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Expérimentation du coton transgénique : Les essais dans les champs sont encourageants à Kofila

Publié le lundi 29 octobre 2007 à 08h02min

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Champ de coton Bt

Dans l’optique de la vulgarisation du coton OGM, la Société burkinabè des fibres textiles (SOFITEX) a initié, le vendredi 26 octobre 2007, une visite commentée d’un champ test à Kofila, village situé à quelques 60 kilomètres à l’Est de Bobo-Dioulasso.

Il s’est agi, à l’occasion, d’expliquer au gouverneur de la région, Mathieu Bêbrigda Ouédraogo, aux producteurs et aux représentants de la société civile, l’enjeu du coton transgénique pour l’avenir de la filière coton qui est d’accroître les rendements tout en minimisant les charges en intrants.

Cette sortie sur le périmètre expérimental de Kofila aura permis de convaincre plus d’un septique quant à l’introduction des Organismes génétiquement modifiés au Burkina. Deux surfaces comparatives, d’un demi-hectare chacune, ont constitué l’attraction des visiteurs, surtout la superficie emblavée de coton OGM. 

La parcelle transgénique présente en effet tous les atouts qui jusque-là n’existaient que dans l’imaginaire des producteurs : pour ne prendre qu’un seul exemple, on constate que, même semés tardivement et après seulement deux traitements pour la variété transgénique BT (six pour le coton ordinaire) les plants avaient par endroit jusqu’à 50 capsules là où le coton ordinaire n’en porte que 15 à 20.Ce qui fait dire à Sibiri Sou du Service recherche/développement que la variété transgénique permettrait d’accroître les rendements actuels des paysans de 30%.

Les techniciens ont fait ressortir toutes les vertus que l’on prête au coton BT (bacillus thuringiens) : résistance à la sécheresse et aux insectes ravageurs, faibles coûts de production, rendement allant jusqu’à 4 tonnes par hectare. Ce tableau idyllique a tapé dans l’œil des producteurs qui ont immédiatement demandé, à l’issue de la visite, l’aide des autorités pour une vulgarisation rapide de la culture du coton transgénique.

Mais ce n’est pas à court terme que l’on assistera à la commercialisation de coton OGM par le Burkina, même si c’est le souhait le plus pressent des producteurs. Sont de ceux-là le vice-président de l’Union nationale des producteurs de coton du Burkina Casimir Zoungrana qui ne jure que par le coton transgénique : « Ceux qui sont contre le coton BT ne veulent pas que nous mangions comme eux. Le ministre de l’Agriculture a lutté pour nous emmener le BT parce qu’il a compris que nous souffrons. J’ai semé le coton ordinaire le 6 juillet et je ne suis pas sûr de récupérer le tiers de mes investissements. Je préfère mourir de ce que je mange que de mourir de faim ».

Certains agriculteurs, partants pour les OGM, ont toutefois énuméré quelques difficultés auxquelles ils pourraient être confrontés par la suite. Dores et déjà, ils évoquent le coût élevé des semis OGM et leur disponibilité, ce qu’ils ont appelé « le double langage de la Sofitex » à propos de la fluctuation du prix du kilogramme de coton et la possible disparition des semis ordinaires.

La nationale du textile, en réponse, dira que les semis ne viendront pas d’ailleurs cependant que le lancement d’une ferme de production de semis cette année a été reporté sine die. La production des graines locales résultera en dernier ressort, des négociations entreprises par la SOFITEX avec les firmes Monsanto (pour le coton BT) et Syngenta (pour le coton VIP), propriétaires du gène.

L’incertitude sur la disponibilité des graines nous ramène au débat du front anti OGM qui justifie sa position en arguant des risques de disparition des semences locales, de l’absence de certitudes scientifiques, des menaces sur l’environnement et la santé humaine. Ces soi-disant inconvénients n’existent que dans la presse, de l’avis de Bakary Ouattara, chef de la région cotonnière de Bobo-Dioulasso qui ajoute que « le coton BT n’a pas de cornes, comme on en donne l’impression dans les journaux ».

D’un optimisme plus modéré, le gouverneur de la région des Hauts-Bassins a notifié, après la visite, une différence visible entre le coton transgénique et le coton conventionnel. Avant de conclure, au regard des tests encourageants du coton BT, que « les polémiques autour des OGM finiront par finir ».

Enfin, il faut souligner que le BT (bacillus thuringiens) est une bactérie qui existe naturellement dans le sol. Il produit des toxines contre les insectes. Ce sont ces gènes que les scientifiques ont introduits dans le coton dit BT.

Mahamadi TIEGNA (camerlingue78@yahoo.fr)

Sidwaya

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