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Onatel : La grogne des cadres burkinabè

Publié le mardi 20 novembre 2007 à 13h01min

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Les travailleurs de l’Office national de télécommunication (ONATEL) expriment leurs désaccords avec la nouvelle direction. A l’appel de leur syndicat, le SYNATEL, ils ont observé un arrêt de travail le 25 octobre dernier. Ce sit-in de plusieurs heures est une expression de leur mécontentement, résultat d’un mépris de la part de la direction, pour l’essentiel composée de Marocains.

Les travailleurs dénoncent la détérioration non seulement de leur condition de travail, mais aussi de leurs rapports avec le directeur général. Ils disent ne pas être contre Maroc Telecom, même s’ils n’étaient pas pour la privatisation. Preuves à l’appui, ils ont démontré que cette mesure n’était pas nécessaire pour une société qui marche. Des propositions ont été faites au gouvernement pour éviter que l’ONATEL, même privatisé, reste toujours performante pour l’intérêt des populations. Ont-ils été compris ou l’Etat avait-il seulement hâte d’empocher les 144 milliards ? C’est la question qu’ils se posent.

Pour Valentin Sawadogo, secrétaire général du SYNATEL : "Maintenant que la privatisation est une réalité, il faut la réussir ". Il estime que cette réussite passe par une implication des cadres locaux au sein des instances de décision de l’entreprise. Il constate que présentement, aucun cadre burkinabè n’est associé à la prise de décisions. Dans ces conditions, les locaux ne sont que des agents d’exécution. Les décisions ne sont prises que par le directeur général et ses compatriotes considèrés comme de super experts.

Cependant, la pratique montre qu’ils n’ont pas ces compétences. Pour le SYNATEL, certains ne sont venus que pour se former. L’un des arguments avancés par le gouvernement pour justifier la privatisation de l’ONATEL était que Maroc Telecom apporterait une expertise pour renforcer le dynamisme de la structure. Or, dans ce domaine, ce sont les nationaux qui enseigneraient les " experts " marocains sur toute la ligne.

Autre point relevé par le SYNATEL, c’est la nécessité d’un diagnostic des besoins de l’entreprise avant toute demande d’une expertise extérieure. En cas de manque de compétences locales, on pourrait ainsi faire appel à un expatrié. Le syndicat remarque qu’aucun diagnostic n’a été fait pour dégager les besoins et pire, le travail de ces experts n’est pas évalué. L’ONATEL dispose de ressources humaines qualifiées qui font leurs preuves. Ce serait donc une discrimination injustifiable qui a vu jour dans la société.

Aussi, les textes toujours en vigueur précisent que seul le directeur général a droit à un véhicule de fonction. Les responsables de service n’ont droit qu’à un véhicule de service. Ce qui n’est pas le cas actuellement. Huit (8) Marocains sur neuf (9) sont nommés à des postes de responsabilité et disposent chacun d’un véhicule de fonction. Mais au-delà de ces injustices dénoncées par les cadres burkinabè, c’est la question de la grille salariale qui a entraîné l’arrêt de travail le 25 octobre dernier. Ce sujet est tabou pour le directeur général. A toutes les rencontres avec les travailleurs, celui-ci n’a jamais voulu se prononcer sur la question.

La correction des incohérences de la grille salariale est un projet datant de 1989. La correction a été effective après plusieurs négociations avec le gouvernement. Mais le projet sera mis en veilleuse du fait de la privatisation. Il appartenait, selon le gouvernement, à la nouvelle direction d’échanger avec le syndicat pour son application. Le Budget 2008 est en élaboration et la question de la grille salariale n’a pas été abordée, selon les travailleurs. C’est dire tacitement que leurs préoccupations ne seront pas prises en compte dans le budget exercice 2008.

Le sit-in était un avertissement avant la rencontre du 6 novembre. Le syndicat prévoit d’autres mouvements de protestations si la direction ne donne pas satisfaction à sa requête. Le SYNATEL dit qu’il entend attirer l’attention de l’opinion nationale sur la " gestion mafieuse " de la société. La lutte va au-delà de leur plateforme revendicative. Il s’agit, selon ce syndicat, de la défense des intérêts nationaux qui passe par l’implication des travailleurs dans les instances de décisions pour éviter toute surprise désagréable.

Abdoul Razac Napon

L’Evénement

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