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Côte d’Ivoire : Selon que tu es Blanc ou Noir...

Publié le lundi 31 mai 2004 à 15h36min

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Depuis la "disparition" en avril dernier en Côte d’Ivoire du journaliste franco-canadien Guy André Kieffer, les médias occidentaux, notamment français, se sont mobilisés pour donner à l’information le plus large écho possible. Au point que ce triste événement, très condamnable dans ce pays "sans paix ni guerre’’, prenne des dimensions considérables pour ne pas dire internationales.

Les plus hautes autorités politiques françaises dont le président Jacques Chirac seraient intervenues auprès des dirigeants ivoiriens pour que Guy André Kieffer soit vite retrouvé". Alors que des informations font état dans certains milieux de la mort du journaliste franco-canadien, le premier secrétaire du Parti socialiste français (PS), M. François Hollande, connu pour ses sympathies pour Gbagbo et son silence sur les meurtres, les assassinats en Côte d’Ivoire, élève le ton et menace le pouvoir ivoirien.

Il en était de même quand en octobre dernier et toujours en Côte d’Ivoire, le journaliste français Jean Hélène fut froidement abattu dans l’exercice de ses fonctions par un policier ivoirien. Chirac a vite réagi pour dire, entre autres, que qui sème le vent récolte la tempête.

Une allusion directe à la politique d’exclusion, de haine, d’intolérance du pouvoir ivoirien qui ne peut engendrer que violence et mort. Il a fallu que Gbagbo fasse juger l’assassin de Jean Hélène pour pouvoir se rendre en visite de travail en France. Et cela parce que le président français l’a exigé.

Comme Guy André Kieffer et Jean Hélène, des journalistes ivoiriens comme H. Camara, artiste et homme de media, ont été assassinés dans l’exercice de leur fonction, gratuitement et pratiquement dans l’anonymat en Côte d’Ivoire. Ils ont tous perdu la vie dans un pays où la vie humaine n’a aucune valeur et pour les mêmes causes : être au service de l’information et de la paix.

Les morts se valent, les vies devraient se valoir. Mais dans la Côte d’Ivoire de Gbagbo, ce n’est pas du tout le cas. Depuis près de quatre (4) ans, ce sont des milliers de personnes qui ont été tuées sans que la communauté internationale ne réagisse au-delà des seules condamnations verbales. Il est fait état de plusieurs charniers, de tombes profanées, de corps jetés dans des puits sans que cela n’émeuve certains esprits au Parti socialiste français pour ne citer que cet exemple. Selon que la victime est un Blanc ou un Noir, on réagit différemment. On l’a vu au Rwanda : les Américains ont été parmi les premiers à plier bagages quand le génocide a commencé. Parce que les victimes ne sont pas des Américains.

La communauté internationale pourra-t-elle continuer à réagir ainsi face à la situation de blocage politique en Côte d’Ivoire ? Les autorités françaises attendent-elles que d’autres Français soient tués comme l’ont promis les milices de Gbagbo pour qu’elles cessent "l’équilibrisme’’ que leur reprochent les deux camps antagonistes ivoiriens ?

A tort ou à raison, une certaine opinion soutient que tant que ce sont les Noirs qui se tuent en Côte d’Ivoire, la France laissera faire. Pendant combien de temps cela durera-t-il dans l’état actuel de la situation et à la lumière des massacres du mois de mars dernier ?

Gbagbo a quant, à lui, franchi le pas dans la rupture avec Marcoussis en renvoyant trois ministres et en s’apprêtant, dit-on, à nommer un autre Premier ministre à la place de Seydou Diarra. Et cela contrairement aux accords et aux nombreuses mises en garde dont celles des grandes puissances. Que faut-il qu’il fasse encore pour prouver qu’il se moque éperdument de Linas Marcoussis et qu’il se prépare à la reprise de la guerre ? Qu’il tue plus de Blancs ?Peut-être.

Bessia BABOUE
Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 1er juin 2004 à 01:05 En réponse à : > Côte d’Ivoire : Selon que tu es Blanc ou Noir...

    Blanc ou noir .... ??

    Non, ce n’est pas le problème. Mais riche ou pauvre, puissant ou faible, ressortissant d’un état puissant ou non, voilà la vraie différence.

    Veillons donc à ne pas distiller cette vision bêtement colorée. Celle-là même qui conduit au racisme, à l’"ethnicisme" qui nous fait tant de mal. Soyons dignes, en ne tombons pas nous aussi dans ce piège.

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