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Affaire PAI : Tricher ou respecter le droit, il faut choisir, M. Akotogué !

Publié le mardi 2 octobre 2007 à 08h27min

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Le débat n’est pas clos dans l’affaire PAI. En témoigne l’écrit ci-dessus d’Abdou Salam Ouédraogo, membre du BEC du PAI légitime. Interpellant monsieur Akotogué, qui avait apporté des réponses à ses observations sur la lettre de celui-ci au ministre de l’Administration territoriale, l’auteur lui demande d’opérer un choix entre tricher et respecter la loi.

Monsieur Akotogué, dans la réponse que vous faites à mes observations sur votre lettre au ministre de l’Administration territoriale et de la décentralisation (MATD), vous prétendez que votre lettre au MATD était seulement destinée à « porter à sa connaissance » l’attitude et les propos tenus par ceux que vous appelez « deux individus qui se sont présentés pour dire qu’ils représentaient (le) ministère » lors de l’audience du Conseil d’Etat du 31 août 2007. Pourtant vous savez bien que le MATD n’a nul besoin de votre lettre pour en être informé.

Non, l’objet de votre lettre, il faut avoir le courage de le reconnaître, c’était bien de demander au MATD de rester dans les erreurs et les injustices commises par ses prédécesseurs. C’est vous-même qui dites que vous vouliez « attirer son attention sur le fait que c’est le récépissé du 05 octobre 2001 et (sa) lettre invitant Soumane Touré à convoquer un congrès ... qui sont attaqués par le camp Philippe Ouédraogo ».

C’est vous-même qui apostrophez le MATD, lui reprochant de ne pas respecter le principe de « la continuité » de « l’administration républicaine » en ajoutant lourdement : « Comment donc, Monsieur le ministre, étant le principal gérant de cette situation, ayant défendu depuis le commencement de cette affaire votre position (plutôt celle de Soumane Touré), vous venez à jeter l’éponge comme pour reconnaître vous-même que vos actes étaient illégaux ? ».

Il faut donc cesser de tricher, mais plutôt reconnaître et assumer la vérité. C’est parce que nous recherchons la vérité dans les faits que nous n’avons nul besoin, comme vous vous en alarmez, de chercher à « forcer la décision du Conseil d’Etat et à convaincre l’opinion que depuis dix ans (nous sommes) victimes de l’arbitraire du MATD ».

Ne vous affolez pas si rapidement ! Si l’on peut forcer la décision du Conseil d’Etat, votre camp, que les scrupules n’ont jamais étouffé, l’aurait certainement déjà fait ! L’opinion connaît la vérité sur « l’affaire PAI » parce qu’elle est claire et « qu’on se connaît » dans ce pays de savane ! Enfin comme vous le savez, l’intervention du MATD dans cette affaire date de 2000 et non pas de dix ans ! Vous paraissez « découvrir » beaucoup de choses dans mes observations. Par exemple :

1- que tout le BEC que dirigeait Soumane Touré a démissionné devant le Comité central du PAI le 12/09/98 ; 2 - qu’une résolution adoptée sur le champ par le Comité central a confié la direction provisoire du parti aux membres d’honneur, en les autorisant à s’adjoindre des militants qu’ils choisiront pour assumer cette responsabilité ; 3- que le Comité central leur a en outre donné le mandat de convoquer un congrès extraordinaire dès que possible et non pas en janvier 1999 comme veut le faire croire Soumane Touré ; 4- que les membres d’honneur ont mis en place un BEC provisoire pour assumer les tâches de direction provisoire du parti, en attendant de pouvoir convoquer le congrès extraordinaire.

Le MATD veut semer la confusion

Mais vous, vous m’apprenez ce que je sais déjà, a savoir que « Soumane Touré et trois autres camarades du BEC démissionnaire » ont décidé « d’exploiter » le non-respect du délai de 15 jours prescrit par la loi pour déclarer le bureau provisoire au MATD. C’est bien là l’une des constantes du comportement de votre « Secrétaire général », qui cherche constamment à tricher et à tromper ses propres camarades, en contradiction avec les principes du parti !

Cela participe de ce qu’il appelle fièrement « monnayer sa capacité de nuisance » ! C’est ce même comportement qu’il a certainement eu avec ces mêmes « camarades du BEC démissionnaire » qui l’ont suivi, lors de l’établissement des listes de candidatures aux élections législatives de 2007, ce qui leur vaut de se retrouver ailleurs !

Après Soumane Touré vous répétez comme un perroquet que les membres d’honneur « ont refusé de convoquer le congrès extraordinaire pour lequel ils étaient mandatés ». Alors pourquoi, au Comité central du 11/09/99, auquel Soumane Touré ne pouvait prendre part, n’ayant aucune qualité pour cela, la question de la convocation du congrès a été librement discutée, les membres d’honneur et le BEC provisoire expliquant pourquoi cette convocation n’avait pu encore être faite ? Pourquoi le Comité central leur a-t-il renouvelé sa confiance ?

Finalement ce congrès a été convoqué conformément à leur mandat, et s’est tenu les 5 et 6 février 2000, même si, tentant de semer la confusion, le MATD, officiellement informé de sa tenue, s’est précipité pour délivrer le 31/01/2000 un récépissé à M. Soumane Touré, après son « congrès » illégal du 04/12/99. Encore une fois, tricher ou respecter le droit, il faut choisir ! Résumons-nous donc :

1- les membres d’honneur et le bureau provisoire qu’ils ont mis en place ont assumé la direction du parti, jusqu’à la tenue du congrès extraordinaire ; 2- le 2e congrès extraordinaire s’est tenu les 5 et 6 février 2000 avec la présence de tous les membres d’honneur et de la quasi-totalité des représentants élus des fédérations provinciales, conformément aux statuts ;

3- ce 2e congrès extraordinaire a élu un nouveau BEC comme le demandait la résolution adoptée par le Comité central du 12/09/98. Alors, où est la « trahison de leur mandat par les membres d’honneur » ? Très certainement dans les seules têtes de M. Soumane Touré et de ceux qu’il réussit encore à tromper !

Le PAI n’a pas cessé d’exister après 98

Mais puisque vous reprenez sans nuances les thèses de votre gourou, Soumane Touré, selon lesquelles parce que le bureau provisoire ou le BEC issu du 2e congrès extraordinaire de février 2000 n’a pas reçu de récépissé du MATD il n’existe pas, « découvrez » que :

la Constitution et la loi (je ne dis pas le MATD) reconnaissent aux partis politiques le droit de se constituer et de s’organiser librement. En conformité avec les statuts et les règles qu’ils se sont donnés, ils se dotent notamment de directions. Le parti informe le MATD de la liste des membres de sa direction et le MATD en prend acte par la délivrance du récépissé ; mais même si le MATD ne délivre pas de récépissé, cette direction est valide pour le parti ;

mais en « épiciers du droit », le débitant en tranches irrégulières et grossières, vous et Soumane Touré voulez faire croire que c’est le MATD qui fait la légalité d’un bureau de parti, par la délivrance d’un récépissé ! C’est faux, et vous le savez bien ! Si c’était vrai, le MATD aurait dangereusement le pouvoir de refuser un bureau régulièrement mis en place par les instances habilitées. C’est pourquoi dans le cas de « l’affaire PAI », la justice déclare que le MATD a « excédé ses pouvoirs » en invitant Soumane Touré à convoquer un congrès du PAI ;

même si vous êtes un nouveau « militant du PAl », croyez- vous que le PAI était sans bureau avant sa légalisation en avril 1991 parce qu’il n’y avait pas de récépissé de reconnaissance de ses bureaux ?

c’est parce que vous raisonnez en « épiciers du droit » que vous dites en répétant après Soumane Touré : « Le bureau provisoire du PAI n’a pas eu de récépissé, donc il n’existe pas ; le BEC issu du 2e congrès extraordinaire de février 2000 n’a pas eu de récépissé, donc il n’existe pas ; la justice ayant annulé le récépissé illégal délivré le 31/01/2000 par le MATD à Soumane Touré, il faut revenir au bureau du PAI dirigé par Soumane Touré et élu par le 7e congrès, car un récépissé lui a été délivré ».

Raisonner ainsi, c’est faire comme si le PAI avait cessé d’exister après 1998, et c’est proprement absurde ! Et même dans ce cas, de quel bureau de 1998 Soumane Touré est-il le Secrétaire général, puisque la majorité de ce bureau ne le reconnaît plus comme tel depuis le 12/09/98 ?

Il n’est pire sourd que celui qui ne veut pas entendre

M. Akotogué, vous écrivez que la décision prise le 13/07/2000 par le Tribunal administratif, annulant votre récépissé irrégulier du 31/01/2000, n’est pas motivée. Comme on dit, il n’est pire sourd que celui qui ne veut pas entendre ! C’est pourquoi il est certainement inutile de vous conseiller de relire cette décision, ni de vous inviter à relire l’arrêt du 29/06/2001 de la Chambre administrative de la Cour suprême, confirmant la décision après votre appel, et certainement encore moins de vous proposer de prendre connaissance de l’arrêt de cette même Chambre datée du 25/11/2002 répondant à une demande d’interprétation.

Non, M. Akotogué, ce n’est pas la plainte du PAI contre le deuxième récépissé irrégulier que le MATD a délivré le 05/10/2001 à Soumane Touré qui vous vaut d’être devant le Conseil d’Etat ! Cette plainte a été tranchée à notre satisfaction le 30/06/2005 par le Tribunal administratif, et votre récépissé a été annulé ! C’est l’appel déposé par votre avocat, qui s’est constitué de son propre chef avocat du MATD le 08/06/2000, qui nous vaut d’être devant le Conseil d’Etat.

Et ce qui vous fait mal, c’est que les déclarations des « individus qui se sont présentés pour dire qu’ils représentaient » le MATD soulignent d’une part que l’appel déposé par votre avocat au nom du MATD l’a été contre la volonté du MATD, et d’autre part que le MATD se refuse à continuer d’être votre instrument contre les droits du PAI légitime. Mais encore une fois, tricher ou respecter le droit, il faut choisir !

Un parti, c’est l’organisation

Chacun comprends donc votre rage et pourquoi vous voulez à tout prix aborder des sujets qui n’ont rien à voir avec les questions en débat. Ne vous en déplaise, je suis bel et bien membre du PAI légitime et non du PDS ; je suis même membre du BEC du PAI légitime ! Soumane Touré vous a peut-être convaincu, et avec vous le MATD à l’époque, que par le hold-up de son prétendu « congrès » du 04/12/99, tenu avec des « fédérations » fabriquées hâtivement, et surtout, qu’avec les récépissés successifs dont le MATD le gratifiaient irrégulièrement, le PAI légitime disparaîtrait politiquement, notamment lors des échéances électorales.

Mais vous avez appris à vos dépens que le PAI n’est pas né après 2000, qu’il a des soutiens dans l’opinion démocratique et qu’il peut compter sur la solidarité politique agissante d’autres formations politiques, indignées par l’arbitraire du complot dont il est victime.

Même si vous enragez, malgré vous et contre vous, le PAI légitime est bel et bien vivant ! Il fonctionne avec ses structures, et il réussit à présenter des candidats aux différentes élections, certes pas sur des listes à en-tête du PAI, mais sur des listes de partis qui ont bel et bien le droit de le faire et qui acceptent de le faire, le temps que le pouvoir convienne qu’il lui faut accepter de respecter les décisions de la justice !

Conseil pour conseil, je voudrais vous dire que ce ne sont pas les couvertures médiatiques de manifestations squelettiques, ni les déclarations contradictoires et tonitruantes d’un dirigeant qui a perdu toute crédibilité qui font un parti ! Un parti, c’est une organisation, avec une orientation, une politique et des objectifs, avec des militants qui ont foi en ses orientations et en sa politique, avec une direction homogène, solidaire et clairvoyante, avec des structures conçues pour permettre à tous les militants de contribuer dans la confiance réciproque à son essor et à son succès ! Pensez-y, M. Akotogué, parce que vous en aurez besoin !

Abdou Salam Ouédraogo,
Membre du BEC du PAI

L’Observateur

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