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15-octobre : Pour que les hommes soient frères...

Publié le lundi 29 octobre 2007 à 08h28min

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Les rideaux sont définitivement tombés sur la double commémoration du 15 octobre et sur les manifestations d’une ampleur sans précédent organisées du 10 au 21 octobre 2007 autour du 20ème anniversaire de la disparition du président du Conseil national de la Révolution (CNR), le capitaine Thomas Sankara, et des 20 ans de Renaissance démocratique au Burkina Faso avec le président Blaise Compaoré.

Sauf ignorance de notre part, ou accident, aucun blessé, ni aucun macchabée sur le carreau, n’a été enregistré tout au long de ces cérémonies, en dépit du caractère passionnel et de la tension palpable à couper au couteau qui entouraient les événements.

Il y aura eu plus de peur que de mal. En l’espace de deux semaines, le Burkina Faso a été placé sous les feux de l’actualité nationale et internationale et les Burkinabè ont pu donner libre cours à leurs émotions et extérioriser leurs humeurs, bonnes et mauvaises, y compris leur hargne et leurs récriminations. Une opération psychothérapique collective s’il en est, qui marquera durablement l’inconscient collectif national. Après ces temps forts de la vie de la Nation où la passion et même l’irrationnel ont eu droit de cité, place doit revenir désormais à la raison pour que, de part et d’autre, les regards soient tournés vers l’avenir et que les dividendes engendrés par ces manifestations soient capitalisés et fructifiés.

D’ores et déjà, les leaders sankaristes promettent d’aller désormais en rangs serrés dans la bataille pour la conquête du pouvoir d’Etat afin d’incarner l’idéal du défunt président du CNR et les aspirations de leurs militants. Ils ont pour ce faire, pris l’engagement de réaliser l’unité des partis sankaristes pour début 2008. De leur côté, les partis de la mouvance présidentielle qui ont encore fait montre de leur capacité de mobilisation à travers l’ensemble des provinces, semblent décidés à ne pas céder d’un pouce le terrain qu’ils occupent.

En tout état de cause, le plus grand service que les protagonistes de cette double commémoration rendront à la Nation qui est notre patrimoine commun est leur engagement à la préserver des errements du passé et à lui assurer une base de stabilité et de démocratie solide à même de permettre à toutes les sensibilités politiques de s’exprimer et de se développer en toute liberté. Pour le reste, le peuple souverain, à travers des élections périodiques régulières, libres et transparentes, sera le seul arbitre. Tout autre manœuvre dilatoire, suspecte et malhonnête exposera notre pays à des tensions politiques majeures, préjudiciables à la paix sociale et au processus démocratique dans son ensemble.

Au vu de l’ampleur du contentieux qui a donc occasionné les scènes de démonstrations passionnelles somme toute compréhensives, la situation nous commande désormais de rechercher des voies susceptibles d’apaiser les cœurs meurtris afin d’y extirper la haine et la rancune, sentiments destructeurs pour ceux qui les nourrissent. Montesquieu ne dit-il pas que “ la haine est douloureuse à porter ” ? Tous les dialecticiens savent et reconnaissent que les faits ne sont jamais isolés, mais s’expliquent et se justifient en fonction de leur contexte historique.

En replaçant en effet les événements et les actions du passé dans leur contexte du moment, à savoir, l’empire de d’Etat d’exception au cours duquel les dérives, les exactions et les atteintes aux droits de l’homme…, étaient monnaie courante, les acteurs d’aujourd’hui qui jouissent des bienfaits de l’Etat de droit, devraient pouvoir évoluer dans leur mentalité et leurs exigences afin de conjurer à jamais les vieux démons de la division et de la haine pour permettre au processus démocratique d’avancer et de se consolider dans un climat apaisé. C’est pourquoi, l’hommage rendu au capitaine Thomas Sankara par ses partisans devrait désormais être partagé par la Nation entière qui en a fait un héros national, c’est-à-dire un être aujourd’hui au-dessus des contingences humaines et des calculs politiciens et partisans des mortels que nous sommes.

Une telle perspective aura pour effet de dépassionner le débat et d’éclaircir l’horizon des relations humaines et des rapports politiques dans notre pays. Dans un environnement où les acteurs politiques ont l’art de cultiver l’intolérance, la surenchère et le radicalisme à outrance, les associations de la société civile, les autorités coutumières et religieuses notamment, comme à leur habitude, ont l’obligation morale de se constituer en une force tampon, susceptible d’éviter les heurts et d’apaiser définitivement les tensions et les rancoeurs, afin de ramener la sérénité et la paix dans les coeurs.

Le souffle de la Journée nationale de pardon qui a apporté un vent d’apaisement sur nombre de familles le 30 mars 2001 devrait d’une manière ou d’une autre être ravivé afin que la Nation entière puisse bénéficier de ses effets réparateurs pour un Burkina enfin réconcilié avec son passé et avec l’ensemble de ses enfants. C’est dans ces conditions que les habitants de ce pays pourront relever avec efficacité les défis de l’avenir dans un monde impitoyable où la vie sera chaque jour plus difficile pour les Nations jeunes et fragiles comme le nôtre.

Le développement dit-on, dépend du dynamisme, des initiatives et du travail des populations. C’est pourquoi, le travail doit désormais reprendre ses droits afin que puissent être réalisées les transformations socio-économiques nécessaires au développement du Burkina Faso, quête de tous les régimes qui se sont succédé dans notre pays. “ Pour que les hommes soient frères, il faut leur donner une tour à bâtir ”. Puisse cette pensée de Saint-Exupéry inspirer les fils et les filles du Burkina dans leurs rapports d’aujourd’hui et de demain dans le cadre de l’édification de leur Nation commune.

Au pas de charge, l’Etat en tout cas a donné le ton en organisant tour à tour de grandes manifestations à caractère national et africain : C’est ainsi que s’est tenu du 24 au 26 octobre 2007 à Ouagadougou le VIIe forum africain sur la gouvernance. Du 25 au 28 octobre, la IVe édition du Salon international du tourisme et de l’hôtellerie (SITHO) a été organisée par le ministère en charge du Tourisme avec les opérateurs du secteur. Du 26 octobre au 4 novembre se déroule le 21ème tour cycliste du Faso, tandis que du 28 octobre au 4 novembre, se tient le premier tournoi de football de l’intégration de l’Union monétaire et économique ouest africaine (UEMOA) dans notre pays.

Enfin le premier Salon des métiers prévu du 31 octobre au 2 novembre prochain annonce des perspectives heureuses pour la jeunesse burkinabè. Ce dynamisme étatique remarquable devra être relayé par le secteur privé, tant il est vrai que, comme l’a souligné le Premier ministre dans sa Déclaration de politique générale prononcée le 4 octobre dernier devant l’Assemblée nationale, l’Etat ne saurait se substituer aux acteurs majeurs de la croissance économique que sont les ménages et les entreprises. Pour lui en effet, “ le secteur privé devra prendre le relais et assumer sa part de responsabilité, en créant des emplois et en prenant les risques calculés qui seuls assurent les rendements et le profit ”.

L’adoption diligente par le conseil des ministres du 24 octobre dernier du décret pour la mise en œuvre des recommandations issues de la rencontre de Bobo-Dioulasso et de celui portant création d’un conseil présidentiel pour l’investissement au Burkina Faso apparaît à l’évidence comme des signes forts supplémentaires en direction du secteur privé et de l’ensemble des acteurs économiques qui doivent savoir en saisir la portée et tirer partie de leurs retombées pour le plus grand bien de toute la Nation.

Par Jean-Paul KONSEIBO

Sidwaya

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