ont guère varié. Des revendications tenant pour l’essentiel, à l’existence de deux Etats basés sur les frontières du 4 juin 1967 avec des modifications mineures et Jérusalem comme siège des deux capitales. Il y a aussi le problème des réfugiés de 1948 et les mécanismes sécuritaires prenant en compte les inquiétudes israéliennes tout en respectant la souverainété palestinienne. Et pour en revenir à Jérusalem, les quartiers seront sous l’autorité respective des deux entités qui contrôleront leurs lieux saints respectifs. Une plate-forme « explosive », si tant est qu’Israël ne veut point entendre parler d’une quelconque partition de Jérusalem, ce qui a vidé l’ordre du jour d’Annapolis des questions essentielles.

Une vacuité qui a amené la Syrie à ranger cette conférence au rayon des « plaisanteries », la question des territoires arabes occupés après la guerre de 1967 ayant été passée par pertes et profits. Or, Damas goûte mal l’occupation du Golan syrien par Tsahall et fait du retrait israélien de cette partie de son territoire, une condition sine qua non de la paix globale au Proche-Orient. « Pas question », réplique Jérusalem qui, en plus du contrôle des immenses ressources hydrauliques du Golan, a aussi une vue imprenable sur toute la région. Intérêts géostratégiques et économiques s’imbriquent donc pour faire du Golan syrien, un atout-maître. Avec les Syriens, les Saoudiens eux non plus n’ont pas apprécié cette pseudo-conférence sur la paix.

Le roi Abdallah n’a pas daigné faire le déplacement, déléguant son ministre des Affaires étrangères à cette corvée. Dans le cas saoudien, il y a non seulement les intérêts palestiens à faire prévaloir, mais aussi ceux de l’Irak, Ryad acceptant de plus en plus mal l’implantation d’un régime chiite à Bagdad. On replonge là dans le 7ème siècle arabe après la mort du prophète Mahomet et le chisme qu’elle a entrainé au sein des musulmans. Sans faire de l’histoire, il faut retenir qu’ Hussein le « prophète » des chiites avait été traité « d’hérétique » par les gardiens de l’orthodoxie musulmane, ce qui lui avait valu une mort violente. Et son obédience religieuse n’a pas trop prospéré au Proche et Moyen-Orient, (en dehors de l’Irak), ses fidèles se recrutant surtout en Perse (Iran) et plus loin, en Asie.

Bush, l’Africain

Un Irak chiite serait donc une défaite idéologique pour Ryad. Laquelle ferme les yeux sur les réseaux financiers qui soutiennent Ben Laden, préférant ainsi la peste au choléra ou l’inverse. (C’est selon). Il y a du travail pour Bush pour redorer un blason fort terni au Proche-Orient, et, il y a peu de chances qu’Annapolis l’y aide. Il en faudrait beaucoup plus, car, les conflits philosophiques ne se résolvent pas à la hussarde.
En tous les cas, le cow-boy texan pourra se consoler avec l’Afrique, lui qui par le biais de ses dollars, est en train de se tailler une belle cote de popularité sur le continent noir. Avec « son » Millenium challenge account (MCA), forme d’aide originale qui emprunte à la fois au plan Marshall et aux méthodes moins sociales du FMI, Bush veut aider réellement le continent à décoller. « J’entreprendrai une tournée africaine en 2008 », a-t-il annoncé, indiquant au passage qu’il doublerait l’aide à la lutte contre le Sida. Idem pour celle contre la pauvreté, ce qui ferait une belle cagnotte pour les Africains. Un bémol toutefois là aussi, certains voyant derrière cette générosité, AFRICOM, le commandement africain de l’armée américaine.

On sait que l’Oncle Sam cherche une base d’implantation pour cette unité, et même si certains pays tiennent la cote, rien n’est encore « clair ». Tous les pays africains au sud du Sahara sont donc l’objet d’une cour assidue avec certainement des risques majeurs pour « l’heureux » élu. Al Qaïda a, en effet, annoncé qu’il « frapperait au cœur » le pays qui accepterait d’abriter cette base. Une menace à prendre très au sérieux à l’analyse rétrospective des « actions » de la nébuleuse terroriste, sur le continent : Kenya, Somalie, Algérie...tous les pays suspectés d’accointances avec l’Occident ont subi les foudres de Ben Laden. Une autre bonne œuvre de Bush qui entraîne de ce fait, moult commentaires. « Bush veut exporter le terrorisme en Afrique, entend-on dire par certains, d’autres leur répondant en écho que « c’est déjà fait ». Voilà qui donne l’occasion de revenir sur l’inculture internationale des conseillers « néocons » du Président américain.

Des conseillers qui étaient persuadés que la campagne irakienne serait de la « mie de pain » et qu’elle entraînerait un « remodelage » en profondeur de la région. Au lieu de quoi, c’est le chaos et la désolation, ce qui donne plus de force à l’Iran dans sa quête du nucléaire. Frapper Téhéran dans cette occurrence trouble et complexe, aurait des conséquences insondables sur la recrudescence du terrorisme et sur le cours de l’or noir. L’échec entraînant la répétance pour les personnes lucides, Bush a choisi de mettre de l’eau dans son vin, afin de laisser une trace honorable dans l’histoire. Le temps lui suffira-t-il pour ce faire ? That’s the question.

Boubakar SY (magnansy@yahoo.fr)

Sidwaya

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