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Accords de partenariat économique : La levée des barrières douanières, un préjudice pour les pauvres

Publié le jeudi 20 septembre 2007 à 07h35min

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Les Accords de partenariat économique (APE) qui pèsent lourdement sur les pays Afrique-Pacifique-Caraïbes (ACP) ne représentent aucunement une opportunité pour ceux-ci de sortir de leur état de sous-développement. Visiblement, ces pays en quête de solutions pour lutter contre la pauvreté n’ont pas l’esprit à commercer dans un contexte où le profit noie l’humanisme.

Comment la promotion du développement durable et l’éradication de la pauvreté peuvent-elles se baser sur le libre-échange entre deux partenaires inégaux. Les gouvernants pourront-ils tenir leurs engagements dans la formulation et la poursuite des stratégies de développement adoptées. Toutes les études menées ont laissé entrevoir des difficultés pour les économies des pays africains notamment ceux de l’Afrique de l’Ouest. La “liaison forcée” qui va amener à la libération et à la suppression des droits de douanes est un risque pour les pays africains. En ce sens, que les budgets seront fragilisés par les pertes des recettes fiscales.

Au Burkina tout comme dans les pays de l’espace CEDEAO la mise en œuvre des APE sera préjudiciable à l’étape actuelle. Une question vaut bien la peine d’être posée. Comment un pays comme le Burkina sans pratiquement de ressources naturelles peut-il financer les programmes sociaux sans recettes fiscales ? Le démantèlement des tarifs douaniers va entraîner une baisse d’une part importante des sources de financement de l’Etat. Déjà, le président de la Confédération paysanne du Faso (CPF) M. Bassiaka Dao ne manque pas de rappeler aux chefs d’Etat qu’ils ont décidé en 2005 à Accra (Ghana) de consacrer 10% de leur budget à l’agriculture.

Dans le contexte des APE, pourront-ils tenir cet engagement solennel ? Rien n’est moins sûr. Les craintes se portent également sur la capacité des pays à conduire les programmes sociaux. Pourra-t-on atteindre les objectifs globaux de développement étant donné que l’impact sur les recettes est très important. Les résultats d’une étude d’impact des APE sont édifiants. “Les simulations réalisées font apparaître une baisse moyenne annuelle de 11,9 milliards (sur les 12 ans) sur la période, soit au total une baisse de 142,5 milliards de F CFA de recettes tarifaires”, a indiqué l’étude. Quel gain pourrait amoindrir cette perte ?

C’est pourquoi, il est impératif pour des Etats comme le Burkina de réfléchir par sept fois avant de s’y engager. Les Etats vont-ils se laisser prendre au piège par des promesses de prise en charge des moins values des recettes douanières ? N’est-ce pas une ingérence dans la gouvernance des Etats qui ne sont plus maîtres de leur politique fiscale ? L’attitude de l’U.E est difficilement compréhensible, devant la menace de diminuer l’aide au développement et d’augmenter les droits de douanes sur les importations à l’approche de la date butoir du 31 décembre 2007.

Marceline ILBOUDO

Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 20 septembre 2007 à 15:50, par Paris rawa En réponse à : > Accords de partenariat économique : La levée des barrières douanières, un préjudice pour les pauvres

    À propos des APE, je crois que la raison commande aux pays africains d’aborder la négociation sans complexe.

    La menace de l’UE de sanctionner le refus éventuel des africains par la diminution de l’aide au développement ne doit pas nous effrayer outre mesure. Il faut cesser d’être le nègre peureux, timide et craintif à qui l’on impose toute sorte de corvées en le gardant docile sous menace de représailles (financières pour cette fois). L’aide au développement n’est en réalité qu’une aide à la consommation qui n’a jamais développé un seul de ses bénéficiaires ; au contraire elle est comme un fil à la patte de nos pays pour assurer notre soumission aux européen. La preuve, n’ayant plus d’arguments pour obtenir notre consentement aux APE, les européens tentent de nous les imposer en tirant très fort sur le fil de l’aide "aux développement". Mais restons lucide : il vaut mieux garder ce qui nous revient de droit (les recettes douanières) et les faire croître petit à petit, que le troquer contre une quelconque aide qui ne dépend que de la générosité des autres et qui certainement va aller en diminuant. Il faut faire le choix de l’avenir, c’est-à-dire le choix qui peut nous faire avancer vers l’autonomie économique ; sinon nous resterons les "grands enfants" de l’Europe coloniale et post-coloniale et même dans le 3e millénaire.

    Finalement, ces APE ne devront être que ce nous aussi voulons qu’ils soient : s’il s’agit d’un Désaccord de Partenariat Économique (DPE) nous n’y sommes pas tenus. Mais s’il faut trouver un accord il s’agira alors de bien déterminer ce que nous voulons tout comme le fait l’UE et non pas considérer que nous n’y pouvons rien. Un proverbe moaga dit que "quand un cadeau ressemble à une vente, alors que chacun garde son bien". Alors, l’aide n’a rien à voir avec le commerce. Les affaires sont les affaires et c’est bien connu.

    Le drame de l’Afrique, c’est que nos dirigeants ont tendance à considérer que leurs peuples n’ont pas voix au chapitre quand il s’agit de décider du destin de leurs pays. Ils veulent souvent faire plaisir à quelques "grands chefs occidentaux", pour avoir le "privilège" d’être reçu chez les grands pour se sentir un peu grand à leur tour. Ils se disputent les leaderships de rêves éveillés comme le NEPAD et autres machins irréfléchis, prompts à rechercher la paix dans les pays voisins tout en nourrissant les tensions chez eux. Faudrait-il passer par la désobéissance civile et les manifestations pour refuser ces "Accords" qui se préparent pour un "partenariat" forcé ? Pourtant il suffirait que nos chefs d’État soient un peu plus courageux et intègres. C’est précisément dans ces genres cadres (APE, OMC, Europe-Afrique...) de négociation qu’il faut cesser de croire que l’aide (la générosité) des autres serait une solution pour notre développement. Quelle malédiction poussent nos chefs d’État à croire qu’ils ne peuvent pas être solidaires de leurs peuples dans les négociations internationales ? Nos ancêtres n’étaient pas assez avertis de l’attitude des européens et n’ont pas su défendre le morceau de l’Afrique contre les esclavagistes et les colons. Aujourd’hui, après 60 ans d’indépendances négociées au rabais, nous n’avons pas l’excuse de l’ignorance de ce qui se trame dans la têtes de certains "mondialisateurs". Il faut juste choisir entre le courage de sa responsabilité historique et la lâcheté de la démission. Je crois que c’est Nelson Mandela l’AFRICAIN qui l’a dit : "faire pour nous sans nous, c’est faire contre nous".

    • Le 20 septembre 2007 à 20:13 En réponse à : > Accords de partenariat économique : La levée des barrières douanières, un préjudice pour les pauvres

      Le drame de l’Afrique c’est toujours d’arriver en retard, surtout aux grands événements.
      A 3 mois de l’échéance de la fin des préférences commerciales accordées aux Africains sur l’espace européen, il est facile de s’asseoire tranquille et d’écrire que les APE c’est le monstre parfait.
      Soyons un peu honnêtes : savez-vous quand les "négociations" sur les APE ont commencé ?
      Figurez-vous que la phase préparatoire des négociations, entre l’UE et la région Afrique de l’Ouest, a démarré en... 2004 !
      Tous ces "boucantiers" qui marchent dans nos rues, ils étaient où ?
      Loin de moi l’idée d’affirmer que les APE sont la panacée.
      Je constate simplement qu’en faisant une simple analyse sur l’impact des préférences commerciales accordées aux Africains sur le marché européen, les résultats ou les chiffres ne sont guère encourageants.
      Au total, je suis outré quand des intellectuels, y compris des journalistes, renoncent à leur intelligence ou leurs simples capacités d’analyses et d’interprétation, pour avancer de parfaites inepties !
      Avant de nous donner votre point de vue, exposez les faits, rien que les faits !
      On n’est pas idiots : on pourra comprendre.
      Merci !

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