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Discours de politique générale : La profession de foi du "pasteur" Tertius

Publié le vendredi 5 octobre 2007 à 08h46min

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Muni de sa lettre de mission que lui a confiée le Président du Faso et satisfaisant à une clause constitutionnelle (art. 116), le Premier ministre, Tertius Zongo, a décliné hier sa Déclaration de politique générale (DPG), le socle sur lequel lui et son équipe vont travailler pour améliorer le "Strugle for life" des Burkinabè, cette lutte pour la vie, qui se corse chaque jour que Dieu fait.

D’entrée de jeu, le Premier ministre a brandi les 6% de croissance du Burkina, qui n’a pas "à rougir", car la moyenne dans la zone UEMOA tourne autour de 4-5%. Puis, il a cité les maux qui minent notre pays dont 41% de la population sont victimes de la pauvreté : des enfants qui sont malnutris, une industrie qui souffre des coûts excessifs des facteurs de production, des infrastructures insuffisantes ; un système éducatif et sanitaire mal en point ; un chômage endémique, cette "grande plaie sur notre conscience collective" ; avec pour conséquences : le regain "d’insécurité, de peur et de découragement et de cynisme" ; "un système judiciaire ne répondant pas suffisamment et dilligemment à la demande de droit des justiciables...", la corruption, la fraude et l’incivisme...

Ce chapelet de pathologies, foi de Tertius Zongo, se veut une interpellation des responsables politiques afin de "recadrer notre action". Car c’est le vœu qui anime chaque cadre de l’Administration publique que celui d’éradiquer ces maux, qui lui a fait choisir d’être un commis de l’Etat. "Car, a assené Tertius, les images auxquelles ils renvoient empêchent la plupart d’entre nous dans cette Assemblée d’avoir le sommeil tranquille".

La thérapie réside, selon le Premier ministre, dans l’action. Cesser de gémir et agir face à ce qui s’apparente à un monstre : la mondialisation. C’est seulement à ce prix que les Burkinabè pourront prendre leur propre destin et leur histoire en main, et ne plus être assujettis aux fantasmes des autres, a martelé en substance le chef du gouvernement.

"Le ciel devrait être la seule limite à nos rêves et à nos actions". Pourtant, le réalisme a prévalu aussi dans ce DPG, puisque le même Tertius Zongo a fait une piqûre de rappel en affirmant : "J’ai déjà eu l’occasion de le dire : la réalité des faits et la vérité des contraintes m’interdisent de faire des promesses démagogiques".

Pour le Premier ministre, tout doit se jouer sur la mobilisation des énergies, la poursuite des réformes, afin de booster le processus de création des richesses. Et c’est pourquoi il faut placer l’action publique sous le triptyque : rigueur, audace et créativité. Le tout bien sûr ayant pour clef de voûte le projet politique du président du Faso, Blaise Compaoré, ce qu’il a qualifié de pacte républicain entre un homme et son peuple.

Que compte alors faire l’équipe Tertius pour que le Burkina Faso mérite vraiment d’être dans le "G8 africain" selon le mot de François Bourguignon, le premier vice-président de la Banque mondiale ? L’équipe Tertius articulera ses actions autour de 4 axes : économie ouverte et compétitive ; valorisation du capital humain ; renforcement de l’autorité de l’Etat et rayonnement international du pays. Des axes qui touchent bien sûr des secteurs prioritaires que sont :

L’agriculture, qui occupe 80% de la population et contribue pour 40% du PIB, un secteur qui sera dynamisé (sécurisation foncière, transformation, conservation et commercialisation des produits agricoles) ;
La santé : il sera par exemple construit de nouvelles formations sanitaires et la lutte sera prioritaire contre le VIH/Sida, le paludisme, le tétanos maternel et néonatal, la méningite, l’hépatite B...
Le logement : les 10 000 logements sociaux seront une réalité.
L’éducation : ce secteur stratégique connaîtra des soins particuliers. Cas de la phase II du PDDEB (2008-2010) qui vise comme objectifs, entre autres, un taux brut de scolarisation (TBS) de 78,2% contre 67% actuellement, avec 33,6% au postprimaire.

L’économie : il s’agira de rester dans les négociations multilatérales de l’OMC, en particulier dans le domaine du coton, tirer grand parti des nouvelles opportunités offertes par l’AGOA et les futurs Accords de partenariat économique entre l’Union européenne et les pays ACP. Toujours dans ce secteur, il faudra mettre en œuvre les recommandations issues des rencontres gouvernement/secteur privé, notamment celles du Doing buisness, et poursuivre celles contenues dans le Doing buisness better in Burkina.

Enfin, le parc d’autobus de la SOTRAO passera de 50 bus à 150 d’ici à 2008. De même, une banque des PME pourrait voir le jour.
Infrastructures hydrauliques : la mobilisation des ressources pour les barrages hydroagricoles de Samandeni et de Ouessa II sera poursuivie. Bref, c’est un Tertius Zongo cultivant un optimisme mesuré, mais qui croit mordicus que le Burkina peut sortir de l’ornière qui s’est adressé hier à la représentation nationale.

On attend maintenant de voir ce protestant pratiquant qui ne fait pas mystère de sa foi à l’œuvre. N’a-t-il pas terminé son speech de 59 pages par un "Que Dieu bénisse le Burkina, et n’est-il pas un habitué de l’église centrale des Assemblées de Dieu ?

Zowenmanogo Dieudonné Zoungrana

L’Observateur Paalga

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