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Arche de Zoé : Un remake de l’affaire des infirmières bulgares ?

Publié le mercredi 31 octobre 2007 à 07h15min

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Neuf Français et sept Espagnols accusés par le Tchad d’enlèvement de 81 garçons et 22 fillettes dont l’âge varie entre 1 et 10 ans. Ainsi se résume l’affaire "Arche de Zoé", du nom de cette ONG française qui, sous le couvert de l’humanitaire, s’apprêtait à faire quitter le Tchad à 103 enfants que les membres de l’Association ont déclarés comme orphelins de père et de mère et venant du Darfour.

"Les Français ont tenté de voler nos enfants", a signifié, en colère, une assistante sociale tchadienne. Ses propos seront confirmés par Eric Chevalier, conseiller spécial du Quai d’Orsay pour qui les enfants que cherchait à faire venir en France l’Arche de Zoé sont en majorité "Tchadiens, de parents tchadiens". La polémique continue donc de faire rage à Abéché dans l’est du Tchad où ont été inculpés les neuf Français pour enlèvement de mineurs en vue de compromettre leur état civil et pour escroquerie, et les sept membres d’équipage espagnols pour complicité.

Avec en tête Idriss Itno Déby, le chef de l’Etat, toute la nation tchadienne pointe un doigt accusateur vers la France : "Le gouvernement français savait, les militaires français savaient, ils sont tous complices", a martelé l’assistante sociale sus-citée. Alors que Madrid demande pour ses ressortissants le respect de la présomption d’innocence, Paris, par la voix de son ambassadeur à N’Djaména, a affirmé que les membres de l’Arche de Zoé seraient jugés au Tchad. Les compatriotes encourent, selon la loi tchadienne, les travaux forcés pour enlèvement et recel d’enfants.

Tout le monde ou presque semble se désolidariser des "pestiférés" d’Abéché qui voient de plus en plus l’étau se resserrer autour d’eux. Sûr de son affaire, Idriss Itno Déby a mis la barre très haut et, à l’instar du colonel Kadhafi, il est en train de mettre en place le décor du feuilleton politico-judiciaire des infirmières bulgares. En effet, le voisin libyen de Déby avait, lui aussi, longtemps défié la communauté internationale avec cette affaire d’enfants, encore des enfants, à qui les infirmières bulgares auraient volontairement inoculé le virus du Sida. Et comme dans le cas des infirmières bulgares, les "pseudo-humanitaires" français se retrouvent coincés dans le désert tchadien, les autorités françaises écartant pour l’heure toute possibilité d’extradition vers la France. Exploitant à fond cette situation, Idriss Itno Déby surfe sur cet incident malheureux pour se redonner une popularité à l’intérieur de son pays où l’émotion est forcément à son comble : n’oublions pas qu’il s’agit d’enfants. On le voit, l’homme fort de N’Djaména, entend saisir la balle au bond. Sur le plan international aussi, cette affaire d’enlèvement d’enfants est une cause qui fédère ; c’est du pain bénit pour Déby qui entend visiblement faire de la récupération politique digne de celle opérée par le guide libyen.

Qu’en sera-t-il du déploiement des troupes pour la paix au Tchad préconisé par l’Union européenne et sur lequel N’Djaména avait émis des réserves ? L’affaire de l’Arche de Zoé risque d’être avancée par Déby pour gagner du temps ou pour justifier son refus.

Plutôt que de s’impliquer ouvertement dans le débat, Bernard Kouchner, le ministre français des Affaires étrangères, s’est, pour l’instant, contenté de manifester son désaccord avec la vision de l’humanitaire que développe Arche de Zoé. Comme dans l’affaire des infirmières bulgares, ce n’est point le "french doctor" qui est allé au Tchad mais Rama Yade. Placée en première ligne, la secrétaire d’Etat française se démène dans le désert tchadien pour essayer de déculpabiliser ses compatriotes.

Il urge de mettre définitivement de l’ordre dans cette région où les attaques de rebelles à la frontière tchado-soudanaise et surtout le conflit au Darfour créent un chaos indescriptible. Comme toujours et comme du temps de l’esclavage, ce sont les Africains qui sont à l’origine de leurs propres malheurs. Ce sont eux qui se font la guerre ; ce sont eux qui tuent leurs semblables ; ce sont eux qui violent les femmes et ce sont encore eux qui livrent leurs propres enfants. Comment, dans ce cas, comprendre qu’ils soient toujours prompts à imputer les malheurs du continent à l’Occident ?

En tous les cas, l’affaire "Arche de Zoé" constitue une prétendue opération de sauvetage pour des individus aux desseins machiavéliques qui se drapent du manteau du bon Samaritain pour s’adonner à toutes sortes de trafics, même les plus abjects.

Le Pays

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