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Burkina Faso-Niger : Recherche d’un consensus dans la gestion des problèmes frontaliers

Publié le vendredi 23 novembre 2007 à 10h22min

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Des délégations du Burkina Faso et du Niger se sont rencontrées le 22 novembre 2007 à Ouagadougou pour échanger sur les questions relatives à la gestion des zones frontalières communes aux deux pays.

Une délégation du Niger conduite par le ministre d’Etat, ministre de l’Intérieur, de la Sécurité publique et de la Décentralisation, Albadé Abouba, a séjourné à Ouagadougou le 22 novembre 2007 dans le cadre d’une séance de travail portant sur la gestion des zones frontalières.
La cérémonie d’ouverture de cette rencontre a été coprésidée par celui-ci et le ministre burkinabè de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, Pendwendé Clément Sawadogo en présence de quelques membres du gouvernement burkinabè. Une « rencontre de famille » arbitrairement séparée par la frontière imposée par le colonisateur, selon le ministre Sawadogo, qui a eu pour tâche de trouver des propositions de solutions aux difficultés de cohabitation des populations des localités de ces zones.

La gestion des problèmes frontaliers est une question déliquate qui suscite le plus souvent des passions, à en croire le ministre en charge de l’Administration du territoire. Aussi a-t-il soutenu, faute de ne pouvoir les régler chaque fois sur le terrain, les autorités doivent toujours rechercher dans le dialogue et la concertation, les solutions y relatives afin de les prévenir et de les éviter. Cette rencontre vient donc à point nommé, de l’avis du ministre Clément Sawadogo, car elle va permettre, en attendant l’adoption définitive du tracé de la frontière, de faire des propositions concrètes de gestion pacifique et concertée des questions transfrontalières pour aplanir les difficultés de cohabitation pacifique qui surgissent parfois entre les populations et les administrations locales.

Et pour le ministre d’Etat nigérien, ministre de l’Intérieur, de la Sécurité publique et de la Décentralisation, ces difficultés sont nées des incursions fréquentes de part et d’autre des autorités locales, des éléments des forces de défense et de sécurité, dans le cadre de l’accomplissement de certaines de leurs missions (animation locale, perception des taxes et impôts, préservation de la sécurité, réalisation d’infrastructures socioéconomiques...) « A cet égard, la présente rencontre de Ouagadougou est à saluer car elle nous offre opportunément un espace approprié de concertation, d’échange et de discussion autour de tous les problèmes qui se posent justement à l’administration de notre zone frontalière... », a dit pour sa part, le ministre Albadé Abouba. Et celui-ci d’ajouter : « En attendant l’issue heureuse de l’arbitrage de la Cour internationale de justice, il importe d’observer le statu quo qui nous semble l’approche la plus sage, la plus raisonnable et la plus judicieuse pour assurer de façon concertée et consensuelle, l’administration de notre zone frontalière en général et ses parties litigieuses, en particulier... ».
C’est du reste selon lui, ce que proposaient les conclusions de la grande Commission mixte de coopération Burkina Faso-Niger tenue les 13 et 14 mars 2007 à Ouagadougou.

A en croire les deux ministres, la volonté de parvenir à un consensus dans la gestion des problèmes frontaliers a amené les deux pays à mettre en place en mars 1987, une commission mixte technique de matérialisation de la frontière. Les deux chefs de délégation reconnaissent que cette commission a fait un travail remarquable. Elle a posé 20 bornes sur 45 prévues initialement, selon le ministre burkinabè, tandis que son collègue nigérien parle de 42 bornes (?).
Malheureusement, soulignent-ils, l’imprécision des documents coloniaux a crée des divergences de points de vue, contraignant la commission à suspendre les travaux.
C’est ce qui a conduit les deux Etats à soumettre la question pour arbitrage à la Cour internationale de justice (CIJ) de La Haye au Pays-Bas.

Mais pour le ministre burkinabè, ce blocage est loin d’être « un échec ou la traduction d’une mauvaise volonté quelconque » d’une des parties. « Elle est plutôt la manifestation des difficultés que rencontrent aujourd’hui les Etats modernes africains à matérialiser des frontières héritées du colonisateur qui les avait érigées sur la base de ses intérêts propres... », a soutenu le ministre Sawadogo.
Le ministre nigérien pour sa part, a affirmé que les deux chefs d’Etat ont clairement indiqué la voie à suivre en soumettant leur différend à la CIJ. Celle de la responsabilité et de la sagesse qui doit désormais guider leurs actions.

« C’est avec cet état d’esprit que nous abordons cette rencontre, et je sais, Monsieur le ministre, que les mêmes prédispositions d’esprit vous animent pour qu’ensemble, au sortir de nos échanges et discussions, nous dégagions des recommandations susceptibles de conforter la haute décision d’Etat. D’ores et déjà, nos autorités administratives, de part et d’autre de la frontière, doivent adopter des comportements et poser des actes qui créent et favorisent les conditions de paix et de quiétude sociale nécessaires dans notre zone frontalière... », a relevé le ministre Albadé Abouba. Une conviction que partage son homologue burkinabè qui a soutenu que les deux parties ont l’obligation de trouver des solutions en attendant l’aboutissement du contentieux juridique frontalier devant la CIJ. Des solutions que le ministre Sawadogo souhaite immédiatement applicables pour le grand bonheur des populations vivant dans ces zones frontalières communes aux deux pays.

Etienne NASSA
paratena@yahoo.fr

Sidwaya

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