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Processus de paix en Côte d’Ivoire : Tagro, le nouveau mouton noir du Gbagboland ?

Publié le mercredi 28 novembre 2007 à 10h41min

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Désiré Tagro et Sidiki Konaté

S’il y a une capitale dans la sous-région où les dirigeants ivoiriens ne cessent d’aller quand le besoin se fait sentir, c’est bien Ouagadougou, où se joue en quelque sorte l’avenir de leur pays. En effet, depuis la signature de l’Accord de paix à Ouaga le 4 mars 2007, la capitale burkinabè est toujours disposée à accueillir les deux principaux ex-belligérants de la crise ivoirienne quand il y a un couac quelque part.

Le dernier en date porte sur la fameuse identification, qui doit permettre aux citoyens de Côte d’Ivoire de s’inscrire sur les listes électorales et de voter aux prochaines élections présidentielle et législatives.

C’est une étape décisive dans le processus de paix, mais aujourd’hui on est divisé sur la question de l’identification.

A l’origine du blocage qui a fait monter la tension il y a quelques jours à Ouaga, il paraît que le ministre de l’intérieur, Désiré Tagro, chef de la délégation présidentielle, veut vaille que vaille replacer l’Institut national de la statistique (INS) au cœur du processus d’identification et de confection des documents électoraux au détriment de la société française SAGEM, qui avait emporté le suffrage de toutes les parties ivoiriennes siégeant au groupe de travail sur l’identification de la population, organe mis en place par le Premier ministre Guillaume Soro.

Selon Le Nouveau Réveil, un journal proche du PDCI-RDA du président Bédié, SAGEM a été choisi parce qu’il répondait parfaitement aux exigences du cahier des charges. Le groupe a une expertise et une expérience avérée en la matière.

Il a récemment fait ses preuves au Nigeria et au Congo de sorte qu’il a été convenu de lui faire jouer le rôle principal dans la collecte des données et la préparation du nouveau fichier électoral.

Ce, d’autant que SAGEM apparaissait comme un simple technicien, un acteur neutre à la solde d’aucune tendance politique. Et tout le monde était d’accord sur le principe.

Le journal poursuit qu’au moment de se rendre à Ouaga pour formaliser cette décision consensuelle, Désiré Tagro décide d’introduire de nouveaux éléments dans le cahier des charges aux fins de faire jouer à l’INS, dirigé par le controversé Mathieu Meleu, le rôle moteur dans le processus d’identification.

Chose que refusent catégoriquement les Forces nouvelles, qui tiennent à la transparence de l’opération d’identification comme à la prunelle de leurs yeux. Elles ne comprennent pas la volte-face du camp présidentiel et l’accusent d’avoir une idée derrière la tête.

C’est donc pour une explication directe chez le médiateur, Blaise Compaoré, que le président Laurent Ggagbo et son Premier ministre, Guillaume Soro, ont séjourné pendant quelques heures hier mardi 27 novembre 2007 à Ouagadougou.

Au sortir de leur entrevue avec le Premier Burkinabè, peut-on penser que les difficultés ont été aplanies ?

Difficile de répondre à cette question quand on sait que les palinodies des hommes politiques sont souvent liées à leurs intérêts. A ce qu’on dit, tout s’est bien passé à Kossyam, où l’atmosphère était détendue. On a renoué avec le dialogue pour aboutir à un résultat.

De retour à Abidjan, regardera-t-on dans la même direction pour faire avancer le processus de paix ? Lors du gouvernement de transition en 2006, le ministre de la Justice (c’était un membre du mouvement rebelle) était accusé de préparer une fraude électorale avec la complicité des étrangers au profit de l’actuel Premier ministre.

Une méfiance qui continue aujourd’hui et que les partisans de Gbagbo redoutent. Plus que jamais, les Ivoiriens doivent s’entendre pour que la paix soit une réalité dans leur pays.

Après Lomé, Marcoussis, Accra, Pretoria, où les accords ont échoué, c’est finalement à Ouagadougou que le dialogue direct va prendre forme. On se rappelle qu’à Marcoussis, le président de l’Assemblée nationale ivoirienne Mamadou Koulibaly, avait claqué la porte, estimant qu’on faisait la force à son parti, qui avait gagné les élections en 2000. Des concessions, il ne voulait pas en entendre parler, surtout que les agresseurs étaient des rebelles qui avaient divisé le pays.

Depuis lors, celui qu’on considère comme un va-t-en-guerre semble se murer dans le silence. Il y a aussi Mme Ehivet Gbagbo, la première Dame et présidente du groupe parlementaire du FPI, dont les déclarations au temps fort de la crise suscitaient des inquiétudes.

A Ouagadougou, on découvre un autre personnage qui ne veut pas passer inaperçu dans les négociations : il s’agit de Désiré Tagro, qui avait brutalement quitté la table des négociations le vendredi 22 novembre dernier en raison d’un désaccord sur le processus d’identification. Depuis que les canons se sont tus, ce dernier envisage-t-il de devenir le nouveau mouton noir du Gbagboland ?

Ce n’est pas le moment de jouer avec le feu alors que les populations ivoiriennes ont commencé à reprendre espoir. L’Accord de Ouaga, concrétisé par la Flamme de la paix, organisée le 30 juillet dernier à Bouaké, est la preuve que la réconciliation est possible.

Maintenant que les violons sont accordés à Kossyam, c’est progressivement qu’on ira vers les élections pour savoir qui est « garçon dans ce pays ». D’ailleurs, Gbagbo ne cesse de réclamer les élections, histoire de dire qu’il en a marre de cohabiter avec des gens qui ont été les premiers à allumer la mèche en Côte d’Ivoire.

Justin Daboné

L’Observateur

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