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Jean Leonard Compaoré, ministre sous la Révolution : "Le CNR fonctionnait de façon opaque"

Publié le mercredi 10 octobre 2007 à 08h14min

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Jean-Léonard Compaoré

Il faisait partie des acteurs de premier plan de la Révolution. Jean Léonard Compaoré, puisque c’est de lui qu’il s’agit, a été ministre de l’Equipement et a aussi assumé le portefeuille de la Question paysanne jusqu’en 1987. Dans cette interview, il raconte dans quelles conditions il a travaillé, notamment avec le président Thomas Sankara.

20 ans après la Révolution, le président du comité d’organisation de la renaissance démocratique avec Blaise Compaoré, trouve que le Burkina Faso a progressé sur le plan démocratique et économique. Affable et communicatif, il répond sans détours à nos questions. Dommage cependant qu’il n’ait pas voulu répondre à certaines de nos questions. Manque de temps ou par stratégie ? En tout état de cause, cela n’enlève rien à l’intérêt de cette interview, les hommes de la trempe de Léonard Compaoré étant très rares à vouloir se prêter à des interviews en ces circonstances particulières.

"Le Pays" : Comment avez-vous connu le président Thomas Sankara ?

Jean Léonard Compaoré : C’est difficile de répondre dans la mesure où c’est après 1983 que nous l’avons connu comme les autres. De façon proche, nos l’avons connu un jour d’avril 1984 à 2 h du matin où nous étions en formation à 15 km de Kaya. C’est là que je l’ai approché physiquement quand j’étais haut-commissaire du Sanmatenga. Chaque année , le gouvernement était dissous et l’intérim était assuré par les coordonnateurs généraux du Faso au nombre de quatre. Pendant la saison d’août 1984 j’ai été convoqué par le président Thomas Sankara pour m’entendre dire que je serai ministre de l’Equipement. Je n’ai pas eu la parole pour donner mes objections au président du Conseil des ministres. Je suis resté au ministère de l’Equipement de 1984 à 1986. On a réalisé les différents lotissements massifs. Il fallait inventer des méthodes à l’époque avec les urbanistes pour accélérer l’urbanisation. Nous avons lancé les travaux de la cité An III, du marché Rood Woko et du premier projet de la ZACA. Je rappelle que c’est un nom que nous avions donné en tant que ministre de l’Equipement. Le coeur de la zone d’activités commerciales et administratives était Rood Woko dont les travaux ont été engagés en octobre 1985, concomitamment avec la cité An III. Pour dégager Bilibambili, c’était difficile. Nous avons dû tenir un meeting de 8h à 13 h. Pour le marché Rood Woko, c’était la même chose. Nous nous sommes entretenus avec les commerçants de 15h à 19h à la Maison du peuple, pour expliquer le bien-fondé du projet. Les déguerpis de Bilibambili ont été réinstallés à Signoghin. C’est l’intendant Mamadou Sanfo (qui avait créé son entreprise de briques pressées) qui nous a aidés à concevoir cette cité baptisée Signoghin. Après cela, on a réalisé la cité An IV A qui a donné l’Avenue Kwame N’krumah , les cités du 4-Août dans les provinces et les aménagements routiers. Après 1986, j’ai été au ministère de la Question paysanne jusqu’en 1987. Nous avons parcouru les provinces pour sensibiliser les paysans. En tout, nous avons fait plus de 124 000 km. Le 15 octobre 1987, j’étais même à un meeting de la Question paysanne à Pibaoré dans un département du Sanmatenga.

Justement, parlons du dénouement sanglant de la Révolution, qui est intervenu le 15 octobre 2007. Avez-vous été surpris ?

Pas du tout. Nous avions tenu un conseil de ministres même le 14 octobre 1987. Et puis, vous savez , le CNR (Conseil national de la Révolution) lui-même était clandestin et fonctionnait de façon opaque. Les 4 premiers responsables de la Révolution étaient des nébuleuses. On ne pouvait pas savoir ce qui se passait entre eux.

Quel regard portez-vous sur la situation socio-économique du Burkina depuis 20 ans ?

Il faut d’abord dire que nous avons poursuivi la Question paysanne jusqu’en 1988 et après l’Administration territoriale jusqu’en 1992. Nous avons eu en charge toutes les mesures de restructuration et les réformes qui ont abouti à la Constitution. En tant que président du Comité national d’organisation du référendum, nous avons mis en place le code électoral et tous les textes qui organisaient les partis politiques, la presse en son temps, etc. En tant qu’acteur et aussi observateur comme vous, je peux dire que le Burkina a progressé sur tous les plans notamment sur le plan des libertés et de la démocratie, qui étaient un déficit à une certaine époque. Le développement économique est aussi visible. En tant que président du comité d’organisation de la renaissance avec Blaise Compaoré, ce sont 20 ans de démocratie et de progrès dans notre pays.

Propos recueillis par Dayang-ne Wendé P. SILGA

Le Pays

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