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62e session de l’ONU : Le “big bazar”

Publié le jeudi 27 septembre 2007 à 07h32min

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Mahmoud Ahmadinejad

L’ordre du jour extensible de la 62e session de l’Assemblée générale de l’ONU et les interventions électriques des têtes couronnées qui y ont pris part, ont fait ressembler cette session à un bazar où chacun vient défendre ses intérêts, l’avenir de la planète étant relégué aux calendes grecques.

Pendant que le président iranien Mahmoud Ahmadinejad parle de “sa” bombe nucléaire, le président français Nicolas Sarkozy était, lui, plus préoccupé par l’avenir du Darfour tout en appuyant à travers des propos sybillins la position d’Ahmadinejad, le tout sous l’œil désapprobateur de George Walter Bush qui, lui, s’intéressait à sa croisade irakienne et accessoirement, à ses missiles nord-coréens.

Ainsi campé, le décor de cette 62e session de l’ONU nous éloigne du principal point inscrit à l’ordre du jour, à savoir le réchauffement climatique et les remèdes à y apporter. Faut-il le rappeler, après l’adoption de l’agenda de Rio, lors du sommet sur la terre tenue au Brésil, de grands pays comme les USA et la Russie avaient refusé de ratifier ledit protocole, au motif qu’il contrevenait à leurs intérêts industriels.
Plus tard, la Russie reviendra sur sa position au contraire de l’oncle Sam qui est et demeure l’un des plus grands pollueurs de la planète.

Effets induits de ce radicalisme “yankee”, on ne le sait trop, mais l’Afrique a été le théâtre de catastrophes naturelles, cette année, qui appellera à une introspection profonde de la part des grands de la planète.

Au lieu de quoi, les débats ont tourné autour des questions importantes certes, mais au final avec des solutions qu’on ne sera pas loin d’assimiler à des “mesurettes”. Sur le Darfour par exemple, même si l’option de l’envoi de troupe a été réaffirmée, les modalités pour dégager le nerf de la guerre n’ont pas été clairement définies. Malgré toute sa bonne volonté, l’Union africaine n’a pas les moyens pour faire face à cette noble mission, ce qui fait dire à d’aucuns que ce “prurit” de l’Ouest soudanais n’est pas près de guérir.

Ce, en dépit de la décision prise d’envoyer des policiers au Tchad et en Centrafique, pour “canaliser” les bandes rebelles qui sévissent dans ces contrées.
En fait, cette mollesse sur la crise darfourienne est la résultante de la course de positionnement que les grandes puissances se livrent au Soudan en raison des énormes enjeux énergétiques. Khartoum, on le sait, n’est pas chaud pour l’envoi de troupes au Darfour, privilégiant la solution interne, appuyé dans sa position par la Chine.
Une Chine, rendue boulimique par ses énormes besoins et qui ne s’embarrasse pas trop de la préservation des droits humains.

Pékin a donc de plus en plus ses entrées à Khartoum, au grand dam de Washington pour qui le Soudan est vital dans sa lutte contre le terrorisme. Exit donc le Darfour, même si la porte n’est pas totalement fermée.

L’abcès de fixation iranien

Une porte tout aussi entrebaillée sur la question du nucléaire iranien, par la grâce de Nicolas Sarkozy, qui cultive sur le dossier, une ambiguïté voulue et calculée. Tout en réaffirmant ainsi le droit de l’Iran à disposer de l’énergie nucléaire à des fins civiles, Sarkozy a, dans le même temps, indiqué que la possession de cette énergie par Téhéran, ferait courir au monde de graves risques. Notamment à Israël, qui a des poussées d’urticaire chaque fois que la question du nucléaire iranien est abordée.
L’ambivalence de la position de Paris, tient au fait que la France a actuellement besoin d’argent frais pour résorber un tant soit peu ses énormes déficits qui ont fait dire à François Fillon que l’Etat français était “en faillite”.

Etant entendu que Paris ne peut plus recourir à l’emprunt pour rééquilibrer ses comptes publics, la livraison d’une centrale nucléaire, clés en main, lui apporterait un bol d’oxygène. Mais, comme Washington voit cela d’un mauvais œil, il faut y aller mollo, en donnant d’un côté des gages de bonne foi (le lien atlantiste a été renoué) et en faisant preuve d’indépendance d’esprit de l’autre.

Malheureusement, cela a le don d’irriter Moscou qui dispose d’une capacité de nuisance non négligeable par le biais de son gaz. On a servi la crise gazière de l’automne dernier qui a quasiment “asphyxié” les pays occidentaux. Moscou pourrait remettre ça si Paris continuait cette diplomatie du portefeuille.

Et pourtant, on ne doit pas trop en vouloir à Sarkozy pour cette fois, cette diplomatie ayant prévalu tout au long de cette 62e session. Cela explique-t-il la désaffection de certains hommes d’Etat vis-à-vis de ce forum ? Sans répondre par l’affirmative disons qu’on y a enregistré des absences notablés parmi lesquelles celle du président du Faso, Blaise Compaoré qui vient ainsi de “sauter” deux sessions. Face à cette mondialisation libérale et marchande et nonobstant le fait que la coopération politique et économique revêt une importance cruciale, ceux qui prônent l’interdépendance communautaire peuvent paraître désabusés. Néanmoins, le Burkina Faso ne baisse pas les bras et continuera de suggérer l’abandon de toute idée d’unilatéralisme au profit de politiques de solidarité entre les peuples.

Pour l’heure, le “grand bazar” va bientôt refermer ses portes, laissant le monde dans son train-train quotidien. “Deals” d’armements, contrats léonins dans le domaine des matières premières, OPA “sauvages”...bref, prédation économique et politique. Rien à dire, Ben Laden et ses “ouailles” ont de beaux jours devant eux.

Boubakar SY

Sidwaya

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