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Paysage politique : La force des réformes

Publié le mardi 23 octobre 2007 à 09h10min

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Les dispositions constitutionnelles actuelles instituant le pluralisme intégral ont favorisé la création de nombreux partis politiques, une centaine environ actuellement. Issus de toutes les obédiences ils participent tant bien que mal au renforcement de la démocratie même si certains d’entre eux malheureusement méconnaissent les principes fondamentaux.

paysage politique burkinabè a été très enrichi après l’adoption de la constitution du 2 juin 1991. Ladite constitution codifie clairement les aspirations d’un peuple qui sortait d’une dizaine d’années d’Etat d’exception et qui, recouvrant la liberté, a vu exploser celles-ci en une myriade de formations politiques, chacune exigeant une représentation et une légitimité. Ainsi depuis l’instauration du multipartisme, on assiste fréquemment à des débats d’idées incisifs sur la politique nationale, des alliances ou des scissions au gré des humeurs et des conjonctures, autant de faits qui traduisent le dynamisme de la vie politique.

Si les partis politiques se créent en vue de la conquête du pouvoir et de son exercice, cependant, il se trouve que de par le passé, les questions électorales ont eu souvent à les diviser. Ceux de l’opposition dite radicale ont longtemps joué à la politique de la chaise vide en boycottant des scrutins. Par la suite, il s’est révélé que les partis politiques qui se livraient à ces « jeux » de boycott étaient réduits à leur plus simple expression car ils avaient fini par se mettre en rupture de ban avec leurs militants de base et leur électorat.

En plus, ils ne manquaient pas de se faire hara kiri sur certains intérêts communs. Ainsi, l’opposition burkinabè compte tenu de son incohérence et de sa désunion était peu présente dans les instances électives.

Parlant de désunion, on note que les partis politiques de la même tendance idéologique ont toujours du mal à se regrouper surtout quand vient le moment des scrutins. Les tentatives de regroupement du G14 ou de Alternance 2005 n’ont pu survivre aux querelles de leadership. Cette opposition était même parvenue à une bipolarisation avec des appellations du genre « opposition modérée » ; « opposition radicale ». La conséquence logique de cette situation, on n’a pas besoin de dire, est qu’elle faisait le lit pour des victoires massives du parti au pouvoir.

Face à cet état de fait, les autorités soucieuses d’une meilleure implication de tous les acteurs politiques dans la gestion de la cité ont accepté de mettre en oeuvre une batterie de mesures pour accroître les chances des partis d’opposition ou des petites formations politiques d’être présents dans les instances électives. C’est dans ce sens que sont intervenues les réformes politiques : la mouvance présidentielle et l’opposition s’étaient réunies à deux reprises pour une relecture des différents textes en vue de les améliorer.

En plus du fait qu’ils aient abouti à la création de la CENI, les débats sur les réformes ont aussi permis de donner un statut à l’opposition à travers l’adoption d’une loi y relative. Celle-ci permet de mieux préciser le rôle et les droits de l’opposition tout en lui assurant un meilleur ancrage démocratique dans le dispositif institutionnel. Selon les dispositions de cette loi, le chef de file de l’opposition est le responsable du parti de l’opposition ayant le plus grand nombre d’élus à l’Assemblée nationale.

Ces réformes ont également touché la sempiternelle question du financement des partis politiques et des campagnes électorales, posée avec insistance par les partis d’opposition. Elle a abouti à l’adoption d’une loi qui permet de systématiser, d’élargir et de démocratiser le financement public des activités politiques.

Le clou de ces réformes aura été la loi sur la charte des partis politiques qui est comme un code de bonne conduite à même de les responsabiliser davantage dans le jeu politique. Toutefois des questions telles que la limitation des partis politiques et du nomadisme ont été esquivées par tous les protagonistes comme s’ils voulaient éviter les points sur lesquels ils auraient eu de réelles difficultés à trouver un consensus. Néanmoins ces réformes ont été un tournant décisif du processus démocratique de notre pays. Les nouvelles dispositions constituent des avancées importantes dans l’enracinement de la démocratie car elles font l’objet de consensus de la majorité de la classe politique.

Par Drissa TRAORE

L’Opinion

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