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Crise à l’ASECNA : Les travailleurs invitentà la responsabilité

Publié le mercredi 21 novembre 2007 à 17h13min

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Suite à la crise que connaît actuellement l’Agence pour la sécurité de la navigation aérienne en Afrique et à Madagascar (ASECNA), le Bureau du collectif des représentants des travailleurs de ladite agence en appelle à la réflexion et à la responsabilité. Nous vous laissons découvrir l’intégralité de la déclaration des travailleurs.

L’Agence pour la sécurité de la navigation aérienne en Afrique et à Madagascar (ASECNA), l’un des rares établissements qui a pu survivre de la balkanisation de l’Afrique, vit depuis quelques jours une situation inédite qui appelle réflexion et responsabilité, d’autant plus que celle-ci risque d’affecter sa vie et son avenir.

En effet, Madagascar, un de ses membres fondateurs, préoccupé, à en croire certaines autorités de la grande île, par la recapitalisation de la compagnie nationale de transport aérien et le financement des aéroports, a déposé le 18 octobre 2007 auprès de l’Etat du Sénégal, dépositaire de la Convention de Dakar du 25 Octobre 1974 portant création de l’ASECNA, un préavis de son retrait de l’Agence.

Le gouvernement de la République du Sénégal lui-même qui abrite le siège de l’ASECNA, s’exprimant le 30 octobre 2007 dans un point de presse organisé par Monsieur Farba Senghor, ministres des Transports terrestres et des transports aériens, parlant, entre autres, de la reprise par l’Etat sénégalais de la compagnie Air Sénégal,
- « a décidé de reprendre la gestion technique et commerciale de l’aéroport de Dakar et des aérodromes nationaux" et de dénoncer le contrat particulier le liant depuis le 7 décembre 1987 à l’ASECNA, relatif à la gestion des activités aéronautiques nationales (Article 10) ;
- exige une "répartition équitable des ressources provenant de la gestion de l’espace aérien sénégalais et de la FIR océanique", par "une nouvelle clé de répartition plus équitable qui permettra au Trésor public d’accéder directement aux ressources générées par la gestion par l’ASECNA" de l’espace aérien sénégalais.

L’Etat sénégalais annonce ces jours-ci, à l’occasion de rencontres d’une part, entre le président Wade et le directeur général de l’ASECNA et d’autre part. entre le ministre des Transports aériens et des syndicats des travailleurs sénégalais, son désir de quitter l’Agence malgré sa proclamation du 30 octobre 2007 "de poursuivre son partenariat avec l’ASECNA ",
La réaction des travailleurs sénégalais ne s’est pas fait attendre : ils viennent de se mettre en grève, paralysant ainsi l’aéroport de Dakar la nuit du 14 au 15 novembre 2007.

Des décisions troublantes et contraires aux valeurs et principes de solidarité

Ces décisions de Madagascar et de l’Etat sénégalais, s’expriment en des termes contraires à ceux de solidarité, de mise en commun des valeurs de tous les Etats membres et de gestion en commun des menaces et faiblesses de chacun qui ont prévalu à la création de l’Agence.
De même les positions actuelles de Madagascar et du Sénégal ne partagent pas les préoccupations de la communauté internationale de l’aviation civile s’exprimant à travers la Convention de Chicago signée le 7 décembre 1944 afin que les services internationaux de transport aérien puissent être établis sur la base de l’égalité des chances et exploités d’une manière saine et économique.

Du reste, elles ne s’inscrivent pas dans les tendances aux regroupement mondial des fournisseurs des services ATS dont l’ASECNA est un précurseur et un exemple cité en référence.
Enfin, elles restent sourdes à l’appel de la 36e Assemblée de l’OACI qui "prie instamment les Etats contractant de veiller à ce que les redevances d’aéroports et services de navigation aérienne ne servent qu’à recouvrer les coûts de la fourniture de services à l’aviation civile et de la mise à disposition d’installation" (Réf Doc 9082 de l’OACI. art 15 de la Convention de Chicago)
En tout cas, l’annonce du retrait de Madagascar a attristé l’ensemble du personnel de l’ASECNA et par la suite celui du Sénégal, "gardien du temple ». servi à travers un matraquage médiatique incompréhensible, qui l’a profondément bouleversé.

La France, Etat membre tutélaire de l’ASECNA, reste muette. Mais son engagement ardent pour !a révision de la Convention de Dakar suscite des interrogations.

Révision de la Convention de Dakar : risque d’implosion de l’ASECNA.

En effet, le projet de révision de la Convention de Dakar a introduit des innovations inopportunes, non économiques et absurdes sur le plan exploitation, en particulier en ce qui concerne les nouveaux principes de gestion des activités aéronautiques nationales, objet de l’Article 10 de la Convention et relatives à la gestion commerciale des aéroports, aux services météorologiques nationaux et à la navigation aérienne des aérodromes secondaires Cette situation pourrait par analogie avec la révision de !a Convention d’Air Afrique, constituer un risque de discorde interne et d’implosion.
Les Etats doivent donc arrêter le processus pour se remémorer des valeurs qui ont suscité leur forte volonté de mise en commun de leurs ressources afin d’assurer solidairement la mission de sécurité de la navigation aérienne en Afrique et à Madagascar.
Après la mort préméditée de !a Compagnie aérienne Air Afrique par ses propres contractants, nous assistons certainement aujourd’hui à des faits qui, objectivement, peuvent si on n’y prend garde, provoquer le démantèlement de notre bel instrument d’intégration nécessaire dans le monde aéronautique sur le continent africain.

Faire échec aux auteurs des tentatives du démantèlement de l’ASECNA.

Dans ce nouveau contexte, la position du bureau du Collectif des représentants des travailleurs de l’ASECNA est sans ambiguïté il faut faire échec aux auteurs inconscients ou non du démantèlement de l’ASECNA et tout mettre en œuvre pour dèfendre notre outil de travail.

Pour ce faire, le bureau du collectif des représentants des travailleurs de l’ASECNA.

1- lance un appel aux gouvernements des Etats africains membres de l’ASECNA, à plus de responsabilité et de mesure, afin d’éviter de liquider l’un des rares symboles existants encore, de l’intégration africaine regroupant des Etats francophones et lusophones de l’Afrique de l’Ouest, de l’Afrique centrale et de l’Océan lndien : ce qui suppose une meilleure instruction et un meilleur suivi des dossiers de l’Agence dans les Etats. Ce qui permettra sans nul doute aux techniciens émérites de l’ASECNA de continuer a fournir un service de sécurité de la navigation aérienne de qualité et en toute quiétude ;

2- invite particulièrement les chefs d’Etat africains membres de l’ASECNA à se concerter dans les tous prochains jours qui suivent pour ramener à la raison leurs pairs de Madagascar et du Sénégal, afin de préserver un ciel africain plus sûr ;

3- demande à l’ensemble du personnel de rester serein, uni et combatif : des actions concertées doivent suivre incessamment la courageuse lutte des syndicats de l’ASECNA au Sénégal et des intellectuels sénégalais afin que l’ensemble du personnel fasse échec aux décisions gouvernementales hasardeuses.

Ces actions doivent notamment viserà exiger

1- l’arrêt de la révision-refonte de la Convention de Dakar même si certains concepts telles la Coordination de la réglementation et la supervision de la sécurité devraient faire l’objet de dispositions statutaires

2- la recherche, en lieu et place de ces réformes statutaires non convaincantes des aménagements administratifs nécessaires par la prise de résolutions modificatives, pour un meilleur management devant mettre fin aux nombreuses décisions incohérentes ;

3- la prise de décisions éclairées, notamment en ce qui concerne la transparence dans la gestion, l’expertise et la qualité dans l’exploitation, la valorisation des ressources humaines pour une meilleure rentabilité des investissements importants réalisés par l’ASECNA.

Fait à Dakar, te 15 novembre 2007

Emmanuel Gustave COMPAORE
ASECNA Aéroport Ouagadougou
01 BP 75 Ouagadougou 01

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