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Longévité au pouvoir : Un constat n’est pas une analyse

Publié le mardi 25 septembre 2007 à 08h31min

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“Ça menace la paix” est le titre d’un article de l’association “Mouvement de la paix” publié dans certains journaux de la presse nationale et diffusé sous forme traduite en langue nationale mooré par la radio Savane FM.

Dans cet article, le président du “Mouvement de la paix”, prenant comme prétexte la célébration le 21 septembre, de la Journée internationale de la paix, fustige la longévité au pouvoir du président Blaise Compaoré et “exhorte les Majestés (5 grands rois) du Burkina Faso, les ex-membres du Collège de sages, le Comité d’éthique et les personnalités non partisanes des communautés chrétiennes et musulmanes, forces morales de notre pays, s’abstenir de participer aux manifestations des 20 ans de pouvoir du président Blaise Compaoré et cela “au nom de la paix pour notre chère patrie”.

Pour justifier son exhortation, le président du mouvement écrit : “lorsqu’on fait une petite analyse comparative des guerres qui ont secoué les pays du sud du Sahara et plus particulièrement ceux dits francophones, on constate avec amertume que le point commun entre tous ces pays en guerre ou l’ayant connue demeure la longue période ininterrompue (20 ans et plus que leurs présidents respectifs ont passé à la tête de l’Etat).

Et après le départ de “l’indispensable” président que ce soit par insurrection, par putsch (RDC, Mali) ou par accident criminel (Rwanda) ou par mort naturelle (RCI, Togo), le pays subit un désastre, une irruption volcanique sociale aux conséquences indescriptibles”.

Et pourtant, poursuit l’auteur de l’article, ces pays, à quelques nuances près, étaient qualifiés de “modèles de la bonne gouvernance, havre de paix, forteresse de la stabilité institutionnelle” Mais cela n’est qu’un simple constat comme l’a souligné monsieur le président du Mouvement pour la paix lui-même. Allons donc au-delà de ce constat pour amorcer l’analyse de la situation. Dans ce sens, on peut faire observer que généralement, il est difficile de succéder à un grand président qui a gouverné longtemps et qui a fait beaucoup de réalisations politiques, économiques et sociales pour son pays.

L’explication la plus probable de cette situation, c’est le fait que le successeur du président qui s’en va est nécessairement condamné, soit à gouverner dans le même style que son prédécesseur, soit instaurer son propre style de gouvernement. Dans le premier cas, son action est masquée par l’ombre de son prédécesseur et dans le second cas, il court le risque évident de désorganiser les acquis qu’il a reçus en héritage. C’est ce qui occasionne généralement le dysfonctionnement de la gouvernance dont l’expression maximale est la guerre civile à laquelle fait allusion l’article.

En résumé et à la suite des conséquences politiques tirées par des sages des royaumes mossi, on peut dire qu’on ne succède pas facilement à un grand chef. Cette amorce d’analyse permet de comprendre que la mal gouvernance consécutive au départ d’un président qui a duré au pouvoir est davantage due aux qualités du successeur qu’à la longévité politique de son prédécesseur. Cela est aisément compréhensible si l’on tient compte du fait qu’il y a évidemment beaucoup d’hommes politiques mais certainement peu d’hommes politiques ayant la carrure d’homme d’Etat.

L’inconvénient principal de la longévité d’un président au pouvoir est le fait d’aiguiser l’impatience des concurrents politiques qui, désirant coûte que coûte l’alternance du pouvoir, pourraient recourir à des raccourcis pour réaliser leurs objectifs. Dans cette condition, des désordres ultérieurs dans le pays sont très possibles.

Mahama SAWADOGO,
Député

Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 25 septembre 2007 à 10:28, par Aziz Boulkiemdé En réponse à : > Longévité au pouvoir : Un constat n’est pas une analyse

    Alors monsieur le Député, qu’est ce que, vous, vous proposez comme solutions ? Etant très fréquent dans les médias ces derniers temps, nous espérons vivement que vous nous les(ces solutions) fournissez très bientôt dans les prochains numéros de Sidwaya.

    • Le 25 septembre 2007 à 12:22, par bedié En réponse à : > Longévité au pouvoir : Un constat n’est pas une analyse

      Mr le député,vous oubliez déjà que c’est grace à la démocratie que vous etes dévenu député ; mais si vous trouvez que la démocratie n’est pas une bonne chose, dites le nous clairement puisque vous etes contre l’alternance ;alors on passe à la monarchie et on n’en parle plus.

      • Le 28 septembre 2007 à 11:31, par Adam’s En réponse à : > Longévité au pouvoir : Un constat n’est pas une analyse

        Mais pourquoi vous vous croyez toujours obligé de repondre à la moindre critique qui est faite au regime de Blaise Compaoré ou au CDP même quand elles sont pertinentes. Voyez vous c’est ainsi qu’on finit toujours par se croire indispensable, irremplaçable, inamovible.Nul n’est irremplaçable, pas même Baise Compaoré que vous flattez en réalité.Pensez vous serieusement que les concepteurs de la démocratie, de l’alternance, de la limitation des mandats etc..sont des idiots ?Vous n’avez rien d’un démocrate vous n’avez rien d’un intellectuel encore moins d’ un patriote. Vous êtes simplement un situationniste.
        Dites vous aussi que ceux qui vous lisent ne sont pas des idiots.De grâce, arretez cette comédie, laissez les honnêtes gens parler de leur pays, des souffrances de leur peuple. Des gens de votre trempe, on en a vu ailleurs:prêts à retourner leur veste quand la situation ne leur est plus profitable.

  • Le 25 septembre 2007 à 11:10, par Sankariste de Suisse En réponse à : > Longévité au pouvoir : Un constat n’est pas une analyse

    Ce ne sont pas des constats ni des analyses , ce sont des révélations.

  • Le 25 septembre 2007 à 11:25, par internaute anonyme En réponse à : > Longévité au pouvoir : Un constat n’est pas une analyse

    Votre diagnostic le dit donc très clairement, cher député, il faut impérativement limiter le nombre de mandats dans l’exercice de la Magistrature Suprême d’un pays ! L’inamovibilité d’un individu, quelles que soient ses compétences, au poste de Chef d’Etat doit, selon tout bon sens, être farouchement combattue dans l’intérêt supérieur de la Nation ! Au bénéfice de cela, cher député, vous conviendrez qu’un toilletage de notre Constitution s’impose en ce moment comme une nécessité impérieuse ! Puisque vous êtes, en principe, député du Peuple, et non au service d’un individu, nous suivrons désormais avec grand intérêt vos actions à l’hémicycle ! Et l’on en re-parlera à la veille de la prochaine élection présidentielle chez nous au Faso ! Rendez-vous étant ainsi pris, je vous souhaite beaucoup de courage dans vos fonctions ! Merci de votre attention !

  • Le 25 septembre 2007 à 13:12, par hebid En réponse à : > Longévité au pouvoir : Un constat n’est pas une analyse

    Analyse pertinante,impéccable et superbe.IL ya toujours des hommes capables quelque part ;pour etre assez court,Bravo Mr SAWADOGO.
    Les JEUNES

  • Le 25 septembre 2007 à 13:37, par Paris rawa En réponse à : > Longévité au pouvoir : Un constat n’est pas une analyse

    Mr le député, votre analyse comporte une faiblesse tellement grosse que je doute qu’elle ait échappé à votre attention. Ce qui a fait difficulté dans tous les cas cités (RDC, Mali, Rwanda, RCI, Togo) c’est surtout le désordre lié au processus de succession lui-même que la question des qualités ou de l’incompétence du successeur. Sans compter que le long règne au sommet de l’état d’un parti ou d’une personne st nuisible pour le processus de renouvellement de la classe politique. Par ailleurs vous expliquez les troubles socio-politiques subséquents aux longs règnes par la difficulté de succéder à un grand chef. Mais il est évident que les cas ci-dessus évoqués ne concernent pas de grands chefs exemplaires, mais des cas de chefs d’état ayant en commun une légitimité régulièrement sujette à contestation du fait qu’ils aient accédé au pouvoir souvent par coup d’état, et/ou s’y soient maintenus aux moyens peu démocratiques des partis uniques ou hégémoniques, d’élections aux résultats contestables et souvent contestés, ou de manipulations régulières des constitutions nationales et codes électoraux.

    Il semble évident aussi qu’un GRAND CHEF digne de ce qualificatif (un vrai homme d’état) serait nécessairement assez sage et assez efficace pour ne pas avoir besoin de rester longtemps au pouvoir. L’exemple de Nelson Mandela vous le dira sans équivoque. On ne peut pas gouverner un pays et défendre réellement ses intérêts sans s’épuiser, sans se compromettre personnellement dans les accords entre états, entre partis et dans divers autres domaines du combat politique et de la vie publique. Et plus on s’épuise et se compromet pour son pays et son peuple, moins on est efficace et apte pour gouverner un état moderne. Alors, ou bien on a une grande idée du pouvoir et on le quitte, ou bien on se croit indispensable et on devient un monarque qui ne supporte pas la contradiction (sous le modèle de la chefferie traditionnelle). Dans cette deuxième hypothèse, s’en est fini d’une vraie démocratie, la succession devenant une affaire personnelle du dauphin ou du plus fort qui réussira la manœuvre d’écarter ce dauphin en l’absence du monarque.

    Le pouvoir use, même et surtout quand on en a pas conscience. À durer aux commandes d’un pays, on finit par détruire imperceptiblement ce qu’on a soi-même construit. Mais nous savons tous que "partir, c’est mourir un peu" ! Alors question : Peut-on accepter cette mort-là pour son pays et son peuple si on n’est pas un GRAND CHEF, un HOMME D’ÉTAT ?

  • Le 25 septembre 2007 à 15:36, par kanzim En réponse à : > Longévité au pouvoir : Un constat n’est pas une analyse

    Comme à son habitude, Mahama sawadogogo, député de carrière raisonne par les bouts, et de concepts comme des idées, il n’en manipule que les bouts : ce n’est pas de la dailectique çà ; et c’est ce qui a toujours caractérisé la courte longueur de vue des idées dans des courts écrits, qui nous sont servis par plusieurs dapprentis écrivassiers en mal de visibilité. Je ne vois aucune analyse dans l’écrit de M. le Député Sawadogo. Commençons par la longue durée au pouvoir : il n’y aurait pas de longue durée d’un Président au pouvoir, si les textes sont respectés : ces textes peuvent prévoir 10, voire 15 ans de mandat, mais ce mandat ne serait pas perçu comme étant d’ue longue durée, s’il est l’émanationation de textes librement consentis, acceptés de tous, comme par exemple suite à une consultation référendaire, pour l’adoption ou pas de la constitution. Il n’ y a de durée dans les esprits et dans les faits que si les textes sont bafoués. dans ce cas, toute succession ne peut être que le fai de luttes, qui peuvent prendre des formes légales, violentes et malhereusement parfois sanglantes. C’est le sort réservé aux espoirs créés par la lutte pour la succession, qui détermine la nature des rapports socio politiques de l’après succession : ou bien le "successeur" déploie une politique à même de correspondre aux attentes nouvelles et anciennes des masses et là il y a acceptation du successeur, ou bien il n’en est pas capable et là ce sont les remue ménages qui commencent avec des camps divers : ceux des espoirs vains, ceux des souvenirs du passé, et ceux des opportunistes calculateurs des possibilités d’exploiter les failles créées par la situation. Dans sa quête de visibilité et de recherche de retombées d’une adoration vouée au chef, un laudateur peut être amené à justifier les bienfaiits de ce Chef à travers une analyse prospective des difficultés de sa succession. M. Le député tente ainsi de démontrer que la succession de M. Blaise Compaoré pourrait s’apparenter à celle du bon chef , du bon dirigeant, donc difficile : exactement comme si lui-même Mahama, devait prendre la parole après Laurent Bado, ou Achille Tapsoba ; eux ce sont des gens qui raisonnent avec des méthodes qui impriment de la suite dans dans les idées. ce ne sont pas des gens qui guettent les idées des autres pour faire de la broderie autour et sortir un discours qui ne dépase pas la brocanterie. Exactement comme ces étudiants qui lors des AG, s’inscrivent après les 10ème ou 15ème intervenant, pour dire à leur tour de parole, que les 10 premiers ont pris en compte leur préoccupation : et de citer chacun des 10 premiers, et de broder autour de ce que chacun d’eux a dit, pour après se goncer d’avoir contribué à la qualité des débats par des interventions fort à propos. La presse serait-elle devenue, à l’image d’un proverbe moaga, ce tas d’imondices où l’on jette tout, le bon, mais aussi le mauvais ?

  • Le 25 septembre 2007 à 22:45, par KgB En réponse à : > Longévité au pouvoir : Un constat n’est pas une analyse

    Pour une fois, on ne peut qu’etre d’accord avec Monsieur Le Depute. En effet il a ete difficile de remplacer Mobutu.

  • Le 3 octobre 2007 à 19:07, par citoyen alpha En réponse à : > Longévité au pouvoir : Un constat n’est pas une analyse

    honnorable député Sawadogo, vous qui avez un mandat electoral, donc démocratiquement acquis, commencez à respecter la démocratie. si cela ne vous dit rien, puisque c’est courant chez les élus africains, ayez peur après tout de Dieu. pensez qu’un conflit qui intervient après le depart d’un soi disant "grand" président, ne peut se justifier que par la difficulté de succeder à ces genres de personnes, est une reflexion très étriquée indigne du rang dont vous vous reclamez. c’est très dangereux de vouloir expliquer les choses ainsi. je me garderai de vous donner ce que je pense réellement sur le sujet parce que je sais que vous avez les vrais explications. pour vous c’est plutôt de la mauvaise foi. c’est justement ce qui est dangereux pour l’avenir de notre pays. alors pour la grace de Dieu, eviter rouler les gens avec telles vision. enfin retenez que celui qui a précedé le président que tentez de magnifier, n’a jamais eu de pareil dans ce pays mais on ne s’est pas entretuer après lui. je suis jeune, je n’étais pas là au temps des 4 premiers présidents et je ne connaissais rien au moment où le 5e était au pouvoir mais quand j’ai commencé à comprendre les choses, seul l’ oeuvre et la mémoire du 5e se sont imposées malgré qu’il y a une volonté manifeste de les étouffées. c’est la preuve qu’il a construit en béton. c’était donc un très grand président monsieur le député plus que des présidents...au présent.

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