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Arrestation de Moussa Kaka au Niger : Tandja se trompe de combat

Publié le jeudi 27 septembre 2007 à 07h38min

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Moussa Kaka

Pauvres journalistes ! A voir les hommes de médias maltraités par-ci par-là à travers le monde, il est à penser qu’ils sont devenus les souffre-douleurs des pouvoirs en place. La situation que vit notre confrère Moussa Kaka à Niamey en est l’exemple parfait.

En effet, depuis le 20 septembre 2007, Moussa Kaka, le correspondant de Radio France internationale (RFI) à Niamey au Niger, croupit dans une cellule de la gendarmerie.

Il est poursuivi pour « atteinte à la sûreté de l’Etat » par les autorités en place pour ses présumés liens avec les rebelles touaregs du Mouvement des Nigériens pour la justice (MNJ), qui redonnent depuis février 2007 du fil à retordre à l’armée de Mamadou Tandja au nord du pays.

Selon le procureur général, Adama Harouna, le journaliste aurait eu ces derniers temps (août-septembre) des conversations téléphoniques avec les rebelles sur leurs activités et leurs relations avec la rébellion touareg du Mali. C’est dire que le téléphone du correspondant est depuis sous écoute. Ce qui est du reste un fait illégal qui, pis est, reste difficile à justifier.

De passage à Paris, le porte-parole du gouvernement nigérien a déclaré que Niamey détenait des preuves susceptibles de confondre Moussa Kaka, qui se serait comporté comme un conseiller des rebelles tandis que RFI aurait été leur porte-voix.

Malheureusement, personne ne connaît le contenu de ces fameuses « preuves ». Du coup, il est difficile de porter un jugement digne d’intérêt sur leur validité.

Mais, de prime abord, on peut s’étonner de ce que Niamey accuse Moussa Kaka de collusion avec la rébellion. En effet, en tant que journaliste, c’est normal qu’il déploie des initiatives pour entrer en contact avec les rebelles pour pouvoir réaliser ses reportages dans le but d’informer largement le public.

En outre, du fait même qu’il soit le correspondant de RFI, une radio dont la voix porte loin, on peut aisément imaginer que les combattants du MNJ aient fait eux-mêmes les premiers pas vers lui.

Et puis, c’est une pratique courante, aujourd’hui, quand il y a un conflit, chaque camp cherche à gagner la bataille de la communication en allant lui-même vers les organes de presse pour une médiatisation de ses actions. Et on ne peut pas jeter la pierre à un journaliste qui, dans le cadre de son travail, a eu des contacts avec une rébellion.

Parce qu’il a agi de la sorte, on peut penser que Mamadou Tandja, qui a depuis quelques années du mal à casser du rebelle, est enclin à s’en prendre à des gens qui n’ont rien à voir avec ses adversaires. Rien qu’en juillet, c’était un arrêté d’expulsions qui visait deux membres d’AREVA au Niger, le directeur (Dominique Pin) et un conseiller à la sécurité.

Des expulsions liées à un soutien présumé de ce groupe français aux rebelles. Aujourd’hui, c’est la détention pour Moussa Kaka. Tout se passe comme si Niamey, au lieu de régler ses comptes avec les rebelles, qui sont source d’insomnie parce qu’ils ne cessent de faire des dégâts au sein de l’armée nigérienne, deverse toute sa colère noire sur de pauvres civils sans défense.

Dans nos traditions africaines, un adage ne dit-il pas qu’un gamin, faute de régler ses comptes avec le caillou qui lui a fait perdre l’équilibre, ne doit pas s’en prendre à l’endroit où il est tombé ?

Le moins qu’on puisse dire est que sous l’ère Tandja, le correspondant de RFI ne connaît pas de répit, harcelé qu’il est par un régime qui ne rate jamais une seule occasion de le mettre aux arrêts. Déjà en 2002 et en 2004, il avait goûté aux geôles du colonel-président pour les mêmes raisons : être entré en contact avec les rebelles. Autant dire que l’histoire se répète.

Mais plutôt que de s’acharner sur un pauvre « gratte-papier », Mamadou Tandja gagnerait à reconnaître au plus vite l’effectivité de la rébellion et à travailler à amorcer un dialogue avec des insurgés qui sont loin d’être, contrairement à ce que prétendent les autorités du pays, « une simple bande de bandits armés, de voleurs et de trafiquants de drogue ».

Si officiellement les rebelles sont considérés comme de simples bandits, on ne comprend pas la gymnastique faite par Tandja et les siens pour persister dans l’accusation d’atteinte à la sûreté de l’Etat contre notre confrère car, à ce qu’on sache, la déstabilisation et le contrôle d’une portion ou de tout le territoire d’un pays sont des objectifs que peuvent se fixer seulement des rebelles mais pas des bandits.

Négocier avec les insoumis du Nord, c’est franchement ce que les autorités ont de mieux à faire car le Niger, pays pauvre et très endetté, gagnerait à utiliser ses ressources pour lutter contre le sous-développement plutôt qu’à les investir dans la traque aux rebelles, combat à l’issue incertaine.

San Evariste Barro

L’Observateur

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Vos commentaires

  • Le 27 septembre 2007 à 17:05, par KgB En réponse à : > Arrestation de Moussa Kaka au Niger : Tandja se trompe de combat

    Wow ! On croyait que les methodes staliniennes avaient disparues depuis. Merci beaucoup de votre excellente demonstration des ecoutes et espionnages sur "les ennemis" et "traites" de l’interieur. Apres Moussa Tchangari du "mouvement contre la vie chere au Niger" voici un autre "traite a la solde de la France". Allez-y ! Arreter tous les "apatrides" parce que la France veut recoloniser le Niger. Vous avez encore du chemin a faire.

    Merci beaucoup pour votre contribution sur ce forum libre dont nous sommes tous fiers. De grace, ne revenez plus nous empoisonner avec des informations obtenues par des methodes aux antipodes de notre temps. A cette allure, il ne vous reste plus qu’a torturer Moussa Kaka, cet excellent journaliste devenu "traite a la nation".
    Certainement sans la " Traitrise" de Moussa, le Niger aurait defait depuis cette petite rebellion.

  • Le 27 septembre 2007 à 18:28, par stefankinda En réponse à : > Arrestation de Moussa Kaka au Niger : Tandja se trompe de combat

    Bonjour,
    ce que je veux ajouter c’est que étant un Burkinabè vivant à l’étranger, ce que je trouve inadmissible, c’est que quelqu’un qui a comme devoir d’informer puisse écrire avec autant de fautes dans son article (et loin de moi l’idée de "parler pour parler" comme on dit à Ouaga !!!)
    mettez vous au sérieux et vous n’êtes pas les seuls ! si besoin est, utilisez le correcteur automatique d’orthographe. En tout cas pour en revenir au sujet de l’article, je crois aussi qu’il faut que les journalistes, de surcroît des correspondants de presse internationale, puissent perdre leur crédibilité et celle de leurs partenaires dans des situations de ce genre.
    Il n’y a pas de fumée sans feu...

  • Le 29 septembre 2007 à 02:09 En réponse à : > Arrestation de Moussa Kaka au Niger : Tandja se trompe de combat

    - Au milieu des années 80 pendant le sommet France-Afrique de la Baule, Hussein Habré avait fait une remarque juste et fondée à Mitterrand. Une rébellion a éclaté la même semaine au Tchad. On connaît l’effroyable bain de sang qui s’en est suivi et la prise de pouvoir par Idriss Deby. Le Tchad continu de pleurer encore aujourd’hui, (surtout avec ces hélicoptères sans immatriculation qui viennent régulièrement et nuitamment jeter des sacs de sel dans le lac-tchad).
    - Pour une simple histoire de choix de langue officielle (entre le français et l’anglais), on nous a dit que le serf (hutu) et le chef (tutsi) se battent au Rwanda. Bilan : plus de 1 million de morts innocents. Pis, les vrais coupables de ce génocide qui ont meurtri le Congo-Brazaville 4 ans après par un autre génocide accusent aujourd’hui encore les libérateurs du Peuple frère du Rwanda.
    - Il y’a 5 ans, Gbagbo à fait comprendre très poliment à Chirac que la Cote d’Ivoire n’est pas un département français et qu’il n’était pas son préfet. Wade du Sénégal à insulté Gbagbo en public. Une crise intérieure a été exploitée et s’est par la suite traduite en guerre civile. Pleure ô mon pays bien aimé... disait quelqu’un
    - Il y’a quelques mois, le Niger (qui à perdu des dizaines de milliards d’euros pendant plus de 45 ans de pillage et de vol systématiques de son uranium par le même colonisateur) a décidé de se « libérer de cette prison » en alignant par exemple le prix de ses ressources naturelles sur les références internationales. Et comme par hasard, des bandits nettement mieux équipés que l’armée nationale nigérienne déclenche une prétendue rébellion.
    - Lorsque ATT critique le discours injurieux, négationniste, raciste, méprisant, humiliant d’un certain hongrois naturalisé français, des bandes armées qui s’autoproclament rebelles choisissent de semer la terreur et d’hypothéquer la production de son or quelques jours après ses propos.
    - Les exemples sont nombreux, vraiment nombreux.... Comment malgré tout, des journalistes qui se réclament tels, sont incapables de faire correctement leur travail ? Pis, ils jettent la pierre sur le peuple frère du Niger en s’attaquant de manière aussi basse aux dirigeants dudit pays ? Pour moins que cela, Me Hermann Yaméogo a failli être « rectifié » combien de fois... pour prétendue « haute trahison » consécutivement à la crise ivoirienne ? Pour moins que cela, Norbert Zongo et ses amis ont été traités de la manière la plus inhumaine possible qu’il n’a été donné à voir en « Afrique du Journalisme ». Pour moins que ça, notre jeune frère Newton Barry n’a pas failli être « rectifié » au Togo ? (Je sais ce que je dis.) Moussa Kaka a au moins la chance de passer devant un tribunal de justice pour s’expliquer. C’est peut-être cela aussi la démocratie. Il me semble donc que nous du Burkina, sommes mal placés pour donner des leçons à nos autres frères et sœurs africains.
    - Pourquoi faut-il que ce soit toujours les africains qui se détruisent entre eux pour le compte des occidentaux ? Depuis quand des politiques africains ont pu provoqué un coup d’état militaire en Europe ou fait assassiner un européen en Europe,... ?

  • Le 29 septembre 2007 à 18:05, par KgB En réponse à : > Arrestation de Moussa Kaka au Niger : Tandja se trompe de combat

    Hey ! Il faut arreter de voir ou meme de sentir l’odeur du diable partout. N’exagerez pas le role des occidentaux dans nos problemes. Vous parlez de Moussa Kaka, et tous les syndicalistes qui sont regulierement arretes au Niger et maltraites ? Et les membres du "Mouvement contre la vie chere" ? Que dites vous de CNN qui interview des membres du Hamas, D’Al qaida ? Sont-ils des traites a la nation americaines ? Si un journaliste ne peut pas etre en contact avec des rebelles de sa zone de couverture, s’il ne peut pas depasser la version officielle, quel est alors son role ? Si radio Niger etait libre, si Tele Niamey etait libre, les Nigeriens sauront la verite sur la gestion catastrophique de cette crise par ce gouvernement.

    De grace, il ya des annees que les Africains ont fini de penser comme vous faites. Nous avons des problemes et nous sommes les seuls responsables.

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