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Européen esseulé recherche famille africaine au grand coeur

Publié le mardi 25 mai 2004 à 09h29min

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Certains Occidentaux au grand coeur adoptent à distance de petits Africains, en payant la nourriture ou les frais d’école, mais d’autres, en mal de chaleur humaine, ne demandent rien d’autre qu’être adoptés par une famille africaine.

L’idée est venue d’une artiste allemande, qui affirme répondre elle aussi à des besoins existentiels. En Europe, "beaucoup de gens vivent seuls par choix mais éprouvent tout de même le besoin d’avoir des relations humaines et d’appartenir à une communauté", relève Gudrun Widlok.

Dans son atelier spacieux qui lui sert de centrale, elle montre les photos des "adoptés" et des parrains. D’un côté, des Allemands, Autrichiens, Espagnols ou Finlandais, pâlichons et l’air triste. De l’autre, des familles radieuses en boubous qui posent sous le soleil africain.

Le projet, "Adopted" ("Adopté"), a vu le jour en 1997 presque comme une blague : "Au début, certaines personnes étaient un peu perplexes, d’autres trouvaient cela drôle", dit la photographe et peintre. Cent cinquante personnes se sont depuis prêtées au jeu, en posant pour un portrait et en livrant quelques éléments biographiques.

Et lors d’un voyage l’an passé à Ouagadougou, au Burkina Faso, l’artiste a pu rencontrer des dizaines de familles intéressées à qui elle a montré son catalogue de "petits orphelins". Aujourd’hui, via le bouche-à-oreille, 35 d’entre eux ont pu trouver une famille d’accueil, avec qui ils communiquent par lettre ou courrier électronique.

"Il était important pour moi que ce ne soit pas une question d’argent", explique la photographe de 35 ans, et "que ce soit la famille africaine qui prenne la décision finale".

"Certains ont choisi en fonction des visages, pour trouver quelqu’un qui leur paraissait sympathique. D’autres ont décidé en fonction de la profession des candidats, s’ils pensaient avoir quelque chose en commun", ajoute-t-elle.

"Une femme a insisté pour que la personne vienne lui rendre visite au Burkina Faso", précise Gudrun Widlok. Mais à ce jour, seule une petite minorité des Européens s’est rendue en Afrique.

"Bien sûr, ce ne sont que mes parents virtuels, mais maintenant je sais que j’ai aussi une famille en Afrique", explique Julia Schmitt, en parlant de ses "parents", Jean-Pierre et Salamanta Zoungrana, âgés de 35 et 37 ans. "Ces deux personnes m’offrent une chaleur et l’impression d’avoir un autre chez-moi", ajoute cette actrice de 30 ans, originaire de Cologne (ouest de l’Allemagne).

"C’est une bonne chose d’établir de tels contacts entre les gens du nord et ceux du sud", renchérit Daniel Traore, un père de famille de 45 ans, qui a adopté Martin, de cinq ans son cadet.

Le Burkinabé, interviewé dans un documentaire réalisé pour la promotion du projet, met en avant l’hospitalité de ses concitoyens pour expliquer le succès de l’opération, que Gudrun Widlok veut lancer en Asie et en Amérique du Sud.

"Quand vous allez dans un village, vous voyez des gens vivre dans des grandes familles et, quand un étranger arrive, vous faites en sorte qu’il se sente chez lui. Vous lui donnez un lit et vous, vous dormez par terre", dit-il. Aussi a-t-il été surpris d’apprendre qu’en Europe on puisse ne pas connaître le nom de ses voisins.

AFP

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