La culture peut-elle être prise en compte dans un processus de développement ? C’est autour de cette question principale que s’est articulée la conférence animée jeudi 4 octobre dernier, par l’ancien ministre en charge de la Culture, Mahamoudou Ouédraogo. Préoccupation légitime, quand on sait que le développement est perçu par la majorité des populations voire par certaines grandes institutions comme le fruit de l’économie. Or, rappelle Mahamoudou Ouédraogo, “l’économie sans la culture n’est qu’une croissance où l’homme ne s’épanouit pas.

C’est seulement en prenant en compte la dimension culturelle que l’homme peut s’approprier les bienfaits de la croissance économique, s’épanouir et vivre pleinement sa vie qui n’est pas seulement de satisfaire les besoins de manger et de se vêtir. Mais une vie où il faut aussi nourrir l’esprit, aller vers ce qui nous rend pleinement humain”. Cette analyse a également motivé le Centre d’analyse des politiques économiques et sociales (CAPES), organisateur de la conférence.

Selon son directeur exécutif, le docteur Basga Emile Dialla, l’échec des quarante dernières années d’effort de développement dans nos pays est dû en grande partie à la non prise en compte de la dimension culturelle dans les initiatives de développement. Aussi, à travers le thème “culture et développement”, le conférencier a reconsidéré les conceptions culturelles dans leur dimension fonctionnelle et fait des propositions pour une meilleure intégration des aspects culturels dans les projets et processus de développement.

La culture et le développement, dira M. Ouédraogo, constituent des dimensions différentes mais indissociables d’une même réalité. Puisque le développement dans son processus de mise en œuvre et de renforcement évolue sur un terrain fécondé par la culture. L’Afrique, longtemps vue comme un continent sans culture doit, de l’avis de l’homme de culture Mahamoudou Ouédraogo, se positionner aujourd’hui comme une force culturelle et économique.

Toutefois, “il appartient aux décideurs et autres leaders d’opinion de travailler à une véritable réhabilitation des sciences de l’éducation”, a-t-il souligné. Dans ce sens, le conférencier a expliqué que si les valeurs d’humanisme qui caractérisent les espaces de pensée en Afrique sont intégrées à la formation, à l’éducation et à la recherche, l’Afrique multipliera ses chances de réussite politique, économique et culturelle.

Tout en considérant que la culture n’est pas un savoir “muséifié”, figé, mais un savoir responsable en action, Mahamoudou Ouédraogo en a appelé à la modernisation des cultures et des savoirs en Afrique. Il a également invité les fils et filles du continent à l’unité d’action afin de faire “sortir du désespoir le plus profond, l’espoir invincible”.

P. Pauline YAMEOGO

Sidwaya