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Témoignage de Bognessan Arsène Yé : « C’est la grande vision de Blaise COMPAORE qui a été le moteur qui a permis d’adopter la constitution. »

Publié le samedi 27 octobre 2007 à 09h45min

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Je voudrais profiter de l’occasion qui m’est offerte pour faire mon petit témoignage sur comment nous avons évolué de l’Etat d’exception à l’Etat de droit.

Vous savez que notre pays a été caractérisé pendant très longtemps par une série d’instabilités qui ont commencé d’abord par le soulèvement populaire du 3 janvier 1966, ensuite il y a eu le 8 février 1974 où l’Armée a renversé les civils. Il ya eu également le 25 novembre 1980. On peut également évoquer le 7 novembre 1982, le 4 août 1983. Bref, il faut noter que pendant un bout de temps, notre pays a vraiment traversé des périodes d’instabilité. Le 15 octobre 1987 est l’aboutissement d’une série de contradictions au sein des camarades révolutionnaires. Ces camarades ont pris le pouvoir ensemble d’abord le 7 novembre 1982.

C’est vrai que ce n’était pas encore véritablement la révolution mais les progressistes étaient beaucoup plus dominants et ils ont poussé le plus âgé mettre devant en attendant de mieux se préparer. Le’ 4 août 1983, les éléments progressistes de l’Armée ont décidé de prendre les devants des choses parce que la situation délétère du pays l’exigeait. Mais, malheureusement au plan politique, il n’y avait pas d’organe en tant que tel en mesure d’impulser une dynamique à la chose. Si bien que très rapidement les petites bagarres sont nées entre les différentes forces qui s’étaient retrouvées. Le 15 octobre 1987 a donc été le couronnement de toutes ces petites bagarres.

Quand nous avons pris le pouvoir le 15 octobre 1987, le président Blaise COMPAORE avait dès les premiers jours, un souci. Il l’a exprimé le 19 octobre 1987 dans son premier message à la Nation. Il a mis l’accent sur le fait que désormais les forces politiques devaient se constituer en forces de propositions pour rallier le Front populaire afin que nous ayons un projet de société qui puisse faire avancer le pays de l’avant. J’invite les jeunes à lire ce message très important à la nation du 19 octobre. Ce message permet de comprendre tous les autres discours qui ont été prononcés par la suite. C’est ce message du 19 octobre qui ouvrait déjà la voie à l’élaboration d’une constitution.

Par ailleurs, les révolutions qui se déroulaient au Bénin, en Guinée, en Ethiopie, au Ghana etc. avaient commencé à s’essouffler. Chaque fois, au cours de nos tournées dans les provinces, le président Blaise COMPAORE revenait sans cesse sur le fait qu’il faut qu’on rédige une constitution pour le pays.

Il a réussi lors des différentes réunions avec des camarades du Front populaire à faire accepter cette idée. Je dois dire que ça n’a pas été facile. Comme on le dit, il ya des choses quand certains ne sont plus c’est un peu malsain d’en parler. Sinon, ça n’a pas été facile. Il y avait une aile à l’intérieur foncièrement opposée à ce que nous évoluons vers un Etat constitutionnel. Je n’en dirai pas plus pour ce soir. Je pense qu’on aura le temps d’écrire quelques mémoires que vous pourrez lire.
Ce qu’il faut retenir, sous l’impulsion de Blaise COMPAORE, le Front populaire a mis en place une commission constitutionnelle le 3 mai 1990 qui était composée de 104 membres. A l’intérieur, il y avait toutes les couches socioprofessionnelles.

Même des partis clandestins comme le PCRV ont été invités, évidemment ils ne sont pas venus. C’est pour vous dire à quel point, on était décidé à faire l’ouverture, à écrire un texte qui puisse rencontrer l’assentiment de tout le peuple burkinabè.
En plus des structures membres du Front populaire, on a fait appel à tous les partis politiques qui, il faut le rappeler, n’ont commencé à exister légalement que sous le Front populaire.
Avant octobre 1987, aucun parti n’existait officiellement.
La première des choses pour les différents régimes d’exception était d’ailleurs de dissoudre les partis politiques.

On doit noter que tout le monde était représenté parmi les 104 membres. Il y a ceux qui aimaient le pouvoir en place tout comme ceux qui ne l’aimaient pas. Toujours est-il qu’on s’est côtoyé pendant six mois. Le président a pris un “kiti”, pour les jeunes qui ne le savent pas c’est ce qu’on appelle décret aujourd’hui, me nommant président de la commission constitutionnelle. Nous avons commencé les travaux dans le bâtiment de l’actuelle Assemblée nationale. Je dois vous avouer qu’il y avait souvent des blocages. Mais chaque fois qu’il y en avait, on suspendait et j’allais lui rentre compte. Il me répondait à chaque fois de discuter avec les participants pour trouver un consensus. Blaise COMPAORE avait vraiment une grande préoccupation pour un aboutissement consensuel des travaux de la commission.

Nous aurions pu nous enfermer dans nos camps militaires avec nos blindés, nos kalaches ou pistolets... Donc c’est la grande vision de Blaise COMPAORE qui a été le moteur qui a permis d’adopter la constitution.
Nos travaux ont abouti à un avant-projet difficilement obtenu. Puisqu’il y avait des CR qui ont tenu à intégrer dans le texte des mots révolutionnaires comme l’Assemblée des députés du peuple. On a remis officiellement cet avant-projet au président du Front populaire le 14 octobre 1990. Pour vous faire voir l’esprit d’ouverture du président, il a encore fait soumettre, ce document à des assises nationales qui ont réuni environ 3 000 personnes venues de tous les horizons.

Les débats ont été chauds au cours de ces assises qui étaient présidées par Kilimité HIEN. Il y a d’imminents membres du CDP aujourd’hui qui s’étaient même opposés au contenu de cet avant-projet de constitution lors de ces assises. Ils ont laissé entendre que le serpent était dans le salon. Bref, ces assises nationales ont réussi à arrondir certains angles pour donner le texte que nous avons soumis au peuple le 2 juin 1991. Mais avant son adoption, sous l’impulsion de Blaise COMPAORE, nous avons envoyé des missions dans toutes les provinces du pays pour expliquer le projet de constitution.
Je dirai à l’endroit de ceux qui disent que nous sommes venus au pouvoir par un coup d’Etat qu’ils ignorent l’histoire de ce pays

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