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Carte de séjour en Côte d’Ivoire : Gbagbo veut supprimer ce que qu’ADO avait institué

Publié le mardi 30 octobre 2007 à 07h17min

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En 1989, la Côte d’Ivoire connaissait une crise économique. Pour faire face à la situation, le président Félix Houphouët-Boigny a alors fait appel à un économiste qui a occupé des postes au Fonds monétaire international (FMI) et à la BCEAO, en l’occurrence le "Voltaïque" Alassane Dramane Ouattara surnommé ADO, qui sera d’ailleurs nommé Premier ministre de Côte d’Ivoire en 1990.

Comme recette miracle au marasme économique que vivait le pays, l’enfant de Dimbokro, près de Yamoussokro, instaure une carte de séjour pour ceux qui n’ont pas la nationalité ivoirienne. C’est le début des tracasseries policières et autres spoliations.

Tous les étrangers sont tenus de posséder ce sésame au risque d’être malmenés par les forces de sécurité qu’ils croiseraient sur leur chemin. Elèves en vacances venant de pays voisins, fonctionnaires de passage, personne n’échappe à cette nouvelle mesure supposée renflouer les caisses de l’Etat.

Les Burkinabè qui se comptent en millions d’âmes en terre d’Eburnie en sont les premières victimes. Malheur à eux s’ils tombent dans les filets de la police non munis de cette carte ou si elle n’est pas à jour. Ainsi, la stigmatisation et la xénophobie s’exacerbèrent au fils des ans au pays d’Houphouët-Boigny.

L’étranger, surtout le mossi, est voué aux gémonies. Et nos compatriotes vivront l’enfer sur terre lorsque survint la crise du 19 septembre 2002, vu que le Burkina Faso est indexé comme le pays voisin qui a offert le gîte et le couvert aux rebelles, la main de cette bande de révoltés qui contrôle toute la partie nord de la Côte d’Ivoire.

Cinq ans après le déclenchement du conflit, la tempête semble avoir quelque peu baissé. Le dialogue direct entre les protagonistes de la crise sous l’égide du Président du Faso Blaise Compaoré a abouti à ce qu’on appelle désormais l’Accord de Ouagadougou, lequel a été, on se rappelle, signé le 4 mars 2007 à Ouaga 2000. Depuis, le processus de réconciliation est en marche entre frères ivoiriens.

Du même coup, les relations entre le Burkina et la Côte d’Ivoire tendent à se normaliser. C’est dans ce contexte de dégel, que le dimanche 28 octobre 2007, lors de la rencontre entre la Communauté burkinabè de Côte d’Ivoire et le Président de la République Laurent Gbagbo, ce dernier a promis de supprimer la fameuse carte de séjour.

"En 1990, dit-il, Alassane Ouattara, pour redresser l’économie, a instauré la carte de séjour. Le FPI a été le seul parti à dire non. Et tous les malheurs que nous avons prédits sont arrivés".

Et d’ajouter comme pour dire qu’il a toujours porté ses frères voisins dans son cœur "Quand je suis devenu président, j’ai divisé le prix de cette carte en deux. Mais, je vois que non seulement elle n’apporte pas grand chose dans la caisse de l’Etat mais crée des problèmes inutiles... Elle est nocive et dangereuse". Vivement donc que ce document, qui n’a rien de CEDEAO, d’UEMOA et autres, soit un mauvais souvenir dans quelques moirs !

Si sa suppression devenait effective, ce serait un bégaiement de l’histoire quand on sait que c’est le "Burkinabè" ADO qui l’aurait intitulé et que c’est Laurent Gbagbo, qualifié de xénophobe qui a décidé sa suppression.

Quand bien même la promesse présidentielle ne serait pas dénuée de tout calcul politique, elle demeure courageuse et est même à saluer, surtout que cette fameuse carte est l’une des causes de la crise ivoirienne. Cette décision-là aura de mérite, en cela qu’elle participe davantage à souder les deux peuples liés par l’histoire et la géographie.

Adama Ouédraogo Damiss

L’Observateur

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