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Danemark-Burkina : Le Danemark attend des résultats concrets en matière de bonne gouvernance et démocratisation

Publié le vendredi 23 novembre 2007 à 10h46min

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Mogens Pedersen, ambassadeur du Danemark

La coopération au développement entre le Danemark et le Burkina Faso a débuté en 1973. En 1993, le Burkina Faso a été choisi par le Danemark comme pays programme. Le Danemark est un bailleur bilatéral important au Burkina Faso avec un appui annuel de 195.000.000 couronnes danoises soit 17 milliards FCFA. La politique danoise d’aide au développement cherche à combattre la pauvreté par la promotion d’un développement durable basé sur une croissance économique favorisant les pauvres.

La participation égale des hommes et des femmes dans le processus de développement, la prise en compte des aspects environnementaux, la promotion du respect des droits de l’Homme et de la démocratisation ont une signification décisive dans la lutte contre la pauvreté et sont, de surcroît, des objectifs distincts dans le processus de développement. Les aspects genre, environnement et démocratisation sont pour cela des considérations transversales de la politique danoise de développement. L’intégrité du système danois d’aide au développement est cruciale dans la lutte contre la corruption. A cet effet, un Code de conduite anti-corruption a été mis en oeuvre afin d’assurer et de soutenir un comportement et une éthique au travail obéissant aux règles les plus strictes en matière d’intégrité personnelle et organisationnelle. La coopération danoise s’inscrit dans la vision globale du Cadre Stratégique de Lutte contre la Pauvreté (CSLP).

Zoom sur les priorités

Les priorités de la coopération burkinabè-danoise sont formulées dans la stratégie de développement de la coopération entre le Burkina Faso et le Danemark pour la période 2006-2010. Selon l’Ambassadeur Danois, SEM. Mogens Pedersen, les domaines majeurs de la coopération au développement entre le Danemark et le Burina Faso sont ceux de l’eau et de l’assainissement, de l’Agriculture, de l’Éducation, de l’Energie, de la Décentralisation. Il y a aussi les questions des droits humains, de la société civile et du VIH/SIDA. Le Danemark est reconnu pour son attachement aux valeurs démocratiques. Le pays estime que le Burkina doit encore relever de nombreux défis sur le plan de la gouvernance démocratique. Il s’agit entre autres de la lutte contre la corruption et de la lumière sur l’assassinat de Norbert Zongo.

Les 25 et 26 Septembre 2006 se sont tenues à Ouagadougou, les 14ème consultations bilatérales entre le Burkina Faso et le Royaume du Danemark. Les deux parties ont procédé au cours des consultations à la finalisation et à l’adoption de la stratégie de la Coopération au Développement entre le Burkina Faso et le Royaume de Danemark. Cette stratégie issue d’un long processus participatif, définit les principes de la coopération entre les deux pays pour la période 2006-2010 et prévoit une enveloppe d’environ 90 milliards FCFA pour cette période. Cette stratégie définit également les priorités de la coopération entre les deux pays en vue d’atteindre les objectifs du CSLP et ceux du Millénaire pour le Développement (OMD). Le Danemark reste parmi les pays qui consacrent près de 0,8% de leur PIB à l’aide au développement. Le Gouvernement danois estime que l’Afrique mérite d’être une priorité. Pour cela, 2/3 de l’aide bilatérale du Danemark sont destinés à l’Afrique. La plus grande part est consacrée aux programmes sectoriels dans 9 pays africains, appelés pays programme ou partenaires privilégiés, parmi lesquels se trouve le Burkina Faso.

La question de la décentralisation

Le Danemark soutien le processus de décentralisation au Burkina Faso depuis 1994 à travers divers appuis ponctuels. En 1998, un premier Programme d’appui à la Décentralisation au Burkina Faso a démarré pour une période de 5 ans. Une seconde phase du Programme a débuté en juin 2004, suite à la volonté politique du Burkina Faso de poursuivre le processus de décentralisation et de déconcentration. L’appui danois a comme base le Cadre Stratégique de Lutte contre la Pauvreté, notamment en son axe 4 : « promotion de la bonne gouvernance », y compris la gouvernance locale. Le budget global était d’environ 60 millions de couronnes danoises (soit environ 5.3 milliards de Fcfa) pour une période de 5 ans. L’objectif global était de « Contribuer à la mise en œuvre de la décentralisation et de la déconcentration et au renforcement de la participation populaire aux prises de décisions dans un contexte démocratique favorisant ainsi un développement local durable ».

En matière de Droits humains

Le Danemark est un partenaire de longue date du Secrétariat d’Etat puis du Ministère de la Promotion des Droits Humains. Parmi les principaux appuis à la société civile, on peut citer le soutien aux plans stratégiques du Centre pour la Gouvernance Démocratique (CGD). Cela, afin de promouvoir le dialogue démocratique, la participation égale des femmes et des hommes à la gouvernance politique, la gouvernance démocratique au niveau local.

Le Danemark soutien aussi le Centre national de Presse Norbert Zongo, afin de renforcer son rôle dans la promotion de la liberté d’expression et de la presse au Burkina et en Afrique. Le Réseau National de Lutte anti Corruption (Renlac) bénéficie également d’une assistance en vue de l’intensification de ses activités de lutte contre la corruption, le renforcement de ses capacités institutionnelles et organisationnelles ainsi que le renforcement du partenariat stratégique. Tous ces appuis sont des cofinancements en panier commun avec d’autres partenaires bilatéraux du Burkina Faso. D’autres appuis ponctuels sont fournis à des structures de la société civile intervenant dans le domaine de la Bonne Gouvernance. Pour l’Ambassadeur Pedersen, « Les droits humains et la décentralisation sont importants pour promouvoir la démocratie ».

Appui macroéconomique

Le programme d’appui macroéconomique sur la période 2005 – 2007 s’inscrit dans le cadre du projet de la nouvelle stratégie de coopération Danoise avec le Burkina Faso pour la période 2006-2010. Il est composé d’un appui budgétaire triennal non ciblé et d’appuis complémentaires visant notamment le renforcement de la gestion budgétaire, essentielle à la mise en œuvre du Cadre Stratégique de Lutte contre la Pauvreté (CSLP).L’appui budgétaire triennal repose sur deux principes directeurs. Le premier principe est de continuer à appuyer la mise en œuvre de la politique gouvernementale telle que décrite dans le CSLP.

Le deuxième principe a trait au respect des principes d’harmonisation et de coordination de l’aide extérieure contenus dans le Cadre Général d’organisation des Appuis Budgétaires en soutien à la mise en œuvre du CSLP au Burkina Faso (CGAB-CSLP) qui privilégie la coordination entre les partenaires et un dialogue régulier entre les partenaires et le Gouvernement Burkinabè. L’objectif global du programme d’appui budgétaire est de contribuer à la réduction de la pauvreté en permettant l’augmentation de la marge de manœuvre budgétaire du Gouvernement Burkinabè dans la quête de cet objectif. Les objectifs spécifiques de l’appui budgétaire sont d’une part de contribuer à la mise en œuvre des axes stratégiques du CSLP.


Les défis à relever

Au bilan, le Danemark est globalement satisfait de sa coopération avec le Burkina Faso. Mais de nombreux efforts restent toujours à fournir dans la perspective de la construction de l’Etat de droit. Ainsi, l’ambassadeur en appelle à la transparence des finances publiques, à la lutte contre la corruption… « Il y a beaucoup d’institutions mais nous attendons toujours des actions et résultats concrèts. Il n’est pas facile de continuer l’appui budgétaire si la lutte contre la corruption n’a pas de résultats concrets et si l’impunité est très prononcée dans ce domaine. » Dans la même logique, Mogens Pedersen estime également que la transparence est nécessaire pour l’efficacité de la justice. « La gestion du dossier Norbert Zongo reflète les problèmes de la justice actuelle. Le manque de transparence, d’indépendance et d’efficacité du système judiciaire amène a des multiples cas d’impunité ».

Toujours sur le plan des droits humains, le Danemark affirme qu’il faut davantage humaniser les prisons par l’amélioration des conditions de détention. En ce qui concerne la décentralisation, Mogens Pedersen attend que les partenaires burkinabè renforcent les communes afin qu’elles puissent prendre véritablement en charge le développement local. Mais les différents efforts ne devraient pas seulement se limiter aux pays bénéficiaires. Pour l’Ambassadeur Danois, les bailleurs de fonds doivent également respecter les stratégies et politiques nationales.

Arsène Flavien Bationo
Lefaso.net
Email : bationoflavien@yahoo.fr

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