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Fuite des cerveaux de l’Afrique : La nécessaire valorisation des compétences

Publié le mercredi 10 octobre 2007 à 07h07min

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Le défi du développement du continent africain dans un monde marqué par la mondialisation et la globalisation impose la valorisation du capital humain. Or après les indépendances, des étudiants bénéficiaires de bourses d’études sont allés acquérir des compétences un peu partout en Europe et dans le reste du monde.

Nombreux sont ceux qui sont revenus servir leur pays depuis les années 70 jusqu’à maintenant. Comment faire face à une telle problématique devenue un casse-tête pour les politiques africains ? L’objet de notre écrit est de susciter la réflexion sur la fuite des cerveaux pour que l’Afrique puisse être au rendez-vous du développement d’ici à 2015.

Depuis longtemps, lorsqu’on parle du continent, il est toujours question de l’analphabétisme, de taux de scolarisation relativement bas, du chômage, de conflits socio-politiques, de maladies, etc.
Actuellement, il est beaucoup question d’immigration d’Africains vers l’Europe. Si toute cette kyrielle de problèmes liés à la pauvreté vécue sur le continent noir sont une réalité qui impose la recherche de solutions durables, il ne faut pas perdre de vue la question de la fuite des cerveaux de l’Afrique vers d’autres cieux.

En effet, de nos jours, sur 100 étudiants africains en Europe ou d’ailleurs dans le monde, seule une vingtaine de diplômés reviendront au bercail pour servir leur pays. Et pour cause, le niveau des salaires jugé très bas dans nombre de pays africains du fait de l’incapacité du budget d’Etat à pouvoir faire face, et pour toujours, à des salaires élevés.

Les 80 autres monnaient leurs compétences là où elles s’achètent plus cher que dans leur pays d’origine. La fuite des cerveaux, puisqu’il s’agit d’elle, constitue une problématique sur laquelle il va falloir se pencher maintenant si l’Afrique veut être au rendez-vous de 2015 (date butoir pour l’atteinte des huit Objectifs du Millénaire pour le développement). Car le développement se fait avec un capital de ressources humaines compétentes dans les secteurs-clé.

Valoriser les compétences

Certes, depuis les années 60 jusqu’aux années 80, les compétences humaines de l’Afrique se comptaient au bout du doigt comparativement à certains pays d’Europe ou des Amériques. Et depuis des décennies, les diplômés africains sont en nette croissance. Cependant, cette croissance de compétences africaines ne se ressent pas dans l’édification d’un continent prospère. Par exemple en matière de santé, le ratio médecin - population est généralement en dessous de la norme (on y trouve un médecin pour plus ou moins 20 000 habitants dans certains pays).

Or, on trouve des docteurs et même des spécialistes africains en médecine formés sur la base du budget de l’Etat dans les centres hospitaliers ou cliniques en Europe, en Amériques, etc. Comment garantir une santé publique avec un capital de compétences en médecine en dessous de la norme ? Ou encore comment garantir une éducation de qualité au supérieur avec peu de compétences africaines en la matière alors que des professeurs africains de renommée enseignent dans les grandes universités européennes et américaines ?

Il est donc temps de se pencher sur une stratégie qui permettra aux compétences africaines en activité hors du continent d’être utiles dans la recherche du développement durable en Afrique. La valorisation de ces compétences africaines en Afrique doit être le cheval de bataille des organisations sous régionales comme l’UEMOA, la CEDEAO, la SADEC et l’Union africaine. Car les grands projets de développement, sous-régional et continental ne sauraient se mener à bien sans la contribution de ces compétences africaines qui, du reste, demeurent culturellement attachées à l’Afrique.

On pourrait par exemple créer un cadre de réflexion et d’actions des compétences de la diaspora africaine au sein de chacune des organisations sus-citées afin de mieux les canaliser. Il n’est pas trop tard pour bien faire et il faut agir maintenant si l’on veut accélérer les projets de développement.

Abou OUATTARA (Babououattara@yahoo.fr)

L’Hebdo

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