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Affaire Sams’K le Jah : Le silence incompréhensible de la République

Publié le mercredi 3 octobre 2007 à 08h03min

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Sams’K le Jah

Avril 2007, l’animateur atypique, anticonformiste et admirateur de Thomas Sankara, Sams’K le Jah, reçoit plusieurs menaces via internet du fait de sa "grande gueule" et du respect quasi religieux qu’il voue à son idole, le défunt président du CNR, dont il vante les mérites sur les ondes de Ouaga FM ; 28 septembre 2007, sa voiture est dévorée par des flammes criminelles dans la cour de Ouaga FM pendant qu’il était à l’antenne.

Dans les deux cas, les organisations et associations du monde de la communication et les mouvements de défense des droits humains ont, de concert, condamné ces actes attentatoires aux libertés d’opinion, d’expression et de presse. Ils ont, de ce fait, accompli, ne serait-ce que partiellement, les missions pour lesquelles ils se sont créés.

En effet, ils jouent, dans les faits, un rôle de contre-pouvoir et de sentinelle supposée être vigilante vis-à-vis des abus en tout genre des puissants que sont les politiques, les hommes et femmes d’affaires, les administratifs, etc. Malheureusement, sauf erreur ou omission de notre part, du côté de la République, censée assurer à la collectivité et aux citoyens la sécurité, l’éducation, la santé, etc., ne règnent que l’aphonie et l’atonie.

Pire, à écouter certaines gens qui sont loin d’être la cinquième roue du carosse, "ce petit-là s’amuse à se faire peur lui-même : cette campagne est faite pour attirer l’attention du public sur lui et pour avoir de l’audience pour son émission Roots Rock Reggae". Il serait alors un paranoïaque, c’est-à-dire un orgueilleux doublé d’une personnalité qui voit partout de la persécution à son endroit. On est même allé jusqu’à laisser entendre qu’il aurait commis des gens pour brûler sa voiture afin de rendre crédibles ses dires.

Si fait que nombreux sont ceux qui pensent que si les forces de sécurité n’ont, au moins officiellement, encore rien fait malgré la plainte qu’il a déposée en avril dernier suite aux menaces, c’est bien parce que son discours est un tissu de mensonges.

Sams’K le Jah, peut-être un déjanté mais un citoyen quand même

Il n’est pas exclu que les tenants de telles explications aient raison. Derrière les apparences humaines et angéliques que chacun de nous tente d’afficher à l’intention de ses semblables, sont secrètement tapis un vulgaire menteur, un habile falsificateur de faits et un parfait fourbe. En fonction des résultats de notre processus de socialisation, des intérêts en jeu ou de notre état de santé physique ou mentale, ces hydres hideuses sortent brutalement de leur cachette.

Sams’K le Jah pourrait bien être possédé par une de ces hydres. Cela ne saurait, toutefois, pas justifier l’attitude des institutions de la République qui, avouons-le, frise le mépris : la Justice, silencieuse ; la police, muette ; la gendarmerie, "50 F ne valent pas mieux que 25" comme qui dirait ; le ministère de la Promotion des droits humains, sans voix ; le Conseil national des droits humains, le blanc total, etc.

Certes, peut-être que dans la discrétion, ces institutions font quelque chose comme recevoir l’animateur artiste musicien pour l’encourager ; peut-être (qui sait ?) que la police et/ou la gendarmerie sont silencieuses mais n’en sont pas moins actives. Cependant, dans un contexte d’Etat de droit démocratique et libéral, le savoir-faire de la République doit s’accompagner du faire-savoir, car ce qu’elle fait, ce sont des "devoir faire".

Autrement dit, ce sont ses devoirs et elle doit en rendre compte à celui qui l’a mandatée, à savoir le peuple. Qu’on n’aille pas nous opposer par exemple l’argument du secret de l’instruction ou du devoir de réserve car dire publiquement qu’on est préoccupé par ce qui lui arrive n’entache en rien le secret de l’instruction ou le devoir de réserve.

Des a priori érigés en a postériori

Nous disions tantôt qu’il n’est pas exclu que Sams"K le Jah soit un déjanté, un paranoïaque. Mais cela, c’est un médecin qualifié qui peut en tirer la conclusion après un diagnostic irréprochable et acceptable par tous les esprits initiés. Ce n’est pas sur la base de rumeurs, parfois aussi fantaisistes les unes que les autres, qu’on doit sceller son sort.

Mieux, dans l’hypothèse où il serait un malade, il serait plus à plaindre qu’il ne devait faire l’objet de risée ou d’ostracisme de la part de son prochain. Mieux encore, il doit être assisté car il est su de tous que bien de maladies mentales ont pour origine les difficultés d’intégration dans la société des humains.

C’est dire donc que, sans diagnostic de médecin et sans enquête policière sérieuse prouvant que Sams’K le Jah raconte des balivernes, décider qu’il ne faut rien en dire et qu’il ne faut rien faire, c’est prendre l’introduction pour la conclusion ou l’a priori pour l’a postériori.

Qu’un citoyen ou quelques citoyens limités par leur niveau de culture ou/et leur degré d’ouverture d’esprit en arrivent à une telle inversion de perspective, passe encore. Mais que des institutions républicaines qui regorgent de cadres provenant des différents domaines de la connaissance se comportent de la sorte ne peut que donner raison à ceux qui pensent que notre Etat est au pire un non-Etat et au mieux un Etat au service de quelques princes. Tout ça au moment où on célèbre le 20e anniversaire de la renaissance démocratique. Allez-y savoir.

Z. K.

L’Observateur

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Vos commentaires

  • Le 3 octobre 2007 à 16:54 En réponse à : > Affaire Sams’K le Jah : Le silence incompréhensible de la République

    Je suis choqué par ce que je viens de lire ! Je ne m’attendais jamais à lire des conneries sur l’Observateur.Non, soyons sérieux ! Meme si ce sont des hypothèses, je crois que c’est franchir le rubicon. Dire qu’aucun autorité n’a réagit, pas de problème ; mais aller jusqu’à emettre l’hypothèse que le Jah est paranoiaque, jusqu’à aller payer des gens pour bruler sa voiture, je suis choqué ! C’est comme si c’est dire que Norbert ZONGO avait perdu le réseau jusqu’à aller payer des gens pour le tuer et bruler ! Venant de la part d’un journaliste, j’ai peur et ça me révolte !

    • Le 3 octobre 2007 à 19:16, par passakziri En réponse à : > Affaire Sams’K le Jah : Le silence incompréhensible de la République

      Je crois que vous avez peut-être mal compris le texte. L’auteur se réfère aux dires de certaines personnes au Pays qui affirment que :"cette campagne est faite pour attirer l’attention du public sur lui et pour avoir de l’audience pour son émission Roots Rock Reggae" , pour en venir à la conclusion que quelles qu’en soient les théories qu’on avance pour ne pas s’intéresser au problème,les autorités auraient bien intérêt à assurer la sécurité du citoyenn Sam’s K.
      Du reste,lorsque Sams’K avait annoncé son intension de se faire soigner en suisse, on avait lu sur ce même site de ces hypothèses les plus ridicules qui prétendaient qu’il voulait s’assurer un exil la bas.
      Au Faso nous avons depuis un certain temps tendance à minimiser toute critique avec des argumentations à vous faire disparaître de honte.(Passez vous même souvent sur les fora du faso.net et vous remarquerez que les mots "jalousie" "Jaloux" ne sont pas rarement employés pour contrer son interlocuteur). Dans ce cas précis, tout ce qu’on peut dire dans la situation actuelle est qu’on ne veut pas savoir si la victime est "malade mentale" ;Ce qu’on reclame, c’est que l’affaire soit prise au sérieux, si l’on veut préserver Sams’K en vie et la paix au Faso.
      passakziri

    • Le 3 octobre 2007 à 19:43, par yamba En réponse à : > Affaire Sams’K le Jah : Le silence incompréhensible de la République

      je voudrais tout simplement dire à celui qui est choqué par le fait que l’observateur supose que le Jah pourrait scenariser lui même l’histoire, que je comprends sa douleur. effectivement de telles supossitions peuvent choquer un burkinabè qui a suivi ce qui est arrivé à norbert Zongo et surtout quand on est connais peut-être l’honnêtété de sam’sk le jah. mais après tout chèr lecteur, il ne faut pas t’emporter. laisses les les gens exprimer ce qu’il pensent et tente d’apporter la contradiction. c’est vrai que ce n’est pas très journalistique de faire des hypothèses de ce genre. en tant que journaliste, son rôle c’est de pouvoir depasser ces hypothèses que n’importe qui peut émettre et aller à la recherche des faits qui pourront permettre aux simples individus de privilégier ou carrément de confirmer ces hypothèses.mais hélas au burkina, les journalistes sont toujours rester sur les "il parait", "on murmure", "il se pourrait" etc. dans cette logique ils écrivent des choses qui leur coûtent très souvent des droits de reponse, des excuses, des procès et autres démentis. c’est domage que les journalistes ne font pas l’effort d’aller fouiller pour vraiment éclairer et contribuent plutôt à alimenter des rumeurs. c’est ce qui amènent très souvent des gens qui n’ont pas les qualités du journaliste, à pretendre qu’il fait du journalisme. la démarche est très simplifiée et n’importe qui se l’approprie.

    • Le 3 octobre 2007 à 20:11, par K.Augustin K. En réponse à : > Affaire Sams’K le Jah : Le silence incompréhensible de la République

      cher concitoyen,est -ce que vous comprenez francais ? ce n’est pas parcequ’il vous est permis de repondre a l’article qu’il faut vite se mettre à le faire sans prendre le temps de lire l’article du debut jusqu’à la fin...car si vous aviez pris la peine de bien lire l’article,vous ne seriez pas "choqués".Et puis s’il vous plait,relevez un peu votre niveau de langage et evitez à l’avenir des mots tels que "Conneries" car Dieu seul sait tous ceux qui vous liront.Et meme si ce jourlaliste (qu’il soit de l’Observateur ou de tout autre journal) avait abordé le sujet dans le sens que vous vous l’avez compris,n’a t-il pas lui aussi le droit à la liberté d’opinion ?Ce meme droit que vous et moi reclamons pour tous ?
      Nous demandons à ce que toute la justice soit faite sur ces menaces et sur cette incendie de voiture.
      Que la justice,la liberté et la paix règnent sur le Burkina Faso,la terre que nous cherissons tous.

  • Le 3 octobre 2007 à 18:49, par Barou En réponse à : > Affaire Sams’K le Jah : Le silence incompréhensible de la République

    Très bonne reflexion et très bonne conclusion. Nos autorités doivent serieusement prendre le problème en main pour ne pas jouer au pompier.Du courage Monsieur le journaliste

  • Le 3 octobre 2007 à 23:11, par Tintin le Grand En réponse à : > Affaire Sams’K le Jah : Le silence incompréhensible de la République

    Je dis grand merci à l’auteur de cet article qui prouve qu’au pays des hommes "intègres", il existe encore des citoyens bien lucides et contrairement à ce que pensent plusieurs d’entre nous, les gens lucides forment la majorité de la population.

    Qu’il vous souvienne que ça à commencé de la même manière jusqu’à ce que notre confrère Norbert Zongo et d’autres compagnons d’infortune soit un beau jour de décembre 1998 cramés comme des pintades par des citoyens de la République. Cette "République" qui au vue et au su de tout le monde fait tout pour empêcher que la vérité soit connue afin que justice soit faite. Mais je vous assure, tout ce monde d’assoiffés de sang rendra compte de gré ou de force au peuple au nom duquel ils commettent tout ce désordre.

    Ce qui me fait le plus de mal, c’est ce silence assourdissant de la presse en général et de la presse orale (les nombreuses radios FM qui nous cassent le timpan à longueur de journée avec des bidules et des obsolètes mots comme information. La vrai information est celle qui amène le peuple à se prémunir contre ces crimes odieux commis par cers monstres hideux qui peuplent encore notre pays et qui sont encore notre Faso.

    Que Sam’s soit un agité ou un paranoïaque, la justice devrait de par ses enquêtes nous le démontrer au lieu de tout faire pour ignorer ces menaces afin de le diaboliser.

    En toute sincérité, personnellement je n’ai pas la moindre admiration pour Sam’s à cause de son émission car il essaie toujours de victimiser la population en parlant surtout de ghetto à Ouaga. Ceux qui ont été une fois en Afrique du sud au moment de l’apartheid sauront que Ouaga n’a rien d’un ghetto. Et surtout, dans certains quartier de notre capital, plus de 50% des jeunes qui ne veulent rien faire ne jurent que par ses émmissions alors qu’ils ne cherchent à rien faire pour gagner dignement leur vie.

    Cela veut simplement dire que son message n’est pas du tout compris ou est mal interprété et c’est ça qui est grave.

    Mais, comme Claudy Siar il ne fait que son travail et il faut qu’il jouisse de toute la protèction de l’état comme tout citoyen et en cas de menace comme c’est la cas actuellement il faut que la police et la justice prennent au sérieux ces menaces. Sinon, nous risquons de perdre un jour un homme et ce sera dommage.

    Que la "République" agisse donc pendant qu’il est encore temps.

    A bon entendeur, démi-mot.

  • Le 4 octobre 2007 à 04:32, par Moussa En réponse à : > Affaire Sams’K le Jah : Le silence incompréhensible de la République

    "L’ETAT BURKINABE N’EST PEUT-ETRE PAS COUPABLE MAIS IL EST RESPONSABLE"
    C’est ainsi que Newton Ahmed Barry avait titre son papier au lendemain de l’assasinat de Norbert Zongo. Cela lui a coute son poste de journaliste d’etat et sa vie de fonctionnaire de l’Etat burkinabe.

    Pourtant ce n’est qu’une lapallissade ! Le cas Sam’s K le Jah n’est rien d’autre que du "deja-vu !"... (lisez a l’americaine "dejavous"). Tout comme dans le cas Norbert Zongo, l’Etat fuit encore ses responsabilites !!! Ou est donc cet Etat qui a la responsabilite d’assurer la securite des Burkinabe ; particulierement ceux qui sont gratuitement menaces de mort pour leur opinion ?

    Le silence de l’Etat ne peut se comprendre autrement. On ne peut que l’assimiler a un refus d’agir. Qu’il y ait des actions dans l’ombre pour proteger ce jeune homme ? nous l’esperons ! ... sinon cette fois-ci, si on touche a un cheveu de cet innocent, "L’ETAT BURKINABE SERA COUPABLE ET RESPONSABLE". Coupable de refuser la protection a un citoyeb en danger ; coupable de son silence et responsable devant le Peuple et devant l’histoire.

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