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20 ans…Pour vaincre « le Rocher de Sisyphe » de l’Afrique !

Publié le mercredi 10 octobre 2007 à 08h04min

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Qui aurait parié, il y a 20 ans, que le Burkina Faso, qui partait de si loin, serait devenu ce qu’il est aujourd’hui ? Et pourtant il suffisait d’écouter ce que déclarait à l’époque Blaise Compaoré, avec le calme et la détermination qu’on lui connaît : « Là où il y a une volonté, il y a un chemin… ».

Depuis 20 ans que je séjourne dans ce pays fascinant et émouvant, je fêterai mon 100ème voyage le 10 octobre prochain, je n’ai jamais cessé d’être étonné par ses performances, sa croissance, son dynamisme !

Difficile, en effet, de ne pas tomber sous le charme de ces femmes et de ces hommes intègres qui ont su, bon gré malgré, à force de courage et d’audace, conjuguer au mode politique le réalisme et l’intégrité.

Les burkinabè ont su inventer une nouvelle forme de résistance aux archaïsmes politiques occidentaux, pour survivre humainement, culturellement, écologiquement et économiquement.

Plus de soixante ethnies cohabitent en paix dans ce pays.
Pourquoi cette paix ... Tout simplement parce qu’historiquement le Burkina Faso a pratiqué, depuis la nuit des temps, l’intégration, la tolérance religieuse, la défense de sa culture et de ses langues, la générosité et l’hospitalité, et surtout la préservation de ses modestes, très modestes richesses naturelles.

Enclavé, ce pays est un des plus ouverts sur le monde.
Pauvre, il est un des mieux gérés, dixit les observateurs étrangers et organismes internationaux qui viennent même de le classer dans le « Top 50 de la croissance économique mondiale », juste avant que la Banque Mondiale ne le classe 1er pays de la CEDEAO pour sa bonne gouvernance et 7ème sur les 52 états d’Afrique.
Stable, il l’est dans un Continent submergé de crises.
Fidèle à ses alliances et à ses amis, il est devenu une puissance diplomatique reconnue et efficace...Trop parfois, car dérangeante pour ceux pour qui ce petit pays pauvre et enclavé, mais si riche de sa culture et de ses hommes, devrait rester à la modeste place où l’ingrate nature l’a placé !

La principale cause de cette « exception » burkinabè réside dans l’art, qu’ont toujours eu les dirigeants de ce pays, à commencer par le premier d’entre eux, de marier harmonieusement la tradition et la modernité.

La tradition c’est la défense et la promotion de sa culture et le respect de son histoire, celle d’une civilisation vieille de près de 1000 ans qui ne s’est jamais figée et qui a donné au peuple burkinabè ses extraordinaires facultés et capacités d’adaptation.
Des capacités d’adaptation écologiques qui font que ce pays sahélien, et donc aride, parvient à la fois à produire, à lui seul, jusqu’à 65% des céréales de toute la région ouest africaine, mais aussi à se classer dans le tiercé de tête, au côté de l’Afrique du Sud, en ce qui concerne la protection de sa faune et particulièrement de ses éléphants !

La modernité, l’observateur la retrouvera dans de nombreux domaines dont la culture est un pilier essentiel... Le FESPACO (Festival Panafricain de Cinéma et de Télévision), le SIAO (Salon International de l’Artisanat), la SNC (Semaine Nationale de la Culture) qui voit s’affronter pacifiquement toutes les ethnies au travers de diverses compétitions qui vont du tir à l’arc à la cuisine, de la danse aux coiffures, aux luttes, les UACO (Universités Africaines de la Communication de Ouagadougou), et j’en passe…
La modernité c’est aussi la rigueur de la gestion reconnue et la démocratisation exemplaire menées depuis 1987.

Le Burkina Faso a su conjuguer la bonne gouvernance économique et financière avec la bonne gouvernance morale basée sur les droits de l’homme.

Le Burkina Faso a su apporter une réponse à l’hémiplégie dont sont trop souvent atteints les Etats en voie de développement qui tentent d’être bons gestionnaires certes, mais font parfois fi de l’humanisme et de l’éthique dans le domaine de la pratique gouvernementale, des libertés publiques et de la préservation de l’environnement !

Tous ces succès, bien sûr, le Burkina Faso les doit à une population entièrement mobilisée dans la lutte contre un environnement naturel plus que difficile, mais il les doit aussi à son Président actuel, Blaise Compaoré, qui a su imposer dans la vie politique de son pays certaines valeurs qui, si elles paraissent aller de soi pour les occidentaux, ne sont pas couramment admises en Afrique ou ailleurs !
Deux de ces valeurs sont le dialogue démocratique et la préservation rigoureuse de l’environnement. Aux yeux de Blaise Compaoré ce sont sur ces bases que pourra se construire la démocratie en Afrique et non en copiant des modèles importés d’occident et donc inadaptés. Il y a près de douze ans déjà il déclarait : « C’est la notion même d’esprit partisan qui est étrangère à l’Afrique. Celle-ci repose sur la confrontation des idées. Or, dans les villages, les chefs traditionnels règnent par le consensus. Même le parti unique n’a rien d’africain. C’est pourquoi au multipartisme, j’ai toujours préféré l’expression du pluralisme d’opinion... »
Quelle belle leçon pour tous ceux qui caricaturent l’Afrique et pour tous ceux qui, à desseins, « singent » l’occident et ses archaïsmes.

Blaise Compaoré c’est en fait le vainqueur du « Rocher de Sisyphe » de l’Afrique, celui de l’impossible synthèse entre le concept abstrait de la démocratie importé d’Occident et le respect indéracinable des traditions ancestrales identitaires.

La construction, que Blaise Compaoré a entreprise, est à la mesure de ce que le continent africain tout entier pourrait faire.

L’espérance est un désespoir surmonté écrivait Louis Evely.
C’est ce qu’on bien compris les burkinabè.

Wend na songoub touma !
Que Dieu guide leurs travaux, comme disent les Mossis, pour que ceux-ci, par l’exemple, puissent aider l’Afrique, toute l’Afrique, à ne pas désespérer.

Jean R. Guion,
de l’Académie des Sciences d’Outre Mer
Président du CISAB (Conseil International de Solidarité avec le Burkina Faso)


Blaise Compaoré : Verbatim 1987-2007

Depuis 20 ans, à travers ses diverses publications, le CISAB
a souvent repris des citations du Président Blaise Compaoré.
Vous trouverez ci-dessous une sélection de celles qui ont fait
la « une » de « Burkina Faso Info - La Lettre du CISAB ».
1987

Evoquant, le 19 octobre, des évènements du 15 octobre 1987 et la mort de
Thomas Sankara
« Ce dénouement brutal nous choque tous en tant qu’humains et moi plus que
quiconque pour avoir été son compagnon d’armes, mieux son ami »
Premier message du 31 décembre 1987
« Il nous faut avoir conscience des inégalités qui minent notre société malgré sa
relative pauvreté. Sans nourrir l’illusion d’imposer à court ou à moyen terme
un égalitarisme...il nous faut néanmoins nous imposer comme axe de politique
sociale, la réduction des inégalités ».

1988
« Notre ferme volonté de sortir de la misère en améliorant notre
cadre de vie nous a conduit à multiplier les infrastructures
sociales dans le domaine de l’éducation,de la santé, du logement,
de l’hydraulique et dans bien d’ autres domaines ».

1989
« Notre lutte pour un meilleur devenir est collective et doit
transcender les égoïsmes et les individualités ».

1990
A l’occasion de la réception de l’avant projet de constitution
le 14 octobre 1990
« Il est nécessaire que tous les acteurs de la vie nationale
gardent à l’esprit, notre sens de la dignité de
l’indépendance de la sauvegarde des intérêts supérieurs
de notre peuple sur la question du pouvoir
d’Etat ».

1991
« En nous pénétrant des idées-forces qui ont soustendu
toutes nos initiatives pour réussir l’ouverture
démocratique, nous serons à même de réaliser
les mutations internes individuelles et collectives
dans l’épreuve de la démocratie pluraliste ».

1992
« Démocratie et Développement doivent aller de pair...Que
peut bien signifier la liberté et la dignité pour des personnes qui survivent
du maïs de la Beauce et du sorgho du Kansas ? Quel apport au débat
démocratique peut-on attendre des populations analphabètes ? »

1993
« Les trois décennies passées qui ont fait suite à l’accession de notre Pays à la
souveraineté politique ont vu se succéder des conceptions et des systèmes de
pouvoir différents et même contradictoires. Le Peuple Burkinabè était plus que
fondé, à travers le processus actuel, à espérer en un développement économique
et social ancré dans les valeurs véritables de démocratie et de liberté. Ce peuple
souverain du Burkina, à travers ses représentants élus, demeure la seule source
de légitimité qui détient la capacité de légiférer ».

1994
« La réalisation d’une monnaie unique en Europe doit nous amener à réfléchir
sur deux axes. Soit nous avons avec l’Ecu un accord de parité, ou il va falloir
disposer d’une monnaie propre. Nous devons réfléchir sur ces deux voies si nous
ne voulons pas nous retrouver à pleurnicher en 1997, pour dire que la France
nous a lâchés… ».

1995
« La castration des libertés s’est toujours accompagnée d’une paupérisation à
vaste échelle des populations africaines … ».

1996
« Les quatre décennies de développement post colonial ont été une grande désillusion.
Malgré sa richesse en ressources naturelles, l’Afrique est restée sur le
quai du développement économique.... ».

1997
« Les Pays qui ont oublié le travail sont des Pays qui ferment boutique.... ».

1998
« L’appui financier aux partis politiques, aux associations de consommateurs et
aux médias privés a été étendu aux syndicats afin de leur donner les moyens
d’assurer convenablement leur part d’enracinement dans la culture démocratique
de notre Nation. ... ».

1999
« Les indicateurs économiques n’ont plus de réalités, ni d’intérêts pour des
régions entières où la survie est le seul et unique objectif, et où la « débrouille »
tient de politique économique...Si nous n’y prenons garde, le retard que
l’Afrique accuse risque d’être irrémédiable...Les règles du jeu économique et
commercial mondial ont été élaborées sans tenir compte des limites objectives à
insérer activement l’Afrique dans la mondialisation ... ».

2000
« Entre l’individu et l’humanité se trouve la Nation avec son origine, son histoire,
ses moeurs, ses prétentions à l’existence, voir à l’autonomie. Les
effets de la mondialisation sur les valeurs d’une nouvelle civilisation
résulteront des efforts conjugués des nations pour préserver les diversités
culturelles sans lesquelles naîtront de graves périls pour la paix
et la stabilité du monde... ».

2001
« Il ne sert à rien de diaboliser la mondialisation. Elle a son utilité.
Même mon tout petit pays, l’un des plus pauvres du Continent
Africain, sans grandes ressources, enclavé, ne peut rester en
marge du mouvement ... ».

2002
« Il faut absolument, envers et contre tous, tenter
d’amorcer le dialogue que ce soit entre la côte d’Ivoire
et le Burkina Faso - une chose faite - mais aussi entre
les mutins et le pouvoir ivoirien ».

2003
« Nous croyons beaucoup aux possibilités de l’image
pour faire parler de l’Afrique à travers le monde,
pour aider aussi les Africains à s’éduquer, pour parler
de nos sentiments, de nos différentes cultures, c’est-àdire
partager avec le monde nos besoins de liberté et
d’échanges... ».

2004
« L’ONU doit servir de guide dans la gestion des affaires internationales.
Pour jouer convenablement ce rôle et réussir son mandat, elle a besoin
de se démocratiser profondément, c’est à dire, d’être à l’écoute de la majorité
des Etats et des Organisations de la société civile, pour mieux servir l’intérêt
général. Tout indique qu’il faut hâter la réforme du système onusien pour
l’adapter, plus que jamais, aux aspirations légitimes des nations. Chaque Etat,
petit ou grand, doit y assumer sa part de responsabilité et être comptable des
décisions prises pour l’intérêt commun ».

2005
« Nous devons poursuivre et rendre vivante la solidarité nationale pour la lutte
contre les injustices, les discriminations rétrogrades, particulièrement celles fondées
sur le genre et dont sont encore victimes les femmes »

2006
« Le monde a intérêt à écouter l’Afrique ; si l’Europe est le vieux continent,
l’Afrique est le plus vieux continent ; le cheminement de l’Afrique est l’exemple
d’une foi en la culture, en sa possibilité de cimenter les espaces civilisationnels
dans le sens de la diversité. »

2007
"L’économie de traite continue de marquer profondément les processus économiques
sur le Continent. Ceux ci, asphyxiés par la mondialisation libérale, sont
incapables d’assurer l’intégration optimale de l’Afrique au système commercial
international. C’est dans ce sens que l’approfondissement de la réflexion sur
les matières premières est essentielle..."

Source : Lettre du CISAB, n° 89 d’octobre 2007 (Contact : cisabinfo@aol.com)

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