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Forum africain sur la gouvernance : Le héros du jour est, Joaquim Chissano

Publié le jeudi 25 octobre 2007 à 07h12min

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Le 7e Forum africain sur la gouvernance (FAG-7) a ouvert ses portes hier dans la salle de conférences de Ouaga 2000. Trois jours durant, les participants venus de plusieurs pays d’Afrique épilogueront sur le thème de la rencontre qui est « Renforcer la capacité de l’Etat en Afrique »...

...En dehors de réactions de convenance servies aux différents orateurs du jour pendant et après leurs propos, celui qui n’a pas parlé mais qui a été ovationné restera l’ancien président du Mozambique, Joaquim Chissano, qui vient d’obtenir le premier prix Mo Ibrahim.

Le Forum africain sur la gouvernance a été lancé en 1997 par le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) et la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique (CEA). Il s’agissait pour les fondateurs de créer un cadre permanent qui réunit les dirigeants africains, le secteur privé, les organisations de la société civile et les autres parties prenantes en Afrique, pour un partage d’expériences en matière de promotion de la bonne gouvernance. Le dernier forum s’est tenu en mai 2006 au pays de Paul Kagamé. Pour le 7e, au pays des hommes intègres était dévolue la tâche d’accueillir les participants. C’est chose faite depuis hier matin, avec la cérémonie d’ouverture qui a eu lieu en présence du premier hôte, le chef de l’Etat, Blaise Compaoré. Quatre interventions ont meublé la manifestation qui était assaisonnée de plages musicales d’artistes qui ont le vent en poupe comme Youmali, Floby et Sonia Carré d’As.

Il s’agissait du président du comité d’organisation de ce 7e forum, de la représentante du PNUD, de celle de la CEA et enfin, à tout seigneur tout honneur, il y a eu pour clore, le discours du président du Faso. Et comme il fallait s’y attendre, chaque intervenant a mis en exergue la pertinence du thème choisi qui est « Renforcer la capacité de l’Etat en Afrique » et de ses sous-thèmes qui se déclinent selon les terminologies suivantes : la redéfinition du rôle de l’Etat et les problèmes de développement en Afrique ; le renforcement des capacités institutionnelles et humaines pour le bon fonctionnement du secteur public ; la légitimité de l’Etat et des dirigeants ; l’amélioration de la façon dont l’Etat s’acquitte de ses obligations au moyen de la décentralisation de la gouvernance ; le rôle des acteurs non étatiques ; la mondialisation et les compétences de l’Etat ; le genre et le renforcement des capacités en Afrique.

Ces sous-thèmes constitueront donc la charpente pendant les trois jours d’échanges à Ouagadougou, afin que la bonne gouvernance s’installe le plus tôt possible en Afrique. Mais l’un des participants qui gardera un très bon souvenir de ce 7e forum dès son entame sera assurément l’ancien président Joaquim Chissano. En effet, le premier à obtenir le prix Mo Ibrahim (lire encadré), destiné à encourager les chefs d’Etat qui ont laissé un souvenir très positif dans l’esprit de leurs concitoyens, a reçu moult ovations suscitées par tous les orateurs du jour qui ont souligné les mérites de cet homme qui a quitté le pouvoir en 2005.

Des millions de dollars pour quitter le pouvoir

L’ancien président du Mozambique, Joaquim Chissano, s’est vu décerner lundi à Londres le premier prix Mo Ibrahim, doté de 5 millions de dollars et récompensant la bonne gouvernance en Afrique, pour son rôle dans la réconciliation du pays. L’ancien secrétaire général de l’ONU Kofi Annan a dévoilé le nom du lauréat de ce prix au montant plus élevé que le prix Nobel lors d’une conférence de presse à la mairie de Londres. L’ex-secrétaire général de l’ONU a par ailleurs rappelé que M. Chissano s’était retiré du pouvoir sans chercher un nouveau mandat "auquel la Constitution lui donnait droit". Joaquim Chissano a quitté la présidence mozambicaine en février 2005 après 18 ans au pouvoir.

Le prix Mo Ibrahim, le plus richement doté au monde selon le multimillionnaire soudanais qui l’a créé et lui a donné son nom, vise à récompenser un ancien chef d’Etat africain, qui a quitté le pouvoir depuis moins de trois ans, pour sa "bonne gouvernance" et son leadership. Le lauréat doit recevoir 5 millions de dollars (3,4 millions d’euros) sur 10 ans, suivi d’un versement annuel de 200 000 dollars (141.000 euros) par an le reste de sa vie. Il doit aussi recevoir 200 000 dollars par an destinés à financer de "bonnes causes et des activités d’intérêt public".

Par comparaison, les lauréats du prix Nobel reçoivent 10 millions de couronnes suédoises (1,5 million de dollars, 1,1 million d’euros). Le prix devrait être décerné une fois par an si le jury dispose d’au moins un candidat qui remplit les conditions requises. La fondation de M. Ibrahim, qui a fait fortune avec sa compagnie Celtel spécialisée dans les infrastructures pour les télécoms en Afrique, a également lancé cette année un nouveau classement des pays d’Afrique selon le niveau de leur gouvernance. Le prix Mo Ibrahim a été conçu pour inciter la nouvelle génération de dirigeants africains à pratiquer une bonne gouvernance et à quitter le pouvoir au terme de leurs mandats, ont expliqué les organisateurs.

Issa K. Barry


Bonne gouvernance : Le parcours d’un combattant

Le prix Mohamed Ibrahim a été décerné comme on le sait le 22 octobre dernier à l’ex-président mozambicain Johachim Chissano. Ce prix porte le nom du milliardaire britannique d’origine soudanaise qui a fait fortune dans la téléphonie cellulaire ; il est notamment le fondateur de Celtel. Une distinction fort saluée lors de ce 7e forum sur la gouvernance de Ouaga.

Lorsqu’en octobre 1986 le président mozambicain Samora Machel meurt dans un mystérieux crash d’avion à la frontière sud-africaine, la stabilité était la chose la moins partagée non seulement entre les Mozambicains, mais également avec les voisins. C’est alors que fera montre Johachim Chissano, qui, d’une grande clairvoyance et d’un esprit d’entreprise. Il sortira ainsi le pays hors des turbulences et le hissera dans la corne de l’Afrique parmi les pays qui émergent. Chissano a cofondé le FRELIMO et combattu l’empire portugais.

Quand le pays accède à l’indépendance en 1975, il retourne son fusil contre la RENAMO soutenue alors par l’apartheid sud-africain. Il scellera la paix avec la RENAMO en 1987 après la mort de Samora Machel mettant ainsi fin à 11 ans de guerre civile et orientant le Mozambique sur le chemin de la croissance économique. A ce titre donc, il est l’artisan principal de la stabilisation politique et économique de son pays. En cédant le pouvoir à Gabuzo, Chissano lui laisse donc un pays mis en orbite qui plus est, riche de son sous-sol. C’est vrai que l’image du premier lauréat du prix Mo Ibrahim a été écornée par la ténébreuse histoire de son fils Nympine. En effet, on se rappelle que ce dernier a été mis en examen dans le cadre de l’assassinat le 22 novembre 2000 du journaliste d’investigation Carlos Cardoso, directeur de publication du quotidien Metical.

Carlos Cardoso enquêtait sur le détournement de plus de 7 millions d’Euros (144 miliards de méticals) opéré dans la Banque centrale du Mozambique (BCM), dans lequel sont impliqués trois hommes d’affaires proches de Chissano fils. N’empêche l’opinion internationale est unanime, cas du forum sur la gouvernance pour reconnaître que ce choix de la Fondation Mo Ibrahim est juste. Signalons que cette Fondation a son propre indice de gouvernance en Afrique et pour le présent prix qui est une première, le jury a examiné 13 leaders africains qui ont quitté le pouvoir depuis 3 ans et finalement retenu Johachim Chissano. La Fondation est présidée par Robert Rotbert de Harward, d’experts de la Banque mondiale, de l’USAID, du journal l’Economist et de Transparancy international.

Zowenmanogo Dieudonné Zoungrana

L’Observateur Paalga

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