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Sankarisme : Les voix impénétrables

Publié le lundi 15 octobre 2007 à 06h37min

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Les voix du sankarisme sont insondables. Blasphème ? Comparaison osée ? Ni l’un ni l’autre. Le leader de la Révolution d’août 1983 a tellement marqué la marche de l’histoire de notre pays qu’il restera encore longtemps un mythe qui rongera l’esprit des uns et mobilisera les autres.

Le jeune capitaine Thomas Sankara, qui a bouleversé les mœurs politiques du Faso en quatre ans de pouvoir, continue de susciter la curiosité des Burkinabè, voire des Africains, vingt ans après sa mort dans d’atroces conditions. Faut-il pour autant conclure qu’il y a une politique sankariste ? Difficile à dire, surtout que, paradoxalement, ce sont ceux qui prétendent continuer son œuvre qui poussent au doute. Vingt ans après sa disparition, les sankaristes en sont encore et toujours à des querelles de chiffonniers.

On se rappelle encore le ridicule que certains d’entre eux ont offert au début du processus démocratique, lorsque la veuve Mariam Sankara leur a offert quelques millions en guise de soutien à leurs activités. Il n’en fallait pas plus pour que les grands noms du sankarisme de l’époque se battent pratiquement dans l’avion, donc avant même d’avoir rejoint le Faso natal. Un tel comportement est naturellement aux antipodes de celui de Thomas Sankara dont la première qualité est son intégrité. Depuis lors, que d’eau a coulé sous le pont politique du Faso !

En effet, la scène politique grouille de formations politiques qui se réclament du sankarisme sans qu’on ne saisisse réellement leur option politique, en dehors de l’utilisation du patronyme du père de la Révolution d’août. Le sankarisme a gagné en quantité, mais la qualité laisse parfois à désirer. Le doute s’installe même au sein des premières forces politiques qui ont osé (pour l’époque) se réclamer du sankarisme :
Le MTP du Nayab a pratiquement disparu et son patron avec. Il n’est maintenant visible que lors de consultations électorales ; mais, à en juger par les piètres scores qu’il récolte, le peuple semble lui avoir définitivement tourné le dos.

Après le boycott de la présidentielle de 1991, le BSB de Nongma Ernest Ouédraogo a été, dès 1992, le pionnier sankariste aux premières lueurs électorales de la IVe République. Puis le Bloc a connu plusieurs fusion-absorption et ses principaux responsables sont de nos jours des militants de la Convention panafricaine sankariste (CPS).
Le FFS de Norbert Tiendrébéogo, qui peut lui aussi être considéré comme l’un des premiers partis sankaristes, connaît un relatif décollage, puisque deux de ses militants sont aujourd’hui à l’hémicycle, même s’ils ont été élus sous la bannière de l’Union des partis sankaristes.

Mais le disciple de Sankara le plus en vue dans le microcosme politique est sans aucun doute le moustachu, maître Bénéwendé Stanislas Sankara. Sa formation politique a devancé ses ‘’sœurs’’ sankaristes, lors des quatre dernières consultations, sans oublier que lui-même a eu le meilleur score après Blaise Compaoré à la présidentielle de 2005.
Les résultats électoraux donnent à penser que les Burkinabè ont plutôt une bonne image de l’homme de la Révolution d’août.

Mais certains observateurs avisés de la scène politique estiment que le premier danger pour le sankarisme, ce sont les sankaristes eux-mêmes. Effectivement, l’opinion s’explique difficilement que les sankaristes, ou prétendus tels, continuent de s’entre-déchirer, alors qu’ils ont pu faire la preuve que c’est dans l’unité d’action qu’ils sont plus forts.

Le bon score de l’Union des partis sankaristes en mai dernier doit donner à réfléchir. A eux de faire en sorte que l’unité que tous les partis sankaristes affichent en ce moment, à l’occasion de l’organisation du 15 octobre 2007, ne soit pas de façade mais plutôt un nouveau départ. Mais c’est certainement plus facile à dire qu’à faire.

Adam Igor

Journal du jeudi

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