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Univers médiatique sous-régional : Pléthore de titres au Bénin, modernisation au Ghana

Publié le lundi 17 septembre 2007 à 07h43min

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Renforcer l’esprit d’intégration entre les journalistes burkinabè et ceux des pays côtiers, connaître leurs réalités de travail et partager des expériences ont été entre autres, les objectifs du voyage d’échange effectué du 16 au 26 août 2007 au Bénin, Togo et Ghana par des membres du Réseau informel des journalistes (RIJ) Membre de la délégation, voici ce que j’ai découvert de l’univers médiatique à Cotonou, Lomé et Accra.

Onze jours de ballade sur les bords de la côte ouest-atlantique. Onze jours empreints de moins de tourisme mais plutôt de rencontres avec les organisations professionnelles des médias et de visites d’organes de presse écrite et audiovisuelle.

A Cotonou, première étape du périple,l’environnement médiatique est édifiant. Au Bénin en effet, la typologie des médias met en évidence quatre grands groupes d’organes, à savoir les organes de service public, la presse privée, la presse institutionnelle et la presse internationale. On y dénombre 73 radios, 40 quotidiens paraissant régulièrement, 25 périodiques et quatre (4) chaînes de télévision dont la chaîne nationale, l’ORTB.
Cette pléthore de parutions, selon le président du Conseil national du patronat de la presse et de l’audiovisuel (CNPA-Bénin), Edouard Loko, a été favorisée par les partis politiques. Le constat qui se dégage cependant selon le dernier rapport national sur l’état de la liberté de la presse au Bénin est que le lectorat de la quarantaine de quotidiens consomme à peine 10 000 exemplaires avec un système de distribution largement informel.

L’explication de cette donne est que l’analphabétisme (80 % de la population) couplé avec un revenu modique pour le Béninois moyen, réduit le nombre de personnes qui ont accès à la presse écrite, à la presse en général. Nonobstant cet état de fait, l’univers des médias au Bénin présente une structuration exemplaire. Suite aux Etats généraux de la presse béninoise tenus en novembre 2002, la pléthore d’associations de journalistes a disparu pour laisser la place à deux grandes entités : l’Union des professionnels des médias du Bénin (UPMB) et le Conseil national du patronat de la presse et de l’audiovisuel du Bénin (CNPA). Aux côtés de l’instance nationale de régulation des médias, la Haute autorité de l’audiovisuel et de la communication (HAAC), les professionnels ont mis en place l’Observatoire de la déontologie et de l’éthique dans les médias (ODEM) en 1999.

Cette structure se veut être une police interne de la corporation à même de faire un toilettage des textes régissant le métier pour mieux conduire sa mission d’organe de régulation. Cet organe depuis sa création a déjà produit trois rapports de suivi déontologique où il est mis à nu les manquements des journalistes quant au respect du code de déontologie.
A l’instar du Burkina Faso, les professionnels des médias béninois sont aussi à pied-d’œuvre pour l’attribution de la carte de presse et l’effectivité de la convention collective. Avec cependant une longueur d’avance au Bénin, étant entendu que les textes sont déjà prêts, il ne reste que les signatures.

Au Togo par contre où le séjour a été relativement court, l’on n’a pu visiter que la radio Nana FM, "la plus belle dame de Lomé". Radio privée commerciale, elle a pour principale cible les femmes du grand marché de Lomé.

Ghana : l’esprit des groupes de presse

Au Ghana, pays du leader panafricaniste Kwamé N’Krumah, la tendance est au groupe de presse avec une modernisation poussée, dans la presse écrite comme dans les médias audiovisuels.

Ainsi, des radios privées comme Happy FM fonctionnent avec du matériel de dernière technologie. Basée à Accra côté Est de l’ambassade du Burkina Faso, cette radio est l’une des plus populaires et présente 70% de ses programmes en langue locale, le "twa". Elle emploie une quarantaine de journalistes. Concomitamment, elle publie un hebdomadaire chaque dimanche dénommée "Sunday News". Le contenu de

cet hebdomadaire est concocté par huit (08) journalistes. Au Ghana, le journal le plus célèbre et le plus populaire (occupant 50 à 60% du marché des journaux) est le quotidien d’Etat, Daily Graphic, créé en 1950. Il appartient au groupe Graphic Communications qui a à son actif, sept (07) publications dont la dernière en date est un bi-annuel, Graphic Nsempa. Hormis le Daily Graphic qui emploie soixante (60) personnes, toutes les autres publications fonctionnent avec un effectif de cinq à sept journalistes. Selon les propos du rédacteur en chef du Daily Graphic, Yaw Boadu-Ayeboafoh, malgré son statut de média d’Etat, celui-ci fonctionne sans aucune subvention du gouvernement ghanéen.

Mieux, poursuit-il, il verse à l’Etat une redevance. A Accra, ce qui impressionne encore plus le journaliste du pays des hommes intègres, c’est le Ghana News Agency (Agence ghanéenne de presse).
Logée dans une infrastructure de taille avec un parc automobile à vous rendre muet, le Ghana News Agency créé le 5 mars 1957 emploie au siège, 25 journalistes qui réalisent au moins une cinquantaine de reportages par jour. Contrairement au Burkina Faso (cas de l’Agence d’information du Burkina), c’est le Ghana News Agency qui coiffe tous les médias d’Etat et les pourvoit en informations. Ghana News Agency en effet traite non seulement le texte mais aussi le son et l’image.

D’après son "supervising chef editor" (équivalent de rédacteur en chef), la principale préoccupation de l’agence est de travailler à la cohésion nationale et au développement économique et sociale du pays. Elle s’attache aussi à donner une image positive au continent africain.
Au Ghana, on l’appelle Ghana International Press Centre, au Togo, la Maison du journalisme et au Bénin, la Maison des Médias Thomas Mégnassan. Il s’agit là des équivalents du centre qu’on appelle ici Maison de presse Mohamed Maïga.

Des maisons de médias dynamiques

Ces endroits constituent pour les professionnels des médias des espaces de rencontres entre journalistes et autres professionnels de la communication. L’existence de ces Maisons des médias est le fruit de la volonté des organisations professionnelles des médias. A Cotonou par exemple, la Maison des médias occupe un immeuble à trois niveaux situé en plein cœur du quartier résidentiel.
A Accra, le Ghana International Press Centre, également à niveau, a servi de cadre à la tenue de la 11e édition des "GJA Awards" (équivalent des prix Galian) en mai 2007. La maquette du futur centre qu’on peut y découvrir prévoit beaucoup plus de commodités avec même un hôtel pour journalistes. A Lomé enfin, grâce à une subvention reçue de l’Etat, les organisations professionnelles des médias s’activent à s’octroyer un immeuble pour servir de siège à la Maison du journaliste.

Ismaël BICABA

Sidwaya

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