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<I>L’Opinion</I> : 10 ans et un pas dans l’avenir !

Publié le jeudi 18 octobre 2007 à 07h58min

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Issaka Lingani

Le chemin qui reste à faire est très long et les défis à relever seront encore difficiles. Nous en sommes conscients et sommes parés pour, avec l’espoir de vous avoir toujours à nos côtés.
C’est le pari que nous prenons, convaincus que rien n’est acquis d’avance et que plus que jamais le contexte sociopolitique national s’y prête.

Avant de nous tourner vers cet avenir nous avons trouvé judicieux de jeter un coup d’œil dans le rétroviseur pour voir d’où nous venons. Voilà pourquoi nous avons décidé de revisiter tout le parcours de ces 10 années à travers un retour sur les principaux grands sujets que nous avons traités.

Lorsqu’il y a 10 ans nous nous lancions dans cette aventure (la création d’un hebdomadaire d’opinion), si nous subodorions que ça n’allait pas être de la tarte au vu de l’effervescence politique du moment et des pratiques des acteurs du monde sociopolitique, nous étions néanmoins loin d’imaginer que le chemin serait autant couvert de ronces.
10 années d’un combat quotidien qui a permis de renouveler chaque semaine le rendez-vous avec les lecteurs avec une foi jamais mise à défaut en dépit d’un contexte national parfois si trouble qu’on avait du mal à en déchiffrer les tenants et les aboutissants. Il faut le dire, personne ne nous a fait de cadeau et d’ailleurs nous n’en demandions pas.

Et pourtant il fallait toujours répondre présent pour vous apporter ce que nous nous étions engagés à faire : vous informer et vous aider à forger votre opinion sur toutes les questions d’intérêt national ou international sans céder à la tentation des raccourcis et de l’ostracisme qui aurait permis de faire l’économie de quelque effort. Pendant ces 10 années, nous avons autant que faire se pouvait essayé d’être au carrefour de vos interrogations afin de vous proposer des réponses et des pistes de réflexion à travers des échanges que nous avons voulus ouverts et dynamiques. Nous avons aussi voulu être utiles à notre nation en mettant en avant notre responsabilité sociale malgré un contexte où la recherche du sensationnel et du scoop est la chose la mieux partagée. Dieu seul sait si nous aurions fait de bonnes récoltes si nous nous étions engagés dans cette voie.
Avons-nous été à la hauteur de vos attentes ? C’est la question que nous nous posons tout en sachant que la seule réponse valable vous appartient.

Dans tous les cas, s’il est une réalité, un fait qui ne peut souffrir d’aucune contestation, c’est qu’au bout de ces années nous pouvons affirmer sans paraître trop prétentieux que L’Opinion a conquis un espace dans le paysage médiatique national. En témoignent les avis que nous avons recueillis auprès de représentants de divers courants d’idée du landerneau politique, d’acteurs de la scène sociopolitique et de professionnels du monde médiatique. Sans complaisance et sans langue de bois ils nous ont jugés laissant tomber quelque fois des sentences dures mais à chaque fois argumentées par des avis motivés que nous nous faisons fort de prendre en compte pour nous améliorer davantage. C’est le but du jeu et nous remercions sincèrement toutes ces personnalités pour leur honnêteté et leur franchise.
Le chemin qui reste à faire est très long et les défis à relever seront encore difficiles. Nous en sommes conscients et sommes parés pour, avec l’espoir de vous avoir toujours à nos côtés.

C’est le pari que nous prenons, convaincus que rien n’est acquis d’avance et que plus que jamais le contexte sociopolitique national s’y prête. Avant de nous tourner vers cet avenir nous avons trouvé judicieux de jeter un coup d’œil dans le rétroviseur pour voir d’où nous venons. Voilà pourquoi nous avons décidé de revisiter tout le parcours de ces 10 années à travers un retour sur les principaux grands sujets que nous avons traités. La liste est loin d’être exhaustive. Tout simplement parce que nous avons à toutes les occasions donné notre lecture sur les évènements majeurs qui se sont produits aussi bien dans le pays qu’ailleurs. En dix ans cela fait un bon paquet. Nous reprenons aussi quelques articles symboliques qui ont marqué notre publication. C’est le cas de la « Mercedes tueuse » publiée dans le n°00 et qui nous a valu un interrogatoire serré de près de 8 heures chez le Procureur du Faso et à la Brigade de Gendarmerie de Ouagadougou.

Nous avons voulu ce petit détour pour affirmer davantage nos opinions à un moment où le pluralisme médiatique offre aux lecteurs une multitude de lignes éditoriales qui ne font aucune concession sur leur indépendance ; et elles ont raison. C’est à l’honneur de notre pays, particulièrement des femmes et des hommes de médias. Cela n’a pas toujours été ainsi puisqu’il n’y a pas encore longtemps certains acteurs de la scène sociopolitique ne voyaient pas les choses ainsi. De guerre lasse ils en sont à subir le fait et la meilleure réponse à leur apporter c’est de continuer à faire vivre nos différentes opinions sans aucun état d’âme. L’Opinion assumera sa part de « boulot » dans cette occurrence. Sans provocation, mais sans faiblesse. Notre leitmotiv est de convaincre, pas d’imposer encore moins de flatter des egos ou les bas sentiments de qui que ce soit.

Voilà pourquoi, comme hier, nous nous battrons pour nos idées et nos opinions sans rien céder. Ni aux puristes de la chose journalistique qui sont trop loin des dures réalités quotidiennes des médias pour sortir de leurs théories, ni aux partisans de la pensée unique qui ont trop compris l’intérêt de la bataille des opinions et qui refusent de la livrer préférant se rabattre sur les clichés et un manichéisme dans lequel nous serions pour le moins le mal absolu, ni à tous ceux qui, adeptes des compromissions souhaiteraient que nous menions profil bas au prétexte que nous pourrions faire nôtre l’adage selon lequel « le chien aboie, la caravane passe ». L’histoire récente nous a beaucoup édifiés sur notre responsabilité sociale et historique pour qu’il en soit autrement.

Au moment de terminer ces quelques mots, comment ne pas avoir une pensée pieuse à l’endroit de tous en cette fin de mois de pénitence pour les musulmans. Puisse le Seigneur Tout-Puissant et Miséricordieux accorder paix, sécurité et progrès à notre nation et à tous ceux qui partagent notre quotidien. Dans l’Edito du N°00 nous disions déjà que L’Opinion n’aurait pas vu le jour sans la volonté de Dieu. Nous disons aujourd’hui qu’il n’aurait pas traversé ces 10 ans sans sa protection. Nous lui confions notre avenir.

Par Cheick AHMED


Ce qu’ils pensent de nous

A l’occasion du 10e anniversaire de votre journal, nous avons approché plusieurs personnalités de sensibilité diverses d’envergure nationale pour avoir leur regard critique sur la presse burkinabè dans son ensemble, leurs avis sur les lignes éditoriales et leur opinion sur le rôle de L’Opinion dans le pluralisme du débat démocratique.

Boureima Jérémie SIGUE, directeur de publication des Editions « Le pays » : “Chaque journal a sa place…”

- Regard critique sur la presse
burkinabè
C’est une presse responsable, qui a le sens de ses responsabilités sociales, qui fait son métier avec beaucoup de conscience et de hauteur. Ce qu’on a appelé ici le printemps de la presse burkinabè où foisonnaient des titres est maintenant révolu. Quelque temps après la nature a fait son œuvre et les titres qui sont aujourd’hui sur la place publique sont de façon générale, des titres sérieux et ont une bonne conception de leur rôle et responsabilité sociale.

Quid des lignes éditoriales ?
Vous ne pouvez pas empêcher les gens de dire ce qu’ils pensent. L’essentiel est que chacun prenne conscience de la nature de la ligne éditoriale ou la position de sa ligne éditoriale. C’est tout à fait normal que chacun ait la liberté de juger chaque journal aussi bien dans le fond que dans la forme.

- L’Opinion dans le pluralisme du débat démocratique
Je pense qu’il apporte sa contribution au débat, dans l’édification de la démocratie burkinabè. J’aime à dire que chaque journal a sa place dans une société même dans celle comme la nôtre. Il faut même des journaux de plusieurs lignes éditoriales parce qu’il faut du tout pour faire un monde pour que chacun puisse trouver son compte.
C’est un confrère que je respecte aussi bien à travers son directeur de publication et la ligne éditoriale du journal. Je me dis qu’il faut dans une société aussi ouverte que la nôtre beaucoup de journaux de tendances différentes. Je respecte « L’Opinion » et les journalistes qui y travaillent ; je les encourage à plus de rigueur professionnelle.
Je souhaite que les interviews notamment quand elles sont réalisées puissent être traduites le plus fidèlement possible sans altération volontaire ou involontaire. Je fais confiance à « L’Opinion » pour cela.

Pr Serge Théophile BALIMA, directeur de l’IPERMIC : “L’Opinion fait désormais partie du paysage médiatique du Burkina Faso »

Regard critique sur la presse burkinabè : La presse burkinabè dans son ensemble a connu une évolution notable sous la IVe

République : les titres et les stations de radio se sont multipliés. Sur le plan quantitatif, le progrès est considérable.
Dans le fond, la diversification de l’information ne s’est pas toujours accompagnée de bonnes pratiques professionnelles. La dimension qualitative est loin d’être achevée parce que beaucoup de facteurs expliquent aisément les insuffisances que l’on peut relever dans le contenu des médias : les pesanteurs du milieu ambiant, la recherche de la facilité, le goût des vérités faciles, la non maîtrise des genres journalistiques, la complexité des pratiques éthiques et déontologiques, les déficits de formation, les besoins alimentaires, la pauvreté.

- Quid des lignes éditoriales ?

La liberté de la presse est un droit reconnu par le code de l’information du Burkina Faso. Dans ce contexte, il y a plusieurs façons d’user de cette liberté pour le bien commun. Pour les uns, le journal est une institution sociale à vocation politique parce qu’il traite des questions publiques. Pour les autres, sa vocation professionnelle doit le tenir à l’écart des prises de position politique. Ces deux conceptions illustrent une réalité : celle que le journalisme est le résultat cumulé de l’expérience individuelle et subjective de ceux qui le pratiquent et de celles des patrons de presse.

Plus nettement, la presse d’opinion ou celle qui s’en réclame doit se présenter comme telle aux lecteurs par souci de transparence démocratique, et par respect pour les citoyens. Il suffit pour cela de se proclamer journal d’opinion même si, intellectuellement, la frontière entre information et opinion est parfois mouvante.
En d’autres termes, dans une démocratie, le citoyen est libre de rendre son opinion publique et de la manifester sur l’espace public. Tout comme il peut choisir sa religion, sa mosquée, son temple ou sa chapelle, à condition seulement d’assurer aux autres membres de la société la jouissance de ces mêmes droits. Autrement, la liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui.

En positionnant L’Opinion comme un journal engagé, vous avez fait l’option de soutenir un gouvernement, un pouvoir, un parti politique. Si le choix ne peut être discuté au nom de la liberté que garantit la loi, il vous appartient, dix après, d’analyser votre journalisme d’information et de voir dans quelle mesure vos réflexions et écrits participent-ils à la consolidation de la bonne gouvernance.
A mon humble avis, le soutien qu’un journal peut apporter au système de gouvernance peut être de bon aloi quand il est éclairant, quand il apporte aux citoyens l’information dont les Burkinabè ont besoin pour être libres et autonomes dans leur jugement. Il s’agit de soutenir d’abord les citoyens pour mieux soutenir les gouvernants dans la bonne direction. Dans le même principe, le journal d’opinion peut faire œuvre utile s’il concilie les règles professionnelles et le souci de ne pas induire les citoyens en erreur.

- L’Opinion dans le pluralisme du débat démocratique

L’Opinion fait désormais partie du paysage médiatique du Burkina Faso. En dix ans, il s’est frayé un certain chemin mais son image reste controversée au point que le lectorat moyen a du mal à y trouver la sérénité dans le traitement de l’information. Les écrits souvent polémistes et passionnels jettent un trouble sur la ligne éditoriale du journal qui gagnerait à s’intéresser davantage à tous les acteurs de la société avec un esprit d’ouverture et de tolérance. C’est la façon la plus utile de jouer son rôle dans le pluralisme médiatique en sauvegardant l’indispensable esprit de corps sans lequel le journalisme ne peut consolider sa vocation de dire la vérité ou ce qu’il croit être la vérité. D’une certaine façon, le journal L’Opinion doit savoir que les citoyens, exigeants en matière d’information, lisent plusieurs journaux, écoutent des radios étrangères pour faire des recoupements et déceler ce qu’ils ont besoin de savoir. Ils choisissent la subjectivité, la sensibilité et le degré d’objectivité qui leur conviennent.

C’est pourquoi un journal d’opinion politique doit cultiver la prudence au fil des expériences pour éviter des mises en causes peu fondées, le risque d’être manipulé par les contingences politiques.
Le traitement engagé et partisan de l’information dans une presse dite d’opinion est légitime. Cependant, le problème de l’information nécessaire pour savoir ce qui se passe au Burkina Faso et dans le monde, est inséparable du problème de l’interprétation par le système d’idées qui l’intègre, la situe ou la rejette. Je veux dire qu’un point de vue est rarement faux mais il est surtout limité, réducteur, n’abordant qu’un aspect, qu’une dimension, qu’un seul niveau d’observation. En être conscient, permet de comprendre que l’on ne peut isoler l’information du contexte historique, du problème social, de la mouvance idéologique et des questionnements de l’esprit humain sans affecter la fiabilité du journal. Il faut se souvenir que la communication n’a de pire ennemie qu’elle-même.

Emile PARE, président du MPS/PF : “L’Opinion force la défense du pouvoir”

Regard critique sur la presse burkinabè

En ce qui concerne la presse burkinabè, nous pourrons dire qu’il y a eu une avancée notable depuis l’entame du processus démocratique. Beaucoup d’organes sont nés avec leurs lignes éditoriales diversement assumées. Nous pensons que la liberté de presse a été beaucoup approfondie. Je salue cette initiative même si tout n’est pas encore parfait.

- Quid des lignes éditoriales ?

J’ai toujours été partisan de la liberté de presse bien entendu au sens de la libre expression des journalistes, des citoyens. J’ai été également partisan de lutte pour l’indépendance de la presse. Qu’une presse soit proche du pouvoir ou de l’opposition ou soit « neutre » moi en tant qu’homme politique, cela ne me pose aucun problème. J’estime que cet état de fait signifie « expression plurielle ». En tant que chef de parti cela ne me gênerait pas de créer ou d’apprécier une presse qui sera proche de mon parti. Par contre, il faut que la presse soit dans sa liberté crédible. Il ne faut pas fabriquer de l’information parce que cela peut tuer la démocratie. C’est ce que nous appelons les presses partisanes, c’est-à-dire que même quand le mur est rouge, on veut démontrer le contraire.

A force de vouloir être très proche du pouvoir on en vient à donner des informations qui ne sont pas intellectuellement justes. Que ce soit l’opposition ou le pouvoir, la vérité avec grand « V » doit demeurer le socle de la démocratie. Cette liberté doit s’exprimer en faveur de la promotion de la démonstration de la contradiction juste des idées.

- L’Opinion dans le pluralisme du débat démocratique
J’ai suivi la création de « L’Opinion ». J’ai lu à plusieurs reprises et intervenu dans ses colonnes. Sa création est une bonne chose. Dans sa ligne éditoriale, j’ai constaté que « L’Opinion » est proche du pouvoir. Ses positions semblent être des positions à même de soutenir le pouvoir ou de l’appuyer ou le défendre. Ce qui est normal. Je trouve souvent que « L’Opinion » force la défense du pouvoir parce qu’un certain nombre de faits semblent évidents, clairs.

Défendre certes le pouvoir ; mais dans le respect de certaines vérités scientifiques élémentaires. Quelque part je trouve que ce journal dérape dans ce sens. Je crois que les 10 ans doivent permettre à « L’Opinion » d’évaluer son action. Certes un homme politique de l’opposition peut ne pas épouser la ligne éditoriale de « L’Opinion », mais quelquefois ce journal ouvre ses colonnes à des opposants. Je l’invite à ouvrir sa ligne éditoriale à la défense de la démocratie vraie. A force de défendre l’indéfendable on risque de ne pas être compris. Particulièrement sur « l’Affaire Norbert ZONGO », je n’approuve pas la position de ce journal sur la question.

Je crois que n’importe quel journaliste qu’il soit du pouvoir ou de l’opposition doit travailler à la manifestation de la vérité, au nom de l’esprit de corps. Si un journaliste de l’opposition est attaqué aujourd’hui, moi Emile PARE, président d’un parti d’opposition, je défendrai au nom des droits de l’homme, la vérité et la justice pour lui. Cela est une critique majeure que je formule à « L’Opinion » après 10 ans de vie, si ça peut être exploité à bon escient, j’en serai ravi.

Edouard OUEDRAOGO, DP de « L’Observateur Paalga » : “Il faut surtout être cohérent dans ce qu’on fait”

Regard critique sur la presse burkinabè

Je porterai mon jugement sur la presse écrite que je connais le moins mal. Sur le plan purement de la qualité technique, graphique, illustration, les journaux ont fait un bond qualitatif ces deux dernières années. La plupart, même les quotidiens, sont tirés en quadrichromie ce qui donne du confort aux lecteurs.
Ce plan du fond, je trouve que la presse écrite burkinabè en comparaison à celle de pays comparables tient très bien. Ce sont des journaux professionnels rédigés dans le respect des minimas des fondamentaux de l’éthique et de la déontologie du métier quelle que soit l’orientation de la ligne éditoriale. Je peux même dire que globalement nous sommes peut-être légèrement au-dessus de la moyenne, d’où une presse responsable.

Quid des lignes éditoriales ?

Pour avoir souffert de ce jugement, depuis que nous existons, j’ai suffisamment de recul sur la question. Pendant longtemps on a assimilé « L’Observateur » à l’opposition, simplement parce que c’était à travers nos colonnes que tous ceux qui n’étaient pas au gouvernement s’exprimaient notamment, les partis d’opposition, les syndicats ou d’une manière générale ceux qui avaient quelque chose à dire et dont la position institutionnelle ne leur permettait pas d’avoir accès aux médias d’Etat. Par la suite, quand nous avions repris en 1991, une certaine opinion de l’ODP/MT nous a catalogués dans l’opposition. Avec l’affaire Norbert ZONGO où nous avons essayé d’avoir une ligne équilibrée malgré le côté personnel et émotionnel de la situation, on nous a indexés comme un journal proche du pouvoir. C’est beaucoup plus un problème de perception que la vraie réalité.

Les gens ont ce sentiment simplement parce qu’un journal à un moment donné ou sur une question donnée ne va pas dans le sens de ce que eux auraient voulu qu’il s’exprime. Un journal qui veut être critique vis-à-vis du pouvoir, ce qui est son droit et même son devoir, on l’accuse de ramer pour l’opposition. Il y a deux aspects, des journaux d’information générale, je prends le cas de « L’Observateur Paalga », nous avons été les premiers à être à toutes les opinions. Même celles qui nous condamnaient dont nous savions même que le triomphe sonnerait le glas de la presse indépendante, comme les idées révolutionnaires. Il y a des journaux d’opinion qui ont forcément une ligne éditoriale très précise. Chacun a opté de défendre une certaine orientation politique. Pour moi, il faut être surtout cohérent dans ce que l’on fait. « L’Opinion » a une ligne assez cohérente qui essaie de montrer que la bouteille est beaucoup plus à moitié pleine.

Il y a des journaux comme « L’Indépendant », « L’Evènement » qui pensent qu’elle est plutôt à moitié vide. Le Burkina Faso a besoin de ces deux visions-là. Ceux qui gouvernent en combinant ces deux sentiments prennent conscience qu’il faut toujours travailler davantage pour que la bouteille soit un jour vraiment pleine.

- L’Opinion dans le pluralisme du débat démocratique
« L’Opinion » a sa place dans l’appréciation de l’action gouvernementale. Ce confrère met beaucoup l’accent sur les efforts qui sont vraiment faits pour sortir le Burkina Faso de l’ornière. C’est son rôle, c’est une pédagogie journalistique qu’on doit respecter. J’avoue qu’il fut une époque, où ce journal m’a beaucoup épaté par la qualité formelle des analyses, leur profondeur, et leur acuité. C’est la période de la crise de l’assassinat de Norbert ZONGO.

Luc Adolphe TIAO, président du CSC : “L’Opinion contribue à l’enrichissement du débat démocratique”

Regard critique sur la presse burkinabè

Il faut dire qu’il y a beaucoup d’amélioration aussi bien dans la forme que dans le fond. En ce qui concerne la forme on pourrait, par exemple, noter un changement dans le format, le passage de bon nombre de titres à la couleur. On observe également des efforts rédactionnels appréciables et des progrès notables dans la mise en page.
Dans le fond, j’estime que la presse burkinabè fait preuve d’un relatif sens de responsabilité. Elle a la réputation d’être l’une des plus crédibles et des plus pondérées de la sous-région. On constate moins de manquements comparativement à la situation dans d’autres pays du continent. Les patrons de presse veillent dans l’ensemble au respect de l’équité, de l’éthique, de la déontologie et des normes légales dans le traitement de l’information. Cela se ressent dans la qualité appréciable des rapports que nous entretenons avec la plupart des organes de presse. C’est un comportement que nous saluons. Au cours des dernières élections, par exemple, la presse nationale a globalement fait preuve d’une grande mobilisation qui témoigne de son souci d’accompagner le processus démocratique en cours.

Toutefois, il nous arrive de relever, par moment, des lacunes et manquements professionnels. Je fais allusion, entre autres, au non respect des droits de la personne humaine à travers la publication d’images choquantes ou d’images de personnes présumées coupables d’infractions. Il revient ainsi aux médias nationaux de travailler à relever le défi du respect de l’éthique, de la déontologie et du droit en matière d’information. Le respect de ces normes est le socle sur lequel doit s’appuyer une presse responsable et de qualité.

Dans ce sens, le Conseil apportera toujours sa contribution notamment en matière de formation. Elle est la condition sine qua non d’un journalisme de qualité. Pour le Conseil, l’insuffisance de formation est la première cause de manquements aux normes éthiques et déontologiques. C’est pourquoi nous recommandons au gouvernement de continuer à renforcer son appui aux structures de formation dans le doma ine de l’information et de la communication ; de faire en sorte que le contenu de la formation prenne en compte les besoins des organes de presse et de consacrer, dans la subvention à la presse, un volet à la formation des femmes et hommes de médias. Le Conseil recommande également aux entrepreneurs de presse de faire de la formation de leurs agents leur cheval de bataille.

- Quid des lignes éditoriales ?

Vous parlez de perception. En la matière il est difficile d’avoir une position toute tranchée et d’apporter un jugement de valeur. Autant chaque titre est libre d’avoir sa ligne éditoriale, autant le public doit bénéficier d’une liberté d’appréciation ou de positionnement vis-à-vis des différentes lignes éditoriales. Toutefois, contrairement à certains pays de la sous-région, notre contexte ne comprend pas d’organes revendiquant ou affichant officiellement sa sensibilité. Du reste, il existe au sein du paysage médiatique national de la place pour une presse d’opinion, d’information générale ou spécialisée.
Finalement la presse d’opinion peut être perçue comme un phénomène africain. En dépit de sa contribution à l’exercice des libertés d’expression et de pluralité de la presse, l’avenir de la presse semble beaucoup orienté vers le journalisme d’investigation. Un genre, insuffisamment pratiquée dans notre contexte et qui gagnerait à l’être pour une satisfaction plus accrue du droit du public à une information plus recoupée et vérifiée.

- L’Opinion dans le pluralisme du débat démocratique

D’abord je souhaite un bon anniversaire au journal, à ses responsables et à tous ceux qui l’animent. Aux côtés des autres publications nationales, L’Opinion contribue au renforcement de la culture civique et à l’enrichissement du débat démocratique national.
Dix ans dans la vie d’un journal dans notre contexte méritent d’être salués. Cela au regard des multiples contraintes économiques et socioprofessionnelles qui pèsent sur la plupart des entreprises de presse nationales. Des entreprises qui doivent travailler à vivre en dépit de l’étroitesse du marché de la publicité, de la faiblesse de l’enthousiasme des annonceurs, du coût élevé des intrants, des invendus, de l’absence d’une messagerie, etc, à l’ensemble de ces contraintes on peut ajouter un lectorat peu important disposant d’un pouvoir d’achat faible et une majorité de la population non instruite. Le journal mérite ainsi d’être encouragé dans la mesure où, dans un contexte comprenant autant de contraintes, il n’est pas évident de pouvoir tirer son épingle du jeu. Je constate qu’il y a un réel effort de professionnalisme qu’il fait.

Pr. Luc Marius IBRIGA , Maître assistant de droit public : « On peut défendre tout en critiquant »

- Regard critique sur la presse burkinabè

La presse burkinabè a de tout temps manifesté une propension à donner la parole à son lectorat. La critique que l’on peut lui adresser, c’est qu’il y a très peu d’écrits de fond de la part des journalistes. D’écrits faisant part d’une analyse de fond ou d’enquête fouillée sur un dossier qui permettrait de renseigner véritablement. Parfois on a l’impression que notre presse est abonnée à la rubrique des « chiens écrasés », c’est-à-dire qu’on ne voit pas beaucoup de traitement de l’information, la presse écrite de même que l’audiovisuelle. Beaucoup d’évènements qui se passent auraient mérité une étude plus approfondie.
Des questions sont posées qui ne suscitent pas de la part des journalistes des interrogations. Ils semblent plus liés à l’évènementiel. Une des faiblesses de notre presse c’est véritablement la capacité du corps de journalistes à faire du traitement de l’information.

- Quid des lignes éditoriales ?

C’est une bonne chose dans la mesure où la presse d’opinion doit exister. Quand on est convaincu de quelque chose, on doit pouvoir défendre ses idées et permettre que dans le panel de la presse, il y ait des idées est une bonne chose. C’est le lectorat qui en tout état de cause doit pouvoir tirer les informations et trier ce qu’il veut.
Quand on prend un journal comme « L’Indépendant », on sait qu’il est campé dans l’opposition. Quant à « L’Hebdo » ou « L’Opinion », ils ont tendance à défendre le point de vue du pouvoir en place. Un journal comme « San Finna » on a des opinions venant de l’UNDD, Ex-ADF.
Ce qui n’est pas normal c’est de vouloir faire du journalisme objectif alors qu’on roule pour une chapelle. Là c’est flouer le lectorat. Ces journaux bien que d’opinion peuvent ouvrir leurs colonnes à des personnalités de l’opposition comme de la majorité. Mais le journal reste libre de défendre son point de vue. On ne va pas demander à « Libération » ou au « Figaro » en France d’avoir la même ligne éditoriale. Ils ont des convictions qu’ils affirment.

- L’Opinion dans le pluralisme du débat démocratique
Avec ce journal, j’ai eu à collaborer plusieurs fois. La création d’un organe de plus est une bonne chose dans la mesure où c’est une façon pour des hommes et des femmes de pouvoir exprimer leurs points de vue dans la société. C’est cela qui est le plus important. Le tout n’est pas de dire, il soutient le gouvernement donc on ne le lit pas. Normalement tout homme politique devrait être abonné aux différents journaux qu’ils soient de l’opposition ou de la majorité.

Parfois les journaux qui sont de la majorité peuvent vous donner les ficelles concernant certaines actions que le gouvernement veut entreprendre. De la même manière, ceux de la majorité doivent lire les journaux de l’opposition parce qu’ils traduisent l’état d’esprit de ceux ou des mouvements et actions qui peuvent venir. Pour dire que la pression d’opinion est un révélateur de tendance. En cela c’est une bonne chose. Quand on est convaincu d’une chose on doit pouvoir la défendre sans faire du griotisme. Un journal d’opinion n’est pas celui-là qui manie l’ascenseur. C’est un journal qui à un moment donné doit être critique vis-à-vis de son propre camp, en tirant la sonnette d’alarme.
Le journal doit jouer le rôle d’alerte et d’interpellation même des gouvernants. C’est en cela que je dis que la venue de « L’Opinion » est une bonne chose. Mais que ça soit dans une presse dite de l’opposition ou de la majorité, ce recul critique que doit avoir le journaliste parfois n’existe pas.

Cela devient comme si c’était une obligation de défendre sa chapelle. On peut défendre tout en critiquant. Je considère le journal « L’Opinion » comme un co-pilote en rallye qui est là pour alerter la vigilance du gouvernement ou des forces d’opposition. En cela je dis que « L’Opinion » est la bienvenue.
Mais la tendance à « L’Opinion » souvent est à manier l’ascenseur plutôt qu’à être véritablement critique. Je pense que cette pointe de critique si elle existait aurait permis de corriger un certain nombre de choses au niveau de l’action gouvernementale ou de la majorité qui gouverne.

Professeur Basile GUISSOU, délégué général du CNRST : “L’Opinion apporte sa contribution et Dieu merci”

Regard critique sur la presse burkinabè

J’apprécie très positivement l’effort qui est fait au quotidien pour que nous recevions une presse plurielle relativement indépendante des chapelles politiques. Relativement, je dis bien, parce que je ne crois pas à la presse neutre. Une presse est toujours partisane, plus ou moins, du point de sa ligne rédactionnelle. Cela est positif pour éclairer l’opinion, aider les gens à comprendre les problèmes posés et accompagner aussi les autorités dans leur volonté de mieux faire parce que les critiques si on sait les prendre positivement ça vous aide. L’existence de la presse, c’est des balises, des garde-fous qui aident chacun de nous dans notre comportement au quotidien. J’aurais souhaité mieux car en tant que chercheur, quand je lis certaines appréciations des journalistes sur certains phénomènes sociaux, j’avoue que je tique. Parfois, il y a visiblement de l’inculture, de l’ignorance par rapport à l’histoire du pays des acquis qui existent. C’est la volonté d’aller aux sources, de se cultiver qui manque. On a l’impression que l’information est au premier niveau. A la limite la presse provoque pour voir s’il n’y aura pas de réaction inverse. Pour l’essentiel, la presse burkinabè dans son ensemble tient la route. Il m’arrive de voyager à l’étranger et je n’ai pas honte de la qualité de la presse de chez nous.

- Quid des lignes éditoriales ?

C’est le reflet de notre société politique. Tout le monde n’est pas du même bord, ni de la même sensibilité. Nous avons 126 partis. Ce que je stigmatise en passant pour dire que c’est une foire, une pléthore qui ne nous grandit pas. Pour cause, on n’a pas besoin d’autant de partis pour exprimer les choix politiques de notre pays. Par ailleurs, je pense que la presse fait mieux que les partis politiques parce qu’il n’y a pas 126 journaux. On a peut-être une dizaine ou une quinzaine de titres. Un journal a le droit d’avoir une option plus prononcée pour telle ou telle orientation idéologique et politique plutôt qu’une autre. C’est ça aussi la liberté d’expression des opinions. On peut facilement identifier les journaux qui sont plus favorables à l’action gouvernementale et d’autres qui systématiquement aussi se sentent le devoir de critiquer parfois à l’excès, je pense, ce qu’ils estiment être les dérives du pouvoir. Je pense qu’il y a un minimum commun qu’on doit chercher pour aider l’ensemble de la société à évoluer de la façon la meilleure.

- L’Opinion dans le pluralisme du débat démocratique

« L’Opinion » apporte sa contribution et Dieu merci. Il m’a été donné plusieurs fois de m’exprimer à travers ses colonnes. C’est une tribune qui m’est offerte pour m’exprimer. De ce point de vue, je ne peux que apprécier son existence. Les choix du journal sont les siens, je me dois de les respecter. Chaque citoyen burkinabè qui a la possibilité de créer une tribune d’expression quelles que soient ses opinions politiques est en droit de le faire mais avec professionnalisme et en tenant compte de son rôle d’éclaireur de consciences quelque part. Il y a aussi la responsabilité de ce qu’il publie parce que les conséquences peuvent être bonnes ou mauvaises pour l’ensemble de la communauté. Je préfère qu’on parle de degré de responsabilité plutôt que d’engagement du côté d’un parti ou d’un pouvoir ou de quelque groupe d’intérêt que ce soit.

Jean Léonard COMPAORE : « La presse est le reflet de la société… »

- Regard critique sur la presse burkinabè

Je pense que la presse burkinabè dans son ensemble est une presse digne, une presse responsable. C’est une presse qui joue son rôle dans le paysage démocratique de notre pays. Depuis 20 ans, la presse s’est diversifiée. D’abord au niveau de la presse écrite, il y a plusieurs titres qui permettent au peuple d’avoir des regards différents et c’est ce qui permet aussi d’évaluer et de se former aussi politiquement, économiquement ou socialement. Je crois que la presse a beaucoup contribué à l’évolution démocratique de notre pays. De même au niveau des organes audiovisuels, il y a aussi une augmentation en nombre, avec une diversification des différentes lignes éditoriales. Tout cela participe à la formation du peuple et c’est une bonne chose. C’est vrai que la presse burkinabè a des problèmes, mais c’est des problèmes que vit le peuple burkinabè dans son ensemble : problèmes économiques, problèmes de moyens, etc.
Mais, malgré tout, je pense que la presse burkinabè fait de son mieux pour tirer son épingle du jeu.

- Quid des lignes éditoriales ?

Je pense que voir les choses de cette façon est trop simpliste puisque dans tous les cas de figures toute position ou toute opinion n’est jamais isolée.
D’abord en tant qu’individu, on est dans un circuit familial avant d’être dans celui de la société en général. Tout point de vue exprimé ne rencontre pas forcément l’assentiment de tous les membres de la famille…
Mais globalement tout cela doit concourir à ce que nous vivions ensemble en société. Je ne pense pas que cela soit des antagonismes ou des inimitiés.

Moi, je considère qu’au niveau du Burkina, nous n’avons pas véritablement une presse du pouvoir et une presse de l’opposition, même si certains titres critiquent le pouvoir et/ou louent les actions du pouvoir. Tout dépend de la ligne éditoriale de chacun. Si on se trouve du côté de ceux qui critiquent le pouvoir on est vite taxé de presse de l’opposition, si on commente les faits positifs du pouvoir on est taxé de presse du pouvoir. Mais vous le constater au Burkina, il n’y a pas de griots, les gens même s’ils soutiennent le pouvoir, ils font des analyses critiques quand il le faut. Même certains organes qu’on pense être de l’opposition, s’il y a des points positifs du côté du pouvoir, ils le disent. Je ne pense pas qu’il y a des camps dans notre pays au niveau de la presse, chacun fait bien son travail en fonction de sa ligne éditoriale.
Je ne pense vraiment pas qu’il y a au Burkina une presse, du pouvoir et une presse de l’opposition, contrairement à certains pays que nous connaissons où la presse entre elle se livre bataille. Dans tous les cas, je pense que la presse est le reflet de la société démocratique où il y a toujours des divergences de points de vue. Je pense que c’est une bonne chose, ce qui permet aux citoyens ou aux acteurs de pouvoir peser le pour et le contre pour mieux se comporter et pour mieux travailler.

- L’Opinion dans le pluralisme du débat démocratique

Je dois d’abord vous souhaiter un bon anniversaire. Je pense qu’il faut saluer l’existence de L’Opinion. En 10 ans vous avez traversé des périodes difficiles, avec une naissance pas facile et une évolution assez difficile. Mais vous avez tenu. Je pense que le journal L’Opinion a apporté une vision de la société burkinabè qui vient enrichir les autres visions qu’il y avait.
L’Opinion, je pense, ne peut pas être taxé de journal du pouvoir puisque c’est pas le pouvoir qui le finance. C’est pas le pouvoir qui écrit pour vous, parce qu’on a connu des périodes ici où le pouvoir avait son propre journal. On a connu sous la Révolution où nous étions au gouvernement, un journal, l’INTRUS, qui était rédigé essentiellement par le pouvoir.
J’en sais quelque chose. Mais L’Opinion est une opinion libre qui exprime comme les autres organes ses points de vue. Votre journal est un journal sérieux, c’est un journal qui a sa place. Dans ce processus démocratique, L’Opinion a sa place comme tous les autres organes.

Sherif SY, directeur de publication du journal « Bendré » : “Il n’ y a aucun pays où on adore particulièrement la presse”

Regard critique sur la presse burkinabè

La presse joue forcément sa partition. Je ne sais pas s’il peut y avoir une démocratie sans une pluralité et une liberté de presse. C’est la presse qui joue le rôle de veille, de la sentinelle de la démocratie. Pour ce qui est du Burkina Faso, la presse joue largement un rôle positif en terme de diffusion de l’information. Même plus, d’autres missions qui auraient pu ne pas être la sienne. Elle joue le rôle de sensibilisation, d’éducation citoyenne. On a parfois l’impression que la presse joue le rôle de dénonciateur, de juge et d’exécutant ; justement parce qu’il n’y a pas encore dans notre pays, une opinion constituée qui devrait servir de relais à la presse. Il faut tirer son chapeau à la presse parce que sans elle nous ne serions pas là aujourd’hui. Dans notre pays, nous avons une liberté de presse relative. Il n’y a aucun pays où on adore particulièrement la presse. Cette liberté est une conquête permanente. Si vous vous assoyez, on récupère l’espace que vous avez laissé.
Qu’est-ce que la presse fait pour occuper ces espaces-là intégralement et pour en conquérir d’autres ? Ces espaces se sont ouverts et fortifiés après le sacrifice suprême de Norbert ZONGO

Quid des lignes éditoriales ?

Chaque organe, à mon avis, a sa ligne éditoriale. Cela détermine la sensibilité politique et idéologique de cet organe. Mon problème en tant que responsable d’un organe et aussi en tant que président de la SEP (Société des éditeurs de la presse privée), c’est de savoir si les uns et les autres respectent les canaux professionnels qu’édictent la déontologie et l’éthique de la profession.
Il est évident qu’en lisant les différents journaux vous sentez qu’il y a d’aucuns qui sont proches des seigneurs du moment et d’autres qui s’y opposent. Il y a une catégorie qui est des émanations de pouvoirs constitués ou de pouvoirs occultes. Mais tout cela participe aussi de la pluralité d’expression. Le lecteur, l’auditeur ou le téléspectateur est toujours en dernière analyse le plus grand arbitre de tous les médias. C’est le lecteur qui est notre patron à nous tous.

- L’Opinion dans le pluralisme du débat démocratique

J’estime qu’avec ses qualités et ses défauts, L’Opinion apporte aussi sa contribution. Je ne vais pas paraître comme quelqu’un qui esquive une question. Je pense que vous allez le retranscrire intégralement : L’Opinion a une ligne éditoriale proche des seigneurs du moment. A double titre, je souhaite à ce confrère un très bon anniversaire et un très bon vent pour la continuation.

Jean-Paul KONSEIBO, DG des Editions Sidwaya : “L’Opinion joue un rôle important”

Regard critique sur la presse burkinabè

La presse burkinabè dans son ensemble est à mon avis plurielle, diversifiée et professionnelle. En régime de démocratie, il faut se féliciter de cette diversité de tons qui permet à toutes les sensibilités politiques et sociales de s’exprimer et de se reconnaître dans la pluralité des titres et des approches. En général, l’éthique et la déontologie professionnelle sont intériorisées et respectées par les animateurs de la presse burkinabè.

Quid des lignes éditoriales ?

Il faut du tout pour faire un monde, dit-on. Il n’y a pas de mal, à mon sens, pour un organe de presse d’opinion, à être proche du pouvoir ou de l’opposition dans un Etat de droit démocratique. En régime de démocratie, et dans les limites des lois et des règlements, on ne peut pas refuser à quelqu’un le droit d’exprimer ses opinions à travers un organe de presse, au risque de renier l’ordre démocratique. Qu’un organe de presse prenne des positions proches du pouvoir ou de l’opposition, ou éloignées de ces deux pôles indispensables à la démocratie, ne me dérange nullement ! Pourvu que les prises de positions soient revêtues de l’honnêteté intellectuelle, de la tolérance et de la confraternité. La presse d’information générale essaie elle, de rester objective et neutre dans la relation des faits. La presse de service public par contre devrait garder la balance égale entre les différentes composantes du paysage politique et social. C’est une posture qui n’est pas toujours aisée à observer. Etant co-directeur de publication d’un organe de service public, à savoir Sidwaya, j’en sais quelque chose.

- L’Opinion dans le pluralisme du débat démocratique

Dans le pluralisme du débat démocratique comme vous le dites si bien, je trouve que le journal L’Opinion joue un rôle important. Ce n’est pas parce qu’il défend des positions proches du pouvoir qu’il n’a pas de mérite et qu’il doit être voué aux gémonies. Il est important qu’opposition comme majorité disposent chacune d’une tribune pour s’exprimer et exprimer leurs points de vue, et même pour combattre les positions adverses ; en effet, la Constitution garantit les libertés d’opinion et de presse, elle dispose en son Article 8 que toute personne a le droit d’exprimer et de diffuser ses opinions dans le cadre des lois et règlements en vigueur.
En dix ans d’existence, L’Opinion a défendu courageusement sa ligne éditoriale et jeté un éclairage particulier sur l’actualité nationale et internationale.

Yacouba TRAORE, Directeur de la Télévision nationale du Burkina : « L’Opinion a le courage d’exprimer ses opinions »

Regard critique sur la presse burkinabè

Je suis de la génération de ceux qui ont embrassé cette profession au milieu des années 80. Comparativement à ce qui se passait en son temps, honnêtement je pense qu’il y a un énorme progrès. Que ce soit au niveau de la multiplicité, de la diversité, de la variété des titres, je pense qu’il y a un progrès qui est indéniable.

- Quid des lignes éditoriales ?

Tout ça participe de la qualité du débat démocratique. Ce n’est pas une mauvaise chose qu’un journal se dise proche de telle ou telle obédience. Si nous prenons le cas de nos ex-colonisateurs, vous trouverez que le « Figaro » est un journal de Droite. Il y a même des journaux partisans ; c’est le cas de « L’Humanité » qui est un journal du parti communiste. Cela participe de la qualité du débat démocratique pour que la presse, média public, puisse avoir sa place pour servir et le pouvoir et l’opposition et la société civile.

- L’Opinion dans le pluralisme du débat démocratique

Je ne dirai pas que c’est un journal qui a du mérite. Je dirai plutôt que c’est un journal qui a du courage. Je le dis en pesant mes mots. Parfois quand on sent que c’est une sorte de dictature de la pensée unique et que certains journaux arrivent à donner une voix discordante, je crois que c’est extrêmement important pour nous hommes de médias qui sommes soucieux de la liberté d’expression. De ce point de vue, des journaux comme « L’Opinion » donnent l’exemple. J’imagine qu’à un certain moment ça n’a pas été facile. C’est pourquoi, je dis que c’est un journal qui a du courage surtout. On peut avoir des opinions, mais ne pas avoir le courage de les exprimer. « L’Opinion » a le courage d’exprimer ses opinions.

Rémi DJANDJINOU, Rédacteur en chef de CANAL3 : « L’Opinion ce n’est pas seulement la voix du maître “

Regard critique sur la presse burkinabè

Depuis la démocratisation des années 1991, le pluralisme dans l’expression des médias est une réalité. Il en est de même de leur indépendance. En terme de maturité cette presse a atteint un seuil intéressant en professionnalisme. Il reste néanmoins des éléments à parfaire surtout au niveau des conditions économiques, des aspects juridiques avec le code de l’information, le délit de presse, etc.

- Quid des lignes éditoriales ?

Je trouve que c’est tout à fait normal qu’il y ait des opinions plurielles dans un pays, c’est d’ailleurs une richesse. L’intérêt c’est que ces journaux affichent leur appartenance. On est un journal d’opinion donc on défend un point de vue. Maintenant que cela se fasse dans le professionnalisme pour éviter de tomber dans de la propagande pure et dure. Nous sommes un pays dans la sous-région où les partis politiques n’ont pas totalement une main mise sur la presse. On a un avantage avec une presse qui se veut professionnelle. Il y a des journaux qui ont une ligne médiane, d’autres qui sont des journaux d’opinion, qui l’affirment et qui font le travail qui y sied.

- L’Opinion dans le pluralisme du débat démocratique

C’est lié à ce que je viens d’évoquer plus haut. Des journaux comme « L’Opinion », « Bendré », « L’Hebdo », « San Finna » participent à enrichir l’expression plurielle. Quand on prend par exemple « San Finna » on le rattache à un certain courant politique, « Bendré » ne cache pas ses accointances sankaristes, son esprit alter mondialiste. « L’Opinion » ce n’est pas seulement la voix du maître. Ce journal a des points de vue, même s’ils sont proches de l’expression du pouvoir qui sont critiques. L’élément essentiel c’est que cet état de fait ne nous amène pas à nier un certain nombre d’évidences, c’est-à-dire faire de la propagande pour le programme mais tenir un discours fondé sur le professionnalisme.

Achille TAPSOBA, Député CDP : « L’Opinion occupe très souvent des espaces originaux »

- Regard critique sur la presse burkinabè

Parler de la presse burkinabè est un sujet très complexe. A la fois complexe et passionnant, dans la mesure où l’information dans sa forme, dans son contenu et à travers ses supports est quelque chose de dynamique. Alors, de façon globale, je dirais que notre presse a acquis une certaine maturité. Cela je le dis au regard de ce qu’on aurait pu constater il y a 20 ans, 25 ans et ce qu’on peut constater aujourd’hui en l’an 2007 par rapport non seulement à la prestation de la presse mais également à la qualité de la prestation et du support et surtout à la manière dont l’information est traitée aujourd’hui dans notre pays.
Vous avez donc aujourd’hui la possibilité d’avoir l’opinion de L’Opinion, de Sidwaya, de L’Observateur, du Pays, de Horizon FM… sur le même évènement. Ce qui veut dire que sur le pluralisme, on est aujourd’hui satisfait. Le pluralisme des points de vue est respecté et il nous permet d’avoir l’arc-en-ciel des possibles du point de vue de la pensée et des opinions dans notre pays. J’ai parlé aussi de maturité et qui dit maturité dit également sagesse, parce que c’est plus difficile aujourd’hui d’être journaliste que par le passé compte tenu des enjeux et des difficultés. Alors, je me rends compte parlant du journaliste, qu’il y a aujourd’hui une prestation fondée sur la sagesse. Ce qui aurait pu être objet de propagande par le passé est aujourd’hui basé sur une analyse froide, avec un esprit de responsabilité et de paix.

Bien sûr, tout n’est pas parfait, mais si on compare la presse burkinabè à celle des pays voisins, on n’est pas les derniers, bien que nous ne soyons pas aussi les premiers. Mais, nous pouvons améliorer du point de vue du professionnalisme surtout. Et dans ce domaine, nous avons beaucoup à faire dans la mesure où n’importe qui n’est pas journaliste. N’importe qui, peut-être, peut devenir journaliste à condition de passer par le moule du journalisme, du professionnalisme. Mais on constate de plus en plus qu’il suffit d’écrire souvent dans un organe pour être qualifié de journaliste, c’est qui est dommage.
Il n’y a pas de signe distinctif entre le journaliste professionnel et l’amateur.
Il y a donc une clarification à faire. Sinon, dans l’ensemble, je pense que notre presse a atteint une certaine maturité, même s’il y a du travail à faire.

- Quid des lignes éditoriales ?

Je ne pourrais pas nier ce fait dans la mesure où ceux qui le disent constatent que certains organes de presse sont des chantres de l’opposition ou du pouvoir. Mais cela ne suffit pas pour caractériser un organe de presse. Un organe de presse, peut être un organe de propagande et d’agitation d’un parti politique. Cet organe est à la merci d’un parti politique. Par contre on peut être proche du pouvoir sans être un chantre du pouvoir et être critique vis-à-vis du pouvoir et de l’opposition. Ce qui est important pour la presse c’est d’avoir un esprit critique. Si on prend par exemple certains journaux de la place, on se rend effectivement compte parfois que la critique de la société par un parti est exagérée par rapport à l’autre parti. Il y a le plus souvent un déséquilibre dans la capacité à être objectif. L’objectivité veut qu’envers son ami on soit aussi critique qu’envers son adversaire ou son ennemi.
Mais ce n’est pas un mal congénital que d’être proche du pouvoir ou de l’opposition. Ce qui est un mal, c’est d’être tellement proche qu’on n’a plus la capacité de voir d’un journaliste. C’est d’être tellement proche qu’on se laisse atteindre par une cécité qui empêche des analyses objectives.

- L’Opinion dans le pluralisme du débat démocratique

Je dois dire que le journal L’Opinion est d’une couleur politique telle que, s’il n’existait pas, il allait manquer une couleur à l’arc-en-ciel des couleurs politiques de la presse de façon générale.
Quand je parle de couleur politique, je ne dis pas que L’Opinion est un journal de propagande politique d’un parti mais plutôt un journal qui traite des questions éminemment politiques. C’est très important. Et comme vous le savez très bien, lorsque vous traitez une question politique, plus une autre question politique, plus une 3e question politique, vous écorchez forcément des hommes politiques d’un côté ou vous faites plaisir à des hommes politiques d’un côté. Ensuite, L’Opinion est un journal qui se lance très souvent dans l’analyse tout en ne créant pas les a-prioris, ni les préjugés.

Ce qui fait que L’Opinion occupe très souvent des espaces originaux, qui ne sont pas très fréquentés par d’autres. J’estime que c’est un courage que d’oser et d’émettre des hypothèses qui tranchent d’avec les autres. Et ça été le cas de la plupart des questions et des sujets traités par le journal L’Opinion. C’est d’ailleurs ce qui a valu à votre journal d’être traité de pro-pouvoir. Mais en réalité, quand on analyse très bien, je pense que cela participe à l’équilibre de l’information dans notre pays dans la mesure où ce qui est considéré comme évident par certains journaux et journalistes ne l’est pas en réalité quand on va au fond de l’analyse.

Je dois aussi reconnaître qu’en 10 ans, L’Opinion s’est forgé une place sur l’échiquier médiatique national. Une place qui a été très péniblement acquise par l’effort, le courage et la persévérance de ses animateurs. Le journal a connu des moments difficiles mais ne s’est jamais découragé. Vos analyses permettent à l’opinion publique nationale d’avoir plusieurs sons de cloche. Et votre son est nécessaire pour comprendre certains évènements par rapport aux sons que donnent certains autres organes.

Moussa BANTENGA, Directeur de l’UFR/SH : “La ligne éditoriale de L’Opinion est bien claire”

- Regard critique sur la presse burkinabè

Nous vivons une forme de printemps de la presse. Cette presse est diversifiée et chaque journal a une ligne éditoriale bien claire.
Nous verrons des journaux qui prennent position plus ou moins pour les actions gouvernementales et des journaux d’opposition tout comme des journaux qu’on ne peut pas classer qui sont véritablement libres. Vu tout cela, je constate que nous avons une presse qui se bat au quotidien pour affirmer son identité, son indépendance.

Quid des lignes éditoriales ?

C’est dans la norme. Si vous allez aux Etats-Unis d’Amérique, vous avez une presse qui a tendance à soutenir les actions des Conservateurs et une autre qui soutient les Démocrates. En France, vous prenez le « Parisien libéré », le « Figaro », c’est la presse de Droite qui va soutenir par exemple Nicolas SARKOZY. Quant à « Libération », c’est un journal plutôt de Gauche. Il aura toujours un petit faible pour les Socialistes. « L’Humanité » est un journal plus ou moins lié au Parti communiste. C’est à chacun de se battre au niveau de son organe, de diffuser le maximum de ses idées auprès de ses lecteurs.

- L’Opinion dans le pluralisme du débat démocratique

Je connais bien « L’Opinion » en tant qu’un journal de la place qui a aussi une ligne éditoriale bien claire : c’est de soutenir les actions du pouvoir en place incontestablement. C’est un journal qui défend ses positions et qui a sa place comme tous les autres.

L’Opinion

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