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Le pouvoir d’Etat, le plat chaud commun quotidien

Publié le samedi 22 septembre 2007 à 06h54min

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Heureusement qu’au Burkina le peuple est à majorité analphabète. S’il comprenait la litanie débitée à longueur de journée et d’événement par la classe politique, il en aurait eu ras-le-bol.

Tout tourne autour du pouvoir d’État, de querelles de clochers, de batailles de clans, d’antagonismes de partis. Le thème de conquête du pouvoir, d’ailleurs, cache en réalité la politique du tube digestif - selon la bonne et désormais veille formule de Issa Tiendrébéogo.

En effet, le pouvoir d’État n’est évoqué qu’en référence à des positions que les uns et les autres peuvent occuper pour se prévaloir des privilèges qui y sont rattachés. Le glissement de terrain de la conception moderne du pouvoir vers la conception traditionnelle se fait, consciemment ou inconsciemment. Tout le monde - ou presque - s’en accommode, quel que soit le bord politique. Dans la langue mooré la plus parlée, le pouvoir, c’est le « naam », et le « naam », ça se « bouffe », un point un trait ! Ainsi, « bouffer le pouvoir », c’est tout autre chose que de parler de projets de société ou de politiques de développement. C’est savoir bien placer sa chaise et visser son postérieur. Pour paraphraser les évangélistes, « cherchez d’abord le pouvoir, le reste vous sera donné par surcroît ».

Cet état de fait explique le niveau des « combats » de la classe politique et, sans doute, le fait que même en dehors des périodes de campagnes électorales, il n’y a point de trêve dans la course au pouvoir. L’appétit vient en mangeant, certes, mais il vient également en regardant manger. Dans cette atmosphère du « tout intérêt », l’idéaliste devient atypique et les débats d’idées des divertissements.

Pourtant, il faudra bien qu’on revienne à l’essentiel pour trouver des solutions de sortie du sous-développement et de la paupérisation. Rien que la bonne foi peut permettre d’assainir les débats. Mais, à quand le Burkina de la vraie politique où, dans un même parti, on acceptera la contradiction et où l’on acceptera la vérité d’en face sans avoir l’impression de perdre la face ?

La mal gouvernance tant décriée est aussi le corollaire de la propension à s’engouffrer dans les raisonnements par intérêts partisans qui engraissent les flatteurs des princes et les faucons des opposants. Il faudra donc que les hommes et les femmes qui ont la prétention de gérer la grande Cité commune admettent qu’il y a des vérités vraies et des faits objectifs sur lesquels le consensus est possible et souhaitable pour que les choses avancent pour le progrès du Faso. Plus que le pouvoir d’État, la seule dispute qui vaille, c’est celle des idées pour le progrès de la Nation.

Si les tenants du pouvoir ne s’y accrochent pas vaille que vaille et que les aspirants au pouvoir ne veulent pas y accéder coûte que coûte, on comprendra que la démocratie est un beau jeu de rivalité entre développeurs qui ont vocation de servir.

Journal du jeudi

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Vos commentaires

  • Le 22 septembre 2007 à 17:23, par internaute anonyme En réponse à : > Le pouvoir d’Etat, le plat chaud commun quotidien

    Bel article ! Très bel article ! Malheureusement, à l’état actuel des choses où le nombrilisme et la politique du tube digestif ont été, entre autres, érigés en principes de gouvernance, votre rappel à l’ordre a peu de chance de toucher ses destinataires ! Assurément, vous prêchez dans le désert ! Osons tout de même espérer que par miracle, vous soyez entendu ! Alors seulement, nous nous remettrons à croire profondément, comme hier, à l’avènement d’un Burkina digne, fier et prospère ! En attendant, que DIEU aie pitié du Peuple du Burkina en veillant sur lui !

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