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Journée nationale de pardon : Six ans après, Mgr Anselme T. Sanon apprécie le chemin parcouru

Publié le mardi 16 octobre 2007 à 08h24min

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Mgr Anselme T. Sanon

Le 30 mars 2001, les burkinabè ont marqué une halte historique : la Journée nationale de pardon. Quelle est la philosophie qui a sous-tendu, qui a guidé à l’organisation d’un tel événement ?

Pour Mgr Anselme Titiama Sanon co-président de la célébration de cette journée, elle tire sa source des conclusions du collège des sages, lui-même mis en place à la suite de la mort du journaliste Norbert Zongo, assassiné avec trois autres camarades, le 13 décembre 1998 à quelques encablures de Sapouy. “La nation s’était révoltée et a voulu trouver les coupables, les auteurs de ces meurtres ...” a indiqué Mgr Anselme Sanou. Il faut dire que l’assassinat de Norbert Zongo et de ses camarades a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase si tant est que des rancœurs couvaient un peu partout depuis des années voire des décennies.

Exacerbées, les populations étaient arrivées à un point de non retour, à une crise de confiance entre elles et l’Etat.
En effet, les populations avaient le sentiment qu’elles étaient abandonnées par l’Etat en qui elles ne trouvent plus leur compte. Pire, elles se sentaient abandonnées par celui-là même qui devait leur assurer quiétude et justice sociale.
C’est dans un tel climat délétère, que le président du Faso, Blaise Compaoré, aidé dans sa volonté de résoudre la crise avec d’autres forces sociales dont les religieux, la société civile, les coutumiers etc, a voulu apaiser le cœur de tous les burkinabè en instaurant une Journée nationale de pardon.

Apaiser le cœur des burkinabè

Elle est l’aboutissement d’un processus ayant impliqué toutes les forces vives de la Nation dont le Collège de sages. “C’est à la suite de ses travaux qu’il a été prévu la possibilité de la réconciliation et de pardon”, a noté Mgr Sanon. Et de se poser la question de savoir pourquoi ? Pour lui, “la vie d’un citoyen qui tombe, c’est toute une nation qui est endeuillée. Et il fallait résorber la situation ... Finalement, il était clair que la Journée nationale de pardon était une manifestation religieuse mais pour montrer à toute la nation qu’elle est en même temps, coupable et victime des répressions. Coupable du fait que 40 ans de vie de la Nation sont émaillés de crimes de sang et économiques. Victime parce que chacun de nous est à la fois cause, juge et partie de tout ce qui se passe”. En tous les cas, l’archevèque de Bobo-Dioulasso Anselme Sanou reconnaît que la journée de pardon était pour le peuple burkinabè une façon de montrer sa capacité à surmonter, à surpasser les querelles, les mesquineries, à revisiter le passé et pour améliorer l’avenir. Et Mgr Anselme Sanon de souligner que “c’est l’analyse toute faite qui dit qu’il faut progresser. C’est pourquoi, j’ai parlé de mythe, c’est-à-dire d’une nouvelle époque qui commence”.

A l’heure actuelle, a-t-il l’impression que tout le monde, tous les burkinabè tendent vers ce mythe ? Pour l’homme de Dieu, “les mêmes causes produisent les mêmes effets”. C’est la raison pour laquelle les jeunes doivent rechercher dans leur vécu quotidien la vertu, “se nourrir des qualités et des bons principes de ces événements passés”.
Du côté de l’exécutif, de l’Etat, il doit avoir à l’esprit de rendre heureux les citoyens.

“Tous doivent avoir une pensée profonde dans le sens de la consolidation de la Nation”, affirme Mgr Sanon. En tout état de cause, il invite à enseigner les bons souvenirs de la Révolution aux générations présentes et futures et que si un peuple veut se bâtir dans la paix avec le pardon, il lui faut le point de passage qui est la justice.

Charles Ouédraogo
charlesouedraogo@yahoo.fr
Etienne NASSA
paratena@yahoo.fr

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