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Contes et légendes du Burkina : D’où vient le pouvoir des chasseurs Doso

Publié le mardi 9 octobre 2007 à 07h14min

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Un jour, tous les animaux de la brousse se rassemblèrent pour décider de faire leurs céré¬monies de funérailles au même endroit. Ils s’ac¬cordèrent pour dire que ce qui se fait en groupe est meilleur que ce qui se fait individuellement.

Ce fut l’hyène qui perdit sa mère la premiè¬re. On organisa des cérémonies de funérailles sans réjouissances. Après ce fut au tour de la panthère de perdre sa mère. On fit de même des cérémonies sans réjouissances, juste des as¬semblées de causerie pour évoquer la mémoire de la disparue. Cela se passa ainsi pour tous ceux qui perdaient un membre de leur famille, jusqu’au jour où le lion perdit sa mère.

Pendant la cérémonie d’enterrement, le lièvre se leva et dit :

- Il est dommage qu’aucun d’entre nous ne sache faire de la musique. C’est la mémoire de la mère de notre roi que nous célébrons, et il aurait été bon de lui offrir une belle cérémonie avec de la musique et des danses.

Le phacochère dit alors :

- Si ce n’est que ça, pas de problème, j’ai un ngoni1.

Aussitôt la nouvelle se répandit dans toute la brousse comme portée par le vent. Tout le monde en parlait.

Arriva le jour de la cérémonie commémorative. Le phacochère arriva avec son ngoni et se mit à jouer. Les sons qui sortaient de l’instru¬ment étaient si mélodieux que chacun se mit à danser. Tous dansaient autour du phacochère, quand le lièvre s’approcha de lui et lui dit :

- As-tu remarqué l’absence des singes ? Il s’agit quand même de la cérémonie qui célèbre la mémoire de la mère de notre roi ! Nous sommes tous présents sauf eux ! Tu devrais changer les paroles de tes chants pour signaler à tous l’absence des singes...

Aussitôt, le phacochère modifia son chant.

Pendant que le phacochère chantait ainsi, le lièvre alla trouver les singes et leur dit :

- Venez vite ou le phacochère va vous faire une mauvaise réputation ! Nous avons tous dé¬jà perdu un membre de notre famille, et jamais nous n’avons eu droit à de la musique. Aujourd’hui qu’il s’agit de la mère de notre roi, le phacochère fait de la musique, et en plus, il dit du mal des autres. Je vous propose de trou¬ver, vous aussi une chanson et de venir à la cérémonie en la chantant !

Les singes se concertèrent, inventèrent leur propre chanson et prirent la route. Juste à l’en¬trée du village, un des singes sauta en l’air et entonna leur chanson qui disait :

- Comme c’est triste ! Nous avons tous per¬du un membre de notre famille, et la seule mu¬sique, ce furent les pleurs. Maintenant que c’est la mère de notre roi qui est morte, le phacochère fait de la musique et fait danser les gens.

Le lièvre, qui était déjà de retour dans le cercle de la cérémonie, demanda à l’assistance de dresser l’oreille en disant :

- On dirait qu’il y a une autre chanson, vous entendez ?

Le lion regarda alors le phacochère avec ses crocs qui dépassaient de sa bouche et lui dit :

- Arrête de rire, rentre tes dents !

Le phacochère eut beau essayer, il n’y par¬vint pas et commença à se sentir en danger. Le lion demanda alors qu’on lui amène le phaco¬chère s’il n’arrêtait pas de se moquer de lui.

Celui-ci s’enfuit à toute vitesse, échappa à ses poursuivants qui se dispersèrent, et se réfugia dans un buisson où il se reposa pendant quelques jours.

Le jour où il en sortit, il se retrouva nez à nez avec un chasseur Doso2. Il avait encore son ngoni et sa queue de buffle avec lui. Ils se batti¬rent tout le jour, toute la nuit, et le lendemain matin, ils se battaient encore. Finalement, le chasseur tua le phacochère, s’appropria son ngoni et sa queue magique, et revint avec le tout dans son village.

Depuis ce jour, par la faute du lièvre, les animaux ne célèbrent plus de cérémonies funé¬raires ensemble.

Depuis ce jour aussi, les chasseurs Doso doivent se munir de la queue de l’animal le plus puissant qu’ils ont tué pour marquer leur propre puissance. C’est enfin depuis ce jour que ces mêmes chasseurs ont un ngoni grâce au¬quel ils peuvent envoûter les animaux.

Receuillis par Françoise Diep et François Moïse Bamba

Le Pays

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