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Anniversaire du 15 octobre 1987 : Les acquis d’une diplomatie pragmatique

Publié le mercredi 10 octobre 2007 à 08h08min

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Xe sommet de la Francophonie à Ouaga en novembre 2004

Un multipartisme éprouvé par des consultations électorales régulières. Une croissance économique soutenue d’au moins 5 % l’an. Une diplomatie active en Afrique et partout dans le monde.

Ce sont là les principales données qui caractérisent le cheminement du Burkina dans le concert des nations depuis l’avènement du Front populaire, prélude à la renaissance démocratique du pays. Dans la présente analyse, nous faisons un clin d’œil sur les acquis d’une diplomatie pragmatique qui vaut au pays des Hommes intègres une présence remarquée sur la scène internationale, aujourd’hui, plus qu’hier.

Le 20 août 2006, les protagonistes de la crise togolaise signaient à Ouagadougou sous l’égide du président Compaoré, un accord politique majeur. Cet accord a conduit à la formation d’un gouvernement d’union nationale et a ramené la paix sociale dans un pays menacé d’implosion après les ratés dans la succession du président Eyadema et les contestations qui ont suivi l’élection présidentielle de 2005. Les élections législatives consensuelles du 14 octobre prochain constituent le meilleur indicateur sur les perspectives encourageantes qu’offre l’accord de Ouagadougou pour une démocratie apaisée au Togo.

Le 04 mars 2007, le processus de dialogue direct entre autorités et rébellion ivoiriennes a abouti à la signature sous le parrainage du président du Faso, d’un accord politique, prélude au retour de la paix en Côte d’Ivoire après 5 ans de guerre civile. La nomination de Guillaume Soro au poste de Premier ministre, l’opération « flamme de la paix » et la proclamation officielle de la fin de la guerre civile le 30 juin 2007 à Bouaké, le démarrage des audiences foraines pour l’identification de la population sont des conséquences positives directes de l’accord de Ouagadougou.

De l’hostilité révolutionnaire aux relations de bon voisinage

La grande implication du président Blaise Compaoré dans le règlement de la crise togolaise et ivoirienne est un signe des temps. Celui d’une diplomatie responsable, pragmatique, tournée vers les relations de bon voisinage, la promotion de l’intégration africaine et le développement du Burkina. Lors de son dernier entretien accordé à la presse, le 04 septembre 2007, Blaise Compaoré, interrogé sur la coopération Burkina-Taïwan, a été on ne peut plus clair sur la souveraineté, l’amitié et les intérêts réciproques qui guident le pays dans ses options de politique extérieure.

L’internationalisme prolétarien a depuis au moins 15 ans cédé le pas à la prudence d’une diplomatie au service du développement. Cette rupture, on la voyait venir depuis le 15 octobre 1987. La diplomatie du spectacle faite de déclarations provocatrices et d’invectives révolutionnaires avait produit des résultats négatifs sur le bon voisinage et les relations de partenariat économique aussi bien au niveau bilatéral que multilatéral.

On se souvient par exemple des déclarations intempestives du président du Conseil national de la révolution, Thomas Sankara, qui au cours d’une allocution à Dédougou devant des délégués des Comités de défense de la Révolution avait interdit l’importation des fruits.
Quand on sait que 60 % des fruits importés à l’époque venait de la Côte d’Ivoire, il ne fait aucun doute que Thomas Sankara voulait « punir les autorités ivoiriennes ». En effet, le régime d’Houphouët-Boigny n’a jamais été en odeur de sainteté avec celui des révolutionnaires burkinabè et les expressions du genre « hibou au regard gluant » qui meublaient les slogans lancés par Thomas Sankara, visaient directement le vieux de Yamoussoukro. Gnassingbé Eyadema du Togo pour sa part était gratifié des amabilités du genre « tortue à double carapace ». « Les généraux de Bamako » c’est-à-dire les pontes du régime de Moussa Traoré n’étaient pas non plus épargnés.

En fait sous la Révolution, Accra était la seule capitale dans la sous-région à avoir des atomes crochus avec Ouagadougou. Cela se traduisait pour le Burkina par une situation diplomatique inconfortable et une position de troublion au sein aussi bien de la défunte Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest, CEAO, devenue UEMOA que de la CEDEAO. La guerre dite de Noël, le conflit ouvert entre le Mali et le Burkina, a été l’une des conséquences ravageuses des relations dégradées que le Burkina révolutionnaire entretenait avec ses voisins.

On sait aussi que la reconnaissance de la République Arabe Sarahoui démocratique et l’alignement de principe du Burkina sur les positions du Front Polisario avait crispé les relations avec le Maroc. Pourtant le Burkina avait tout avantage à avoir de bonnes relations avec le Maroc qui recevait et formait des officiers et des étudiants burkinabè dans ses universités et académies.

L’internationalisme révolutionnaire avait beaucoup de limites en diplomatie. Les prises de positions spectaculaires de Thomas Sankara n’y faisaient rien. Elles trompaient le petit peuple, pas les observateurs avertis des relations internationales. Aujourd’hui la diplomatie burkinabè est moins spectaculaire mais plus crédible aux yeux de ses partenaires notamment les pays voisins. Ce qui lui vaut une présence remarquée sur la scène africaine et internationale.

Une meilleure visibilité et crédibilité sur la scène internationale

Malgré la faiblesse de son poids économique, le Burkina a su tisser en Afrique et dans le monde, un réseau d’amitiés solides. Cette prouesse a été rendue possible grâce à la capacité de pondération et d’écoute dont fait preuve, le président Blaise Compaoré.

Avant les récents conflits togolais et ivoirien, on se souvient de l’implication réussie du président du Faso dans le règlement du problème touareg au Niger et au Mali au début des années 90.
Ces médiations réussies d’hier et d’aujourd’hui sont une somme d’expérience qui vaut au Burkina de donner de la pertinence à ses analyses sur les questions internationales sans les carcans des a priori idéologiques. Si fait que, c’est un constat, son avis est écouté lorsqu’il s’agit d’apprécier la marche générale des événements et les tendances politiques majeures sur le continent.

Une position privilégiée patiemment acquise avec pour principes guides, la coexistence pacifique des peuples, le respect mutuel entre Etats et la solidarité envers tous les peuples qui luttent pour la liberté et le progrès. Sur ces bases référentielles, le Burkina a su élargir le cercle de ses amis par des relations de coopération avec des pays qui partagent les mêmes principes que lui en Asie, en Europe et en Amérique.
Dans ce grand cercle des amis du Burkina, on notera ses relations privilégiées avec tous ses pays voisins, la Libye, la France, l’Allemagne, Taïwan, le Canada et les Etats-Unis.

Pour ce dernier pays, l’éligibilité du Burkina a des mécanismes de coopérations privilégiés comme le Millénium Challenge Account (MCA), l’African Growth and opportunity Act (AGOA), ou le Millénium Challenge Coporation (MCC) est un indicateur du sérieux accordé à la gouvernance politique et économique insufflée au pays après le 15 octobre 1987. Cette coopération privilégiée confirme également le choix du Burkina de faire de la diplomatie un moyen de partenariat bénéfique pour les populations du fait des appuis concrets au développement qu’elle peut drainer. Ce partenariat utile au service du développement justifie le plaidoyer constant du président du Faso sur la scène internationale en faveur d’un commerce international plus équitable. On se rappelle sa démarche auprès de l’OMC en faveur du coton africain, victime des subventions américaines et européennes à l’endroit de leur producteur.

A ce sujet, Blaise Compaoré avait plaidé pour l’établissement d’un mécanisme de compensation pour conjurer la ruine qui menace la filière en Afrique. Cette démarche auprès de l’OMC avec le soutien des producteurs de coton du Mali, du Tchad, du Bénin et bien sûr du Burkina a été l’un des moments forts du leadership africain que la diplomatie pragmatique, emprunte d’écoute et de respect des autres Etats confère au président Blaise Compaoré. Un acquis à consolider et à préserver.

Djibril TOURE

L’Hebdo

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