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Producteurs, managers : "Tueurs" de musique, "mangeurs" de show biz

Publié le lundi 1er octobre 2007 à 06h32min

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Le show biz burkinabè connaît son printemps. Chansonniers, chanteurs et musiciens surgissent de tout horizon sur la scène musicale pour fredonner des airs à la sauce locale ou étrangère. Des studios d’enregistrement et des structures de duplication de cassettes ou de Compact disc (CD) se créent pour impulser ce réveil artistique. Chanter et danser deviennent alors les boulots les plus facilement accessibles au Burkina Faso.

Comme tout œuvre artistique voire libérale tout le monde peut chanter ou danser. Des cris d’ogres se mélangent aux voix de rossignols. Des plaisantins inhibent les créations savamment réfléchies des figures de proue actuelles : Sami Rama, Amety Miria, Idak Bassavé, Djata Ilébou, Abibou Sawadogo, Yeleen, Smokey, Faso Kombat, Floby, Bil Aka Kora, Zougnazagmda, Bamogo de Nobéré...

Cette frange audacieuse et entreprenante d’artistes a beaucoup contribué à redonner à la musique burkinabè ses lettres de noblesse tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays. Seulement, cet essor du show biz est loin d’égaler celui des années 1970 où des femmes et des hommes ont rivalisé de talents pour donner le meilleur d’eux-mêmes en voix et en instrumental.

Aujourd’hui, la musique burkinabè a gagné en quantité et perdu en qualité. Rares sont les artistes qui ont fait de cet art un sacerdoce et enrichissent véritablement la culture burkinabè. Leur savoir-faire est noyé par une race spontanée de chanteurs donnant l’impression que "chanter c’est forcer".

La musique requiert des aptitudes vocales, intellectuelles, instrumentales. Ce n’est point un art ouvert à n’importe quel quidam. Au lieu d’adoucir les mœurs, il y a des productions musicales qui donnent des crises de nerfs. Celles-là constituent le souffre menaçant l’élan du show biz.

Le printemps apparent a également favorisé la naissance d’activités annexes : producteurs, managers. Tandis que des individus mettent du cœur pour un rayonnement de la musique nationale en organisant des concerts et en fabriquant des vedettes, d’autres s’improvisent préoccupés par le profit qu’ils peuvent tirer du succès de tel ou tel artiste. Sans concevoir et percevoir le sens de leurs activités, des soi-disant producteurs "polluent" le show biz et des prétendus managers "dînent" le talent des musiciens. De véritables "coupeurs de route" dont la rapacité et l’avidité ont découragé de nombreux artistes ou anéanti des ascensions musicales. Les actions malveillantes de ces "carnivores du show biz" viennent s’ajouter à la piraterie pour "assassiner" à petit feu les rares talents musicaux du pays et leurs œuvres.

Jolivet Emmaüs (joliv_et@yahoo.fr)

Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 1er octobre 2007 à 19:50, par Jasibo K. En réponse à : > Producteurs, managers : "Tueurs" de musique, "mangeurs" de show biz

    Tout à fait d’accord avec l’auteur de l’article. Une proposition toutefois : il serait judicieux d’introduire dans les journaux, les radios, à la télé, des rubriques culturelles qui critiqueraient (en bien comme en mal) les productions culturelles nationales, permettant ainsi aux artistes de bonne volonté de rectifier éventuellement le tir. Ce que nous vivons jusqu’à présent, c’est soit une présentation dithyrambique des nouvelles productions (musicales surtout), soit une annonce qui, en général, est exprimée de manière neutre, avec beaucoup de retenue. Je ne pense pas qu’il y ait du mal à relever les faiblesses de nos chanteurs et chanteuses, danseurs et danseuses. Les compétences pour exercer une telle critique ne manquent pas. Seulement, on a l’impression d’un genre d’auto-censure de ces compétences : soit elles se taisent, soit elles encensent. A leur décharge : tout le monde a sans doute pensé qu’en accroissant la production, on aurait plus de chances d’obtenir de la qualité. Mettons dorénavant tout en oeuvre pour que le besoin de promouvoir la quantité ne nous fasse pas oublier l’exigence de qualité. En ce sens, le Ministère de la culture n’a pas toujours été bien conseillé, qui a subventionné et soutenu des productions qui ne le méritaient vraiment pas...

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