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Emeutes à Dakar : Wade cherche problème là où il n’y en a pas

Publié le vendredi 23 novembre 2007 à 10h20min

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Aujourd’hui, avec ce qui arrive au Sénégal, on peut affirmer qu’Abdoulaye Wade a trouvé ce qu’il cherchait : le désordre. Quand on embastille les journalistes à tour de bras, supprime brutalement le Sénat et le fait renaître de ses cendres quelque temps après, quand on veut réduire la durée du mandat du président de l’Assemblée de cinq à un an, ponctionner le salaire des fonctionnaires sans crier gare, quand on veut imposer vaille que vaille son rejeton parce que ce dernier a eu seulement le mérite de naître avec une cuillère d’argent dans la bouche, le pire ne peut qu’arriver.

C’est un peu la loi du Karma, chère aux bouddhistes et pourquoi pas, pour faire plus concret, le principe de Lavoisier, qui dit que rien ne se crée, rien ne se perd, tout se transforme. Et cette transformation ne fait pas honneur à ce pays considéré comme un phare de la démocratie en Afrique.

L’interdiction il y a une semaine par les autorités, sur ordre du chef de l’Etat, de tout commerce informel sur les trottoirs de la capitale sénégalaise a mis le feu aux poudres dans un pays où le secteur informel génère la quasi-totalité des emplois. Mercredi passé, plusieurs centaines de vendeurs ambulants, qui réclament la possibilité de faire leur commerce dans la rue, rejoints par de jeunes gens, ont violemment protesté dans le centre de Dakar contre cette interdiction, laquelle les prive de tout revenu.

Les commerçants mécontents ont d’abord allumé des feux à l’aide de pneus, de poubelles et d’étals en bois à des carrefours du quartier administratif du Plateau, autour du grand marché de Sandaga, rendant la circulation automobile quasi impossible. Plusieurs véhicules ont été endommagés.

Des protestations similaires ont eu lieu dans le quartier populaire de la Médina, près du Plateau, où la situation a rapidement dégénéré. Les vitres de la mairie de la Médina ont été brisées à coups de pierres. Un véhicule municipal a été incendié et un autre caillassé. Selon certaines sources concordantes, des manifestations du genre ont eu lieu à l’intérieur du pays.

Bien avant ces manifestations, dix-huit syndicats sur les dix-neuf que compte le Sénégal avaient appelé à une journée d’action nationale afin de protester contre la flambée des prix, provoquée, selon eux, par la politique économique et le train de vie de l’Etat. Les autorités avaient d’ores et déjà interdit cette manifestation. Mais les petits commerçants qui ne s’entourent pas de beaucoup de paperasseries pour dire non semblent avoir pris les devants.

En effet, il y a belle lurette que les syndicats décident de marcher. Et ça fait longtemps aussi qu’on voit ce genre de casses dans la capitale du pays de la Teranga. Mais de par ses agissements, le chantre du Sopi doit en porter l’entière responsabilité. Si fait que beaucoup de Sénégalais se mettent aujourd’hui à regretter Diouf et même Senghor, que le même Wade aimait railler en disant que ce n’est pas avec de la grammaire que l’on construit un pays.

Avouons que le papa de Karim en fait quand même trop. On peut bien vouloir faire la propreté dans l’espoir que les hôtes de l’Organisation de la conférence islamique (OCI) apprécient cela à leur arrivée au pays. Cependant, il ne devrait pas oublier que Sandaga, c’est quand même toujours Sandaga. C’est-à-dire un effervescent marché que pas seulement les boutiquiers qui ont des étals réglementaires animent. Bien au contraire ! Et un marché, ce n’est tout de même pas une alimentation, où tous les produits sont étiquetés et soigneusement rangés !

Et dans un pays où c’est le secteur informel qui génère l’essentiel des ressources, il faut faire dans la dentelle. Et ce n’est pas à un moment où tous les nerfs sont à vif qu’il faut entreprendre de telles initiatives. Aux dernières nouvelles, des mesures d’apaisement ont été prises par le gouvernement. Encore une autre reculade du président sénégalais. Or de reculade en reculade, il y a de fortes chances que l’octogénaire Wade, qui à n’a plus le dos de ses 20 ans, fasse un jour une de ces roulades dont il se relèvera difficilement.

Issa K. Barry

L’Observateur Paalga

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