“Centre de conférences Sembène-Ousmane” est la nouvelle appellation de l’ex-salle Dimaako de l’ancien Hôtel Indépendance devenu Azalaï hôtel indépendance. L’inauguration de l’infrastructure a eu lieu le samedi 27 octobre 2007 en présence du monde du cinéma africain. Le cinéaste était un habitué de l’hôtel où à chaque édition du Fespaco, il
occupait la chambre n°1. Pour le président du groupe Azalaï hôtels, Mossadeck Bally, “il est normal qu’aujourd’hui, le centre de conférence qui fait la fierté de cet hôtel associe le nom de celui qui fut la figure emblématique du FESPACO. J’ai nommé feu Sembène Ousmane, cinéaste émérite et pionnier infatigable du cinéma africain”.

Cette salle de conférence composée de plusieurs autres salles de rencontre (Kamsangho, Kibsa, Dimaako, Kadiogo, Zondnooma, etc) se veut une action de pérennisation de l’œuvre et de la sagesse de “l’aîné des anciens” qu’était Sembène Ousmane. Par conséquent d’après M. Bally “il vit dans nos cœurs et, en tout cas vivra toujours à hôtel Indépendance, avec le peuple burkinabè qui l’a tant aimé et à côté du FESPACO”. Présent à la cérémonie, l’ex-ministre malien de la Culture, Cheick Oumar Sissoko a qualifié Sembène Ousmane de militant engagé pour les causes de l’Afrique puisqu’il a travaillé essentiellement, chose jamais réalisée, sur le continent noir.”Sa fidélité à l’Afrique est un exemple précieux pour chacun d’entre nous. Il mérite que l’on suive ses enseignements”, a-t-il martelé.

Représentant le gouvernement sénégalais, le ministre de la Bonne Gouvernance et de la Compétitivité, Danielle N’Diagne, a remercié les autorités burkinabè pour l’accueil chaleureux. Pour madame N’Diagne, au-delà du Sénégal, c’est un fils de l’Afrique qui a été honoré. “Depuis longtemps Sembène Ousmane n’appartenait plus au Sénégal. Il n’est pas mort”, a-t-elle ajouté. Pour clore la série des allocutions, le ministre de la Culture, du Tourisme et de la Communication, Filippe Sawadogo, emu jusqu’aux larmes a affirmé que le sage philosophe africain Sembène Ousmane va rester tout le temps dans le monde de la culture.

Il a ensuite expliqué des phrases fortes de la “pierre ancestrale du cinéma” qu’était l’illustre disparu. Le ministre Sawadogo a dit entre autres que pour le cinéaste sénégalais, sa participation au FESPACO était un devoir. A cela s’ajoute l’importance accordée à la biennale du cinéma de Ouagadougou par le réalisateur. Pour terminer, le ministre a rassuré que “la présente cérémonie n’est qu’un début de pérennisation de l’œuvre de ce grand philosophe incarné par Sembène Ousmane”. Comme projet, il est prévu de baptiser la Place des cinéastes, Place Sembène-Ousmane.

Après les discours, le ministre et ses invités ont procédé à la coupure du ruban symbolique du centre de conférences Sembène-Ousmane de Azalaï hôtel indépendance. L’acte a été suivi de la découverte de l’enseigne portant le nom du cinéaste et de la visite de l’infrastructure. Le groupe Azalaï hôtels a été créé en 1994 et est présent dans quatre pays de la sous-région : Burkina Faso, Mali, Bénin et Guinée Bissau. Son objectif est d’offrir des prestations de qualité à ses clients et préserver l’âme, le patrimoine culturel véhiculés par les hôtels inspirés des traditions africaines. Le groupe entend s’implanter dans les autres pays de l’UEMOA afin de devenir le premier groupe hôtelier de la sous-région ouest-africaine.

Alassane KERE

Quelques appréciations

Baba Hama, délégué général du FESPACO : “A travers l’hommage fait par Azalaï hôtel indépendance en baptisant son centre de conférence du nom de Sembène Ousmane, l’hôtel fait de celui-ci un hôte perpétuel qui sied à la fidélité qu’il a toujours manifestée à l’égard du FESPACO et de l’hôtel, en particulier à la chambre n°1. Avec sa disparition l’Afrique du cinéma a perdu un de ses phares”.

Gaston Kaboré, cinéaste : “Il est réellement touchant qu’un établissement hôtelier ait une idée de la sorte qui s’inscrit dans l’histoire d’un homme, d’une communauté de professionnels et dans l’imaginaire d’un continent. Au-delà du symbole, cet acte signifie que Sembène ne nous a pas quittés et que son apparente absence délivre une énergie encore plus forte capable de s’imposer ici et partout à la fois”.

Gustave Sorgho, comédien : “Cet hommage est un gage éternel pour la pérennité de l’image d’un des pionniers du cinéma africain dont le combat à travers ses écrits et ses films serviront pour toujours toutes les générations africaines”.

Aï Keïta : “J’ai retenu de Sembène Ousmane sa sagesse. Cet hommage de Azalaï hôtel indépendance est une bonne chose parce que Sembène Ousmane restera gravé dans la mémoire de l’Afrique. C’était un homme qui aimait ce qu’il faisait. Il luttait pour le cinéma africain. Les jeunes cinéastes prennent aujourd’hui deux mois pour réaliser leurs films, Sembène Ousmane pouvait prendre 4 à 5 mois pour tourner un film. La différence est toujours explicite”.

A. K

Sidwaya