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Législatives au Togo : L’exception n’a pas eu lieu

Publié le lundi 22 octobre 2007 à 07h21min

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Le Togo n’a pas fait exception à la règle. Celle de réussir des élections propres et incontestables en Afrique. Tout était bien parti pour gagner ce pari. Après les accords politiques sous la supervision du facilitateur Blaise Compaoré, paraphés à Ouagadougou mais signés à Lomé en août 2006, les Togolais ont pris conscience qu’une page de leur histoire doit être tournée.

Toute la classe politique s’est résolument mise au travail pour aplanir les adversités d’antan dans l’espoir de bâtir une nouvelle société démocratique où tous les fils et filles sont appelés à apporter leur pierre à la "reconstruction" d’un Togo nouveau où il fait bon vivre. Tout cela doit passer inéluctablement par des scrutins libres, transparents et populaires. Aussi les législatives anticipées du 14 octobre 2007 constituaient-elles ce premier rendez-vous sur la voie de la démocratie tant prônée par tous les acteurs de la scène politique.

Toutes les dispositions donnant des garanties pour un tel objectif avaient été prises pour la circonstance. Révision des listes électorales, constitution d’un bulletin unique, établissement de cartes d’électeur sécurisées, ouverture des médias publics à tous etc., sont autant de faits et d’actes qui ont mis en confiance tous les protagonistes. Dans le même ordre d’idée, on citera ce dernier recours au facilitateur à la veille des élections pour dégoupiller la "crise" qui couvait autour de l’authentification des bulletins de vote.

La trouvaille des timbres même si elle n’a pas dissipé complètement les inquiétudes de fraudes, a néanmoins calmé les ardeurs et sauvegardé cette volonté d’aller aux urnes. Pour preuve, avec un taux de participation de plus de 80% , on ne peut pas dire que les Togolais n’ont pas répondu à l’appel de leurs leaders. Ils ont même surpris avec ce score nettement au-dessus de la moyenne qu’on rencontre dans bon nombre de pays africains. Ce score, il faut le dire, traduit non seulement le résultat du travail en amont qui a mis en confiance les populations, mais aussi leur volonté de changement. Bien sûr que la volonté n’est pas forcément la réalité. La proclamation des résultats qui donne une majorité absolue au Rassemblement du peuple togolais (RPT) avec 49 sièges sur les 81, semble pour l’instant , remettre en cause ces "acquis".

L’Union des forces du changement (UFC) de Gilchrist Olympio, qui suit avec 23 sièges, a vite fait de crier à la fraude. En effet, au moment où la plupart des analystes avaient souligné au préalable, qu’au regard du mode de scrutin, qu’aucun parti ne pourra requérir une majorité absolue, la "victoire" du RPT qui reste encore à confirmer par la Cour constitutionnelle, ne peut que créer la suspicion.
C’est bien que l’UFC se plaigne et donne de la voix. C’est son droit le plus absolu , mais il faut le faire dans les règles de l’art sans haine ni passion même si parfois , il est difficile de se contenir.

Pour ce faire, il faut saluer la décision citoyenne et responsable du leader de l’UFC, Gilchrist Olympio de transmettre sa plainte à la Cour constitutionnelle. Souhaitons aussi que dans la même logique, l’UFC accepte la sentence que viendrait à donner cette instance républicaine à sa requête. En tous les cas , l’UFC ne devrait pas en faire une focalisation dans sa quête d’un changement au Togo.
Si en 2002, en raison du boycott des principaux partis d’opposition, le RPT avait raflé 72 sièges sur 81, aujourd’hui, les choses se présentent autrement , même si tout n’est pas parfait.
Il faut donc accepter de faire des concessions et opter pour la politique des petits pas.

Cela ne doit point dédouaner les tenants du pouvoir qui ont un peu prêté le flanc en laissant des failles compromettantes que l’opposition peut exploiter à bon escient.
Le facilitateur, Blaise Compaoré , a bien joué sa partition comme le reconnaissent , du reste , les Togolais eux-mêmes. La balle est maintenant dans les pieds de Faure Essoazimna Gnassingbé ; à lui de savoir la jouer. "C’est bon mais c’est pas arrivé".

Par Zakaria YEYE

Sidwaya

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