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Développement : Et si nous apprenions à compter sur nous-mêmes ?

Publié le jeudi 15 novembre 2007 à 13h55min

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Pour l’auteur de ces lignes, le Burkina peut promouvoir un développement endogène à partir de ses réalités économiques. Il s’agit surtout d’une question de révolution des mentalités

"Tout peuple aspire au bonheur, au mieux-être. Il ne peut y parvenir ex nihilo. Il lui revient alors de créer les conditions à cet effet. Aussi, à y voir de près, les pays africains sont ceux-là mêmes qui passent tout leur temps à se plaindre de leur situation et à rejeter la faute sur les autres. Même s’ils n’ont pas tort sur toute la ligne, que font-ils alors pour sortir de cet état de misère et du sous- développement sous lesquels ils ploient depuis plusieurs décennies ? Il faut que nous, Africains, nous rendions à l’évidence : aucun pays, fût-il « charitable », ne viendra assurer le développement à notre place. C’est dire que les initiatives doivent venir de nous-mêmes, au regard des potentialités dont dispose le continent.

Nous illustrerons notre pensée en nous appesantissant sur le Burkina Faso, en certains de ses domaines, auxquels nous proposerons un plaidoyer.

On le voit, même s’il est moins nanti en ressources naturelles, le Burkina Faso n’en n’est pas moins riche en ressources humaines. Cette assertion tient au courage et à la qualité de grand travailleur qu’on reconnaît au Burkinabè. Et cela, dans tous les domaines. Comment notre pays exploite- t-il cette ressource capitale pour son développement ? Des pays d’autres continents ont mis à profit cette richesse qu’est la ressource humaine et connaissent à ce jour un développement remarquable. Pourquoi ne pas nous inspirer de leur exemple ?

Et pour ce faire, il conviendra, de la part de nos autorités, d’apporter à cette ressource tout l’encadrement dont elle a besoin. Cela passe, entre autres, par la formation à tous les niveaux. Si déjà des efforts sont faits pour relever le taux de scolarisation, il convient d’attirer l’attention des autorités afin que l’accent soit davantage mis sur la qualité de cette formation. En outre, pourquoi ne pas envisager, à l’avenir, d’allier formation théorique et pratique, toute chose qui permettra aux apprenants, à la fin de leur formation, de savoir se débrouiller avec leurs « dix doigts » ?

Il convient également d’intensifier l’alphabétisation pour permettre aux populations non scolarisées d’avoir un minimum d’instruction. Cela a l’avantage de les aider dans les activités qu’elles mènent.

L’Etat et certaines institutions devraient encourager tous ceux qui ont les aptitudes pour faire des formations de haut niveau et de la recherche en mettant à leur disposition les ressources nécessaires. Il s’agira, à terme, de permettre l’émergence d’une expertise nationale dans tous les domaines d’activités. Et ainsi mettre fin aux égoïsmes qui consistent pour certains à œuvrer pour demeurer uniques dans leur domaine de

compétence. Tous ces diplômés ne sont pas appelés à être forcément embauchés par la Fonction Publique, mais pourraient s’auto-employer et, pourquoi pas, à leur tour embaucher d’autres Burkinabè. Certains pourraient même faire valoir leur expertise dans

d’autres pays. Loin de nous toutefois l’idée d’encourager la fuite de nos cerveaux vers d’autres cieux.

Créer des richesses nationales

Par ailleurs, l’Etat pourrait créer une structure de veille à même de « placer » nos compatriotes dans les institutions internationales. Et cela, sans considérations politiques ou politiciennes mais seulement sur la base de la compétence.

N’est-ce pas ces mêmes cadres qui sont appelés, par leur expertise, à réfléchir aux mécanismes de création de richesses et du bien-être dans notre pays et non ceux venus d’ailleurs ? A ce propos, un paysan disait récemment à une mission de la Sofitex venue les rencontrer : « Vous, les fonctionnaires là, votre salaire ne diminue

jamais, au contraire il augmente. Comment se fait-il que ce soit nous qui devions subir d’année en année la chute des prix de nos produits ? D’ailleurs, si nous vous avons mis à l’école, c’est pour qu’un jour vous nous aidiez par vos idées à nous épanouir et à profiter des fruits de nos efforts. » Pouvait-il en être autrement ?

La réalité est là, implacable : le prix du coton connaît une chute d’année en année, malgré la volonté affichée des premiers responsables des pays producteurs. Mais hélas, que pouvons-nous faire face aux subventions accordées par les pays développés à leurs coton- culteurs ? Car malgré les dénonciations faites, même devant l’Organisation mondiale du commerce, les choses ne semblent pas bouger.

Aussi est-il heureux de savoir que le Burkina envisage dorénavant de transformer son coton plutôt que de l’exporter à l’état brut. C’est une bonne idée, mais encore faut-il que nous apprenions et encouragions également nos compatriotes à consommer ce qui vient de chez nous. En la matière, la période révolutionnaire pourrait servir de référence. Il s’agira, par exemple, d’instaurer le port du Faso Dan Fani, fait à base de coton, dans nos habitudes vestimentaires. Sur ce plan, nous nous réjouissons de constater que bien des personnes et des personnalités, pas des moindres, s’ adonnent de plus en plus à cette habitude vestimentaire. Et cela mérite d’être encouragé. Il y a aussi des pratiques encourageantes dans nos établissements d’enseignement avec « les journées de l’habit traditionnel ».

Partant, certaines sorties de promotion ne pourraient-elles pas leur emboîter le pas ? Au lieu d’opter pour les costumes (nous ne sommes pas contre), ils pourraient s’engager pour le port du Faso Dan Fani ou d’autres tenues made in Burkina. Il y a lieu aussi d’inciter nos mères et nos sœurs à s’habiller avec les pagnes FASOTEX. Non seulement c’est notre culture qui est valorisée, mais également, au plan économique, cela permettra à ceux ou celles qui s’adonnent aux activités liées au coton de vivre décemment de leur métier.

Dans le même ordre d’idées, il convient d’intéresser nos compatriotes à la consommation, de plus en plus, des produits alimentaires locaux. Notre pays produit diverses cultures vivrières : en consommer peut être un apport pour notre économie en même temps que cela permet de varier notre ration alimentaire.

Pour ce faire, l’Etat devra créer les infrastructures routières permettant aux producteurs d’écouler convenablement leurs produits. Car il serait anormal que des denrées périssent dans certaines localités, faute d’infrastructures pour l’écoulement, alors que d’autres zones en ont besoin. Les différents secteurs méritent d’être organisés afin de permettre aux producteurs de tirer profit des fruits de leurs efforts.

Avec l’imminente signature des APE pour la fin de cette année, ne serait-il pas envisageable que nous fassions de plus en plus bloc autour de nos sources d’économie ?"

Raogo Ouédraogo

Le pays

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