LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Soyez un repère de qualité. Certaines personnes ne sont pas habituées à un environnement où on s’attend à l’excellence.” Steve jobs

Afrique de l’Ouest : Le Blaiso et ses Etats satellites

Publié le mardi 13 novembre 2007 à 11h08min

PARTAGER :                          

Le principal reproche fait au pays des Hommes intègres, par le passé, était que le Faso était quasi invisible dans la sphère des nations qui comptent. A voir la nouvelle donne, tout cela relève d’un vieux souvenir. Il y a belle lurette en effet que le Burkina s’est créé des Etats « satellites » qui semblent lui obéir à la lettre.

Pour s’en convaincre, il suffit d’observer l’interminable ballet diplomatique qui se déroule à Ouagadougou. Il se passe rarement un jour sans que l’homme fort de Kosyam n’accorde des audiences à des personnalités de la sous-région venues chercher conseil auprès du docteur Honoris Causa. Avec l’allure prise par les sollicitations, on peut affirmer sans risque de se tromper que le chef de l’Etat burkinabè dispose d’une cour de serviteurs dont les dimensions transcendent nos frontières.

Il y a de cela quelques semaines seulement, les frères Gnassingbé, qui étaient au bord de la rupture familiale, ont accouru à Ouagadougou. L’enfant terrible de Ziniaré a effectivement trouvé les mots justes pour faire entendre raison aux parties en présence. Faure Gnassingbé et son frère de sang ont depuis lors fumé le calumet de la paix. Au même moment, les leaders politiques du Togo ont défilé à Ouagadougou pour avoir la conduite à tenir afin que leur processus démocratique puisse se poursuivre sans trop d’accroc.

Et pour davantage confirmer qu’il veut être le seul capitaine à bord du bateau ouest-africain, Blaise Compaoré a fait nommer ses représentants personnels au Togo et en Côte-d’Ivoire. Ces nominations ne sont pas sans rappeler la pratique du colon français vis-à-vis de ses territoires ! On se rappelle que le Nassara avait alors les gouverneurs de colonie qui étaient ses yeux et ses oreilles. A quelques petites nuances près, Moumouni Fabré au Togo et Boureima Badini au bord de la lacune Ebrié joueront le rôle de ces gouverneurs du temps colonial. Comme pour corroborer cette assertion, au Togo, c’est l’intervention du Représentant spécial du président du Faso qui a permis aux élections législatives du 14 octobre dernier d’éviter la dérive.

C’est en effet Moumouni Fabré qui a joué des pieds et des mains pour résoudre la délicate question de timbres dans certains bureaux de vote. Tout laisse à penser également que le chef de l’Etat burkinabè prendra une part déterminante dans le processus électoral de la Côte-d’Ivoire. Dans tous les cas, le retour progressif à la paix définitive est son œuvre, à travers l’accord politique de Ouagadougou. C’est quand il a décidé que la récréation était terminée que les frères ennemis ont enfin formé un gouvernement solide. Depuis, c’est l’apaisement, et la Côte-d’Ivoire a des raisons d’espérer une réelle sortie de crise.

L’homme de la « renaissance démocratique » burkinabè est assurément à la tête d’un royaume dont les frontières s’élargissent chaque jour un peu plus. Pour ôter le doute dans l’esprit de ceux qui veulent jouer les saint Thomas, il a exporté les festivités des vingt ans de son naam. Ainsi, après avoir fait le show dans les principales villes du Faso, c’est la « province » du Bénin qui a accueilli le bouquet final. Les Béninois n’ont pas trouvé à redire dans l’exportation d’une affaire pourtant purement burkinabo-burkinabè. Mais Yayi Boni pouvait-il faire autrement, lui qui a fait défiler des délégations officielles et officieuses à Ouagadougou pour montrer patte blanche dans les récentes gesticulations de IB, le rebelle ivoirien qui refuse de rentrer dans les rangs. On le voit donc, Compaoré cerne l’Ouest-africain en chef incontesté.

Adam Igor

Journal du jeudi

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique