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Français d’Afrique, Africains de France : La France face à son passif colonial

Publié le samedi 15 septembre 2007 à 08h18min

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Rama Yade

Aimé Césaire les a décrits. « Ceux qu’on domestiqua et christianisa. Ceux qu’on inocula d’abâtardissement. Ceux qu’on assoupit aux agenouillements... » sont devenus aujourd’hui une source de tracas grosse de paradoxes. Il faut encenser leur ego pour maintenir la certitude de leur docilité mais il faut leur octroyer une liberté qui ne se termine pas par une laisse parce qu’ils sont trop nombreux à présent, à savoir lire entre les lignes.

Soixante ans après la fin de la guerre mondiale et plus de quarante ans après les errements de l’Indochine et de l’Algérie, des anciens combattants africains s’insurgent enfin contre les injustices dont ils sont victimes. Du doigt, ils montrent une métropole raciste et partisane qui a l’outrecuidance d’affecter des valeurs sélectives au prix du sang versé pour la France. Avec la torrentielle faconde qu’on lui connaît, celle-ci reconnaît l’évidence et, se frappant la poitrine, parle de cristallisation et de retour à l’équité.

Bien attendu, les beaux discours restent en l’état, le temps que les bénéficiaires, tous octogénaires ou nonagénaires pour les plus veinards meurent de leur belle mort dans le dénuement le plus total. Pendant ce temps, s’insinue dans tous les secteurs des Etats colonisés, une politique de la paupérisation de plus en plus difficile à camoufler.

Les entreprises installées en métropole vendent aux colonies des produits manufacturés de plus en plus cher en transformant des matières premières achetées toujours à ces mêmes colonies au même prix depuis des décennies. L’offre utile des colonisés est détruite là où existe une demande soutenue, demande aussitôt prise en compte dans la nouvelle offre de l’incontournable colon.

Du transport aérien ou ferroviaire à la production agricole ou minière, aucun secteur n’échappe à la rapacité de l’ancien (?) colonisateur que tend à affaiblir enfin une mondialisation qui entrouvre les portes de ses précarrés à l’appétit d’autres ogres aussi boulimiques que lui-même. Toutefois, à la différence des lettrés d’avant-garde que le colonisateur avait formés pour les besoins de l’administration coloniale, les intellectuels africains d’aujourd’hui sont en passe de perdre leur servilité vis-à-vis du maître d’antan et tendent presque tous à tenir à son endroit des discours à la limite de l’hostilité.
Le passif colonial de la France, s’il ne peut être présenté comme entièrement négatif, a créé suffisamment d’iniquités pour justifier la rancœur de ceux qui, pour de multiples raisons, croyaient avoir fait d’elle leur obligée.

La France est une puissance assise sur sa tête, elle est condamnée à toujours ménager

Ainsi, non contente de maintenir à l’encontre de peuples entiers des échanges économiques discriminatoires,la France ravale au rang d’illégaux les Africains de France que de puissants flux migratoires issus du fait colonial avaient portés jusque dans la métropole. Les Africains, Français par l’alliance ou l’ascendance, sont classés « minorité visible » et leur regroupement familial, (en métropole en tout cas) mis en coupe réglée.

Les lois sur l’émigration frappent en premier lieu ceux que la France a modelés à son image, auxquels elle a donné sa langue et aux yeux desquels elle est le centre de l’univers. Halte là ! Vous ne passerez plus a déclaré le président français. Le taux de rapatriement est fixé à vingt cinq mille têtes de pipes par an, (les Turcs compris) alors que, même sans être une tête de Turc, les Africains, eux, sont visibles de loin.

La richesse et la force de la France reposent sur une multitude d’Etats vassaux et d’intérêts économiques créés aux forceps à travers le monde. Elle est de ce fait une puissance dont la base repose et sur sa tête, et dans sa tête, raisons supplémentaires pour elle d’assumer son passif en l’intégrant au mieux sous peine de se rompre le cou.

La mondialisation va remodeler le monde en faisant de la faiblesse des uns la force des autres et la France pourra bien rater ce train-là d’un wagon si elle ne prend pas tôt conscience que c’est bien à cause des Français d’Afrique, des Africains de France et de toute la diaspora francisée au nom du progrès qu’elle a eu l’énergie nécessaire pour compter parmi les grands de ce monde.
Gare à la saute de vent car on oublie toujours l’histoire à ses propres dépens.

Luc NANA

L’Hebdo

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Vos commentaires

  • Le 15 septembre 2007 à 22:25, par Dominique deLyon En réponse à : > Français d’Afrique, Africains de France : La France face à son passif colonial

    Merci une fois de plus pour cette analyse, Monsieur NANA vous devriez créer votre propre journal si celui-ci n’est pas le votre, je serais certainement votre premier et fidèle promoteur. Thanks car nous lisons avec plaisir vos articles ici en france. Par contre je ne suis pas tout d’accord avec vous sur certains aspects mais globalement I feel OK à votre plume

  • Le 17 septembre 2007 à 04:22 En réponse à : > Français d’Afrique, Africains de France : La France face à son passif colonial

    Anlyse lucide et coherente Mr Nana. Effectivement la france doit comprendre que le temps colonial est revolu ; elle fait maintenant face a une nouvelle generation africaine plus que consciente. Alors elle devra en tenir compte car nous connaissons sa procedure assassine et par consequent, nous ne la laisserons pas nous asservir comme au mauvais vieux temps. Noaga

    • Le 19 septembre 2007 à 13:40 En réponse à : > Français d’Afrique, Africains de France : La France face à son passif colonial

      Salut Mr Millet
      Ne me faites pa croire que sont innocents ces enfants blancs commes vous qui etes nes d’ancetres esclavagistes car ceux-ci en commettamt le crime savait bien qu le temps :guerrirait les plaies" ; en un mot, ils se sont refugies derriere le temps pour agir. Si l’esclavage semble passe pour toi inconscient, sache que c’est ce qui nous lie a jamais a notre passe. Je suis pourtant d’accord qu’on doit voir ensemble l’avenir et se pardonner, mais ce n’est pas au coupable comme toi de reclamer le pardon comme un droit. Si le sentiment de culpabilite est tres lourd a porter, he bien celui d’etre victime l’est encore plus. Je suis a New York et je vis dans cette societe autrefois esclavagiste et aujourd’hui tres raciste.Alors ne reveillez pas les mauvais genies.

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