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Le FASIB en République populaire de Chine : Voyage d’affaires dans l’usine du monde

Publié le jeudi 25 octobre 2007 à 07h01min

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En toute souveraineté donc, le Burkina Faso a choisi de convoler en justes noces avec Taïwan, provoquant en 1994 la rupture de ses relations diplomatiques avec la République populaire de Chine...

Malgré tout, depuis, hommes d’affaires burkinabè et chinois filent toujours du bon coton. Car, si le "Pays des hommes intègres" est encore à la recherche de ses repères économiques, la Chine, quant à elle, a fini de se révéler comme l’usine du monde, s’insérant dans le cercle restreint des grandes puissances de la planète. Résister à cette Chine continentale, vaste de 9 506 960 km2 et forte de ses 1 321 801 888 êtres humains, qui a bousculé l’ordre économique établi, depuis la fin de la deuxième Guerre mondiale, eût été peine perdue.

La témérité est, certes, tentante mais il faut se résoudre à l’évidence : ils sont, en tout cas, des centaines de Burkinabè qui n’hésitent point à faire le pèlerinage des affaires au "Pays du milieu" pour répondre à l’invasion commerciale annoncée. Car, au moment où les politiques tardent à desserrer les dents, les affaires, elles, prospèrent. On dirait donc le Forum d’amitié sino-burkinabè (FASIB) visionnaire si, demain, la République populaire de Chine et le Burkina renouaient ce lien rompu voilà treize longues années. L’histoire retiendra que c’est à son initiative que l’Association d’amitié entre les peuples de Chine et d’Afrique a séjourné sur les bords du Kadiogo en septembre 2006.

Une année s’est donc écoulée et c’était au tour de Zéphirin Diabré, président d’honneur du FASIB, et des siens de répondre à l’invitation de leurs amis chinois du 14 au 21 octobre, à la faveur de la 102e Foire internationale d’import-export de Canton qui, comme à son habitude, aura drainé de par le monde des milliers de visiteurs et d’acheteurs. Un périple, riche en couleurs, qui nous a conduits de Canton à Beijing, à travers aire de foire, visites de monuments historiques, unités industrielles, institutions bancaires, spectacles et nous en oublions.

L’occasion était donc des plus belles pour que nous fissions la fine bouche. Et confronter la Chine actuelle aux multiples étiquettes peu flatteuses de longue date distillées de par le monde nous eût permis d’appréhender la voie qui est la sienne en ce 21e siècle. Nous étions à la veille de l’ouverture du 17e Congrès du Parti communiste chinois (PCC) qui renouvellera sa pleine et entière confiance au "grand camarade", le président Hu Jintao, pour un troisième et dernier mandat de cinq ans. La messe donc dite, les réformes économiques et sociales entreprises depuis peu iront en s’approfondissant, dans un socialisme de marché mis à l’épreuve de la mondialisation. Les congressistes se séparent sous un tonnerre d’applaudissements à l’Assemblée nationale populaire, convaincus qu’enfin la Chine s’est réveillée, et vole de victoire en victoire, sur les chemins tortueux et insondables de la croissance économique.

Que de regrets !

Aux côtés de Zéphirin Diabré, président d’honneur, et de Karim Démé, secrétaire chargé des affaires économiques et financières du FASIB, Alain Roger Coéfé, président du Conseil d’administration de la Maison de l’Entreprise du Burkina et de Christel Marie Alice Damiba, expert-comptable et prospectrice, nous composons l’équipe burkinabè de la mission chinoise à la 102e Foire internationale d’import-export de Canton. Une goutte d’eau dans la mer chinoise, diront les habitués de ce rendez-vous mondial des affaires, car ils étaient en effet des milliers, sinon des millions de visiteurs et d’acheteurs venus des quatre coins de la planète, à la conquête des fruits du développement économique chinois.

Mais en 2003, ils étaient des centaines d’opérateurs économiques burkinabè à cette gigantesque messe des affaires qui célèbre aussi bien les équipements industriels que les produits artisanaux et de consommation. Les puissances économiques traditionnelles, les pays émergents étaient aux premières loges, aux aguets de la moindre opportunité. Ce qui n’empêche en rien les "explorateurs burkinabè" de s’affirmer à travers la visite des stands qui avaient à leur menu les produits technologiques de troisième génération. Que de merveilles dans ce paradis économique qui avait semblé pendant longtemps bouder le développement ! Face à de telles prouesses, nous dûmes noyer notre folle admiration dans le banquet offert par l’Association d’amitié des peuples de Chine et d’Afrique du Guang-dong.

Moment des plus attendus par les amis chinois pour regretter la rupture des relations diplomatiques ; saluer l’initiative du FASIB d’offrir un cadre de partenariat économique et culturel aux peuples burkinabè et chinois, vanter la sincérité et l’amitié des Africains. Mme Su Caifang du Bureau des Affaires étrangères du gouvernement populaire du Guangdong ne se fera d’ailleurs pas prier pour souhaiter que "les autorités burkinabè comprennent l’importance des relations économiques, lesquelles restent conditionnées par celles diplomatiques pour faire un grand bond". Mais aura-t-elle prêché dans le désert burkinabè ? Nous n’osons y croire, au regard de la conviction des ambassadeurs du FASIB, selon laquelle la République populaire de Chine et l’Afrique ont besoin l’une de l’autre. Mais en attendant le rétablissement encore hypothétique des relations diplomatiques entre le pays de Mao et le Burkina, Zéphirin Diabré, lui, milite pour qu’au-delà des deux gouvernements, l’amitié entre les deux peuples soit protégée.

Xi’an, la cité culturelle

Ainsi, nous mettons le cap sur Xi’an dans la province du Shaanxi, ville touristique de sept millions d’âmes où le 17 octobre sera consacré aussi bien à une visite des sites touristiques qu’à une exploration des unités industrielles qui ne cessent d’y pousser, tels des champignons après la pluie. Arrêt donc sur le musée de la dynastie du Win situé à quelque 50 km de là, où, quotidiennement, des milliers de touristes se bousculent pour contempler les fameux guerriers en terre cuite. Ce site, à l’image des ruines de Lorépéni au Burkina Faso, renferme toute une histoire. A la seule différence que lui il a déjà été érigé en patrimoine mondial par l’UNESCO depuis 1974, et remis au goût du jour pour l’attraction touristique. Peut-être les titans étaient-ils si rares en ces lieux !

Néanmoins, l’histoire de cette cité culturelle nous enseigne que ce musée constitue la dernière demeure des empereurs, jadis inhumés avec soldats et chevaux. Une histoire qui fait vivre bien de Chinois, puisque ce vestige de la dynastie du Win est devenu le business center qui génère aussi bien des Yuans, des Euros que des dollars par millions au quotidien. Deux courtes heures de visite guidée en ces lieux sacrés, et nous voici à Xi’an Hi-Tech Industries, un complexe industriel chargé depuis 1991 d’inventer la Chine de demain. Et, plus loin, nous nous retrouvons au siège de la firme DAGANG, leader dans le secteur des machines de construction des routes et de la maintenance, qui a déjà déployé ses tentacules sur l’Afrique et l’Asie. Séance de démonstration et explications soutenues sur la qualité et la fiabilité des engins DAGANG, et nous replongeons dans les labyrinthes de la culture chinoise, à travers un spectacle des mille feux exécuté par la dynastie Tang. Car l’étranger qui frappe à la porte du peuple chinois n’a d’autre privilège qu’un bain culturel préalable.

Et Beijing, pour accompagner l’Afrique

Dans la capitale chinoise, Pékin pour les uns et Beijing pour les autres, la délégation burkinabè retient d’abord l’attention des hommes d’affaires sciemment triés dans la Banque Import-Export de Chine et la Chambre de commerce Chine-Afrique. Conjoncture internationale oblige, on y parlera aussi bien business, coopération économique que développement. A Diabré qui s’impatientait des financements des projets en Afrique par Ex-Im Bank, son directeur général adjoint, Liu Liemge, s’est voulu rassurant : "Il y a une longue histoire entre la Chine et l’Afrique, et nous sommes disposés à l’accompagner dans son combat quotidien pour son développement économique et social. Nous sommes prêts à apporter notre expérience à l’Afrique, et au Burkina en particulier, où nous comptons nous investir dans les ressources naturelles, comme c’est le cas en République démocratique du Congo (RDC) où nous venons de signer une convention de 7 000 milliards de dollars US.

Mais une seule condition demeure : que la République populaire de Chine entretienne des relations diplomatiques avec l’un ou l’autre pays, car notre banque est aussi politique et ne peut, par conséquent, ignorer l’aspect diplomatique. Néanmoins, nous sommes obligés de constater que le Burkina Faso, contrairement à d’autres pays qui entretiennent des relations officielles avec notre pays, est ouvert aux Chinois. Nous ne perdons donc pas espoir que les relations économiques concourront un jour au rétablissement des relations diplomatiques". Même son de cloche du côté du Conseil des investisseurs en Afrique avec une voix qui compte, celle de Hu Deping, car membre du Congrès national du peuple, vice-ministre du Travail et du Front Uni, membre du Comité central du Parti communiste chinois. Alain Roger Coéfé, président du Conseil d’administration de la Maison de l’Entreprise du Burkina, ne dira pas le contraire, lui qui a saisi l’occasion pour prêcher l’intensification des relations économiques entre les deux pays qui, certainement, ont un intérêt commun pour l’énergie solaire, entre autres.

Main dans la main

Les principes et la constance sont chinois. Et cela se vérifiera encore au siège pékinois de l’Association du peuple chinois pour l’amitié avec l’étranger où Tang Zuoku, nouvellement promu vice-président de ladite, a réitéré les bons rapports entre les deux peuples, en dépit des divergences diplomatiques. Et de souligner : "Nos deux associations doivent œuvrer main dans la main pour la normalisation des relations diplomatiques entre les deux pays". Ce qui n’est point tombé dans l’oreille d’un sourd, devant Zéphirin Diabré et sa délégation qui ont revendiqué une nouvelle forme de coopération entre la République populaire de Chine et le Burkina Faso. La découverte des unités industrielles se poursuivra le vendredi 19 octobre par la Société SINOTRUK qui excelle dans la fabrication, elle aussi, des engins de construction et agricoles.

Mais la bonne nouvelle, elle, était à venir avec l’engagement ferme pris le samedi 20 octobre par le vice-président superviseur de HUAWEI Technologies CO.Ltd, Guo Tianmin, de s’investir dans la formation des étudiants et stagiaires burkinabè dans le domaine complexe des télécommunications. Car, a-t-il averti, "en dépit de l’absence de relations diplomatiques entre la Chine et le Burkina Faso, il demeure l’amitié qui unit toujours les hommes et les femmes des deux pays". Fondée en 1988, HUAWEI Technologies CO.Ltd compte de nos jours 62 886 employés, dont 1/8 de personnel étranger. Premier fournisseur des équipements de télécommunications en Afrique, elle occupe le premier rang en Chine, et gravit les échelons à travers le monde. Si elle a réalisé en 2006 un chiffre d’affaires de 11 milliards USD, elle en attend en cette année 2007 quelque 16 milliards USD.

Son credo, faire davantage mieux dans l’avenir et toujours apprendre auprès des autres. Foi du vice-président superviseur de HUAWEI Technologies Co-Ltd, Guo Tianmin, le choix d’investir au "Pays des hommes intègres" se justifie amplement par la stabilité dont il jouit. Bref, un séjour fructueux pour le FASIB quand on sait que se profile à l’horizon une foire commerciale des hommes d’affaires chinois, une semaine culturelle chinoise à Ouagadougou, et une expédition d’hommes d’affaires burkinabè en République populaire de Chine. L’idée, en tout cas, a été émise dans les deux camps, et reste seulement à être concrétisée. Mais les amis chinois et burkinabè seront-ils accompagnés dans leur aventure ? Demain nous le dira.

Bernard Zangré Envoyé spécial en République populaire de Chine


Karim Démé ou la star de Pékin

Du haut de son 1,92 m, il aurait pu faire carrière dans le championnat américain de basket-ball. Mais Karim Démé, puisque c’est de lui qu’il s’agit, a préféré jeter son dévolu sur les affaires. Directeur général de l’Entreprise de commerce et de représentation (ECR), il est aussi le secrétaire chargé des Affaires économiques et financières du FASIB. A Pékin, il aura joué la star malgré lui, puisque sollicité à chaque coin de rue pour une pose par les nains chinois. Il s’est ouvert à nous après une semaine passée dans l’usine du monde.

En tant que secrétaire chargé des Affaires économiques et financières du FASIB, quelles leçons tirez-vous de votre expédition chinoise ?

• Je peux conclure à ce jour que c’est un sentiment de satisfaction qui m’anime, étant donné que les objectifs que nous nous sommes fixés au départ sont presque atteints. L’un de ces objectifs, c’est le renforcement des relations d’amitié, économiques et financières avec la République populaire de Chine. A ce jour, les enseignements que je peux tirer eu égard aux engagements de la RPC, c’est surtout le serment d’œuvrer en faveur de la formation de la jeunesse burkinabè, de lui donner des possibilités de pouvoir se former et de s’inspirer des expériences chinoises, gratuitement.

Pouvez-vous alors éclairer notre lanterne sur les engagements pris par les Chinois ?

• Vous étiez à nos côtés à l’audience que nous a accordée le vice-président superviseur de la société HUAWEI qui n’est plus à présenter. Cette société s’est engagée à accompagner nos frères burkinabè, notre jeunesse dans la formation. Ce qui, sans doute aucun, contribuera à atténuer le taux du chômage et à former des cadres plus compétents. D’autant plus que cette société, qui culmine au sommet de la haute technologie, se propose de le faire pro deo, c’est une occasion majeure à saisir. De son côté, le vice-président de la Chambre de Commerce Chine-Afrique est, lui, intéressé par le trésor que renferme le sous-sol burkinabè, notamment l’or, le manganèse, etc. En tout état de cause, tout dépendra de l’évolution à court, moyen ou long termes de nos relations diplomatiques avec la RPC. Une fois encore, les Chinois ont renouvelé leur disponibilité à accueillir à bras ouverts des hommes d’affaires burkinabè.

Au regard de ces résultats quelque peu flatteurs, quelles sont vos perspectives ?

• Nous mettons l’accent dans notre démarche actuelle sur les relations économiques et financières. Nous sommes de la société civile, mais pas une organisation politique. Si d’aventure le choix des autorités de notre pays venait à se porter un jour sur la RPC, ça ne pourra que nous réjouir parce qu’elles auront fait un grand pas vers un ami de longue date. Nous aimons tous notre pays, le Burkina Faso, et nous avons un devoir d’y apporter tous la prospérité et la croissance économique. Nous travaillons donc à atteindre cet objectif avec la Chine populaire, tout comme notre gouvernement le fait avec Taïwan. La RPC est devenue de nos jours un partenaire incontournable.

A la faveur, d’ailleurs, d’une de nos rencontres avec la Banque Export-Import de Chine (Ex-IM Bank of China), il a été confirmé que le plus grand prêt jamais accordé à un pays africain est à l’actif de la Chine populaire à hauteur de quelque 3 000 milliards de FCFA pour la RDC (l’extraction du cuivre), et 2 000 milliards de FCFA pour le Gabon (extraction du fer). Et l’important dans ces accords de prêts, c’est qu’ils ne sont pas assortis des conditionnalités draconiennes du FMI ou de la Banque Mondiale. C’est donc une Chine très compétitive dans des domaines aussi divers que les travaux publics, l’électronique, les matériels agricoles, la haute technologie qui nous fait les yeux doux. A l’épreuve du terrain, nous nous sommes rendu compte qu’elle a des produits de qualité à des prix très compétitifs. Et ce n’est un secret pour personne que les sociétés occidentales qui, jadis, étaient la référence, se bousculent aujourd’hui au portillon de la République populaire de Chine à la recherche d’un partenariat stratégique.

Ils sont quand même nombreux qui pensent que la FASIB fait cavalier seul en ce sens que le gouvernement burkinabè ne fait point mystère de son engagement aux côtés de Taïwan. Qu’en dites-vous ?

• Faire cavalier seul, je pense que c’est trop dire. Pour notre part, nous souhaitons que les relations se renforcent entre la RPC et les autorités burkinabè. Nous ne devons en aucun cas perdre de vue les signes de détente que la RPC lance à l’égard de Taïwan. Le discours du président Hu Jintao à l’ouverture du 17e Congrès du Parti communiste chinois est illustratif à ce sujet. Aussi, faut-il noter que Taïwan est le plus grand investisseur à Shangaï où presque 70% des investissements économiques sont du fait des Taïwanais. En dehors du contentieux diplomatique et de reconnaissance, ces deux frères s’entendent parfaitement sur les autres points. Ce pourquoi je souhaite aussi que les autorités burkinabè puissent diversifier leurs relations, en tendant la main à tous.

Au terme donc de ce voyage, que vous reste-t-il à dire à vos partenaires chinois ?

• Nous n’aurons de cesse de prêcher à l’égard de nos partenaires le renforcement de nos relations amicales, culturelles et économiques. Notre vœu est qu’ils nous aident à sortir du sous-développement et qu’ils tendent la main à notre pays afin qu’il puisse, lui aussi, bénéficier de sa croissance exceptionnelle et de son expérience enrichissante. Enfin, il ne serait jamais de trop de manifester notre gratitude à l’Association d’amitié entre les peuples de Chine et d’Afrique qui a facilité notre séjour, et tous ceux qui n’ont ménagé aucun effort pour partager avec nous leurs expériences, leurs connaissances et leur savoir-faire.

Entretien réalisé à Pékin par Bernard Zangré


Alain Roger Coéfé : "Faire bénéficier à notre pays les avantages liés aux économies d’échelle"

Homme d’affaires averti, Alain Roger Coéfé, président du Conseil d’administration de la Maison de l’entreprise du Burkina, parle donc avec autorité. Son séjour en République populaire de Chine aux côtés du FASIB est par conséquent digne d’intérêt. Retour aux sources avec cet ancien ministre du Commerce qui y était déjà en 1984.

Depuis quelques années, la foire de Canton est devenue pour vous une tradition. Quelles sont vos principales motivations ?

• Pour nous, il s’agit essentiellement de trouver de nouvelles opportunités pour développer les affaires au Burkina Faso, et amener les opérateurs économiques burkinabè à travailler avec la Chine populaire. Comme vous le savez, la Chine est devenue l’usine du monde car, tout ce qui se consomme, ce qui se produit pratiquement sur cette planète-là, pour la plus grande partie de la population mondiale, est fabriqué en Chine. Donc, il est important pour nous d’être présents, et surtout de bénéficier des économies d’échelle, puisque ça nous permet d’avoir les marchandises que nous avons l’habitude de consommer en passant par l’Europe aux environs de 30 à 50% moins chères. Donc, tant sur la qualité que sur le prix, nous avons des avantages indéniables. Et en plus de cela, nous pouvons développer des relations économiques, culturelles, amicales et fraternelles entre le peuple burkinabè et le peuple chinois.

Président du Conseil d’administration de la Maison de l’Entreprise du Burkina, cette année, vous êtes à Pékin, dans le même navire que le Forum d’amitié sino-burkinabè (FASIB). Est-ce à dire que vous partagez les mêmes objectifs ?

• Oui, certainement ! L’objectif essentiel est d’améliorer le bien-être du peuple burkinabè. Et je pense que les objectifs du FASIB vont également dans ce sens-là. Nous, c’est le volet économique qui nous intéresse. C’est-à-dire, tout mettre en œuvre pour que nous puissions participer au commerce mondial, au commerce avec la Chine et faire bénéficier à notre pays et à notre peuple des avantages liés à ces économies d’échelle dont je parlais tantôt, qui permettent d’avoir le meilleur rapport qualité-prix pour les produits que nous importons. Il faut savoir que, dans le monde, pour les produits de grande masse, il convient de dire que plus de la moitié de ce qui est consommé dans le monde est fabriqué en Chine. C’est donc important que nous soyons là.

Mais quel est, aujourd’hui, le volume des échanges commerciaux entre le Burkina et la Chine ?

• Je n’ai pas les chiffres en tête, mais puisque vous posez la question alors que je ne suis pas préparé pour répondre, ce que je sais, c’est que le commerce avec la Chine va en s’intensifiant. L’essentiel du coton burkinabè va en Chine. Certains disent 70%, et d’autres plus. Les produits de première nécessité que vous voyez au pays, tout ce qui est textile, hygiène, habillement, matériaux de construction, etc., commence à venir de Chine. Ça veut dire que le commerce avec la Chine va en s’accroissant comme cela se fait pour l’ensemble du monde entier. Notre pays n’étant pas hors du globe, forcément, notre commerce avec la Chine va aller en se développant.

Ce constat vous conforte-t-il à dire que les hommes d’affaires chinois sont les bienvenus en terre burkinabè ?

• En tout cas, comme le dit si bien un adage de chez nous, si tu ne peux rien contre le voleur, il faut l’accompagner. Donc je pense que nous devons accompagner le mouvement et essayer d’en tirer les bénéfices.

Si ce n’est un secret, ils sont combien les hommes d’affaires chinois installés au Burkina Faso ?

• Il y a quelque un millier de Chinois qui se sont installés au Burkina Faso, qui travaillent dans le commerce général, l’électronique, l’agriculture, dans beaucoup d’autres domaines. Je pense que cela va aller aussi en s’accroissant. Il revient au Burkina Faso de créer les conditions pour accueillir ces nouveaux immigrants, ces nouveaux investisseurs et essayer de tirer partie de cette situation, en mettant en place les meilleures conditions possibles pour le développement des relations commerciales entre la Chine et le Burkina Faso.

Mais ils sont nombreux déjà les Burkinabè qui redoutent l’invasion des hommes d’affaires chinois. Seriez-vous du même avis ?

• Oui ! L’invasion est là, mais il faut faire avec. Je pense que c’est un combat d’arrière-garde ! Il faut s’organiser simplement ; travailler, puisque là nous avons un mouvement qui est mondial. Il faut donc appréhender les forces et les faiblesses de ce grand mouvement et voir comment nous pouvons nous y insérer, et tirer notre épingle du jeu, c’est tout !

Entretien réalisé à Pékin par Bernard Zangré

L’Observateur Paalga

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