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Internet à Ouagadougou : Les opportunités et les dangers d’une technologie

Publié le jeudi 13 septembre 2007 à 06h33min

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Les technologies de l’information et de la communication (TIC) favorisent une instantanéité de conversations directes et réduisent les distances entre les familles. Les Ouagalais ne sont pas en marge de cette technologie avec une ruée vers Internet.

Cependant, cela n’est pas sans dangers pour les usagers. Escroquerie, prostitution (...) se conjuguent au quotidien chez les internautes. Constat dans certains cyber-cafés de Ouagadougou. Outil d’information pour les uns, moyen pour escroquer et s’exhiber pour les autres, Internet est en train de révolutionner les usagers des cyber-cafés. Il est une connexion de plusieurs ordinateurs dont le but est d’échanger des informations à travers le monde. Internet offre les opportunités d’emploi, de mariage et d’autoformation notamment grâce aux informations mises au service de ses usagers.

Nonobstant, il peut constituer aussi une source de malheur, un danger pour le public. L’escroquerie, le vol, la piraterie, la prostitution voire le suicide sont des phénomènes récurrents de l’utilisation d’Internet. Les réseaux terroristes tels que Al Qaïda également profitent de l’Internet pour communiquer, dans le but de déstabiliser les Etats qu’ils considèrent comme ennemis. Cela s’est passé en Espagne, aux USA et récemment en Allemagne où le contrôle des réseaux Internet par les autorités a permis de déjouer les attentats terroristes.

Au Burkina Faso, le contrôle des activités des cyber-cafés n’est pas à l’ordre du jour. Quand on entre dans les cyber-cafés, on rencontre toutes les catégories sociales, de tous les âges. Et surtout des mineurs de 10 à 15 ans qui ne viennent pas dans ces cybers pour mener des recherches et trouver des informations utiles à leur formation, mais qui y arrivent pour de la musique, des films pornographiques et d’autres pratiques immorales. Ce qui n’est pas sans conséquences si n’importe qui peut, moyennant une pièce d’argent, avoir accès à un cyber pour naviguer sur Internet.

Un marché informel

Les cyber-cafés de Ouagadougou fonctionnent de manière informelle. Pourtant, ils font des bonnes affaires. Les tarifs de connexion par heure varient d’un cyber à un autre. Il n’y a pas de réglementation en la matière. Au cyber UFR/SJP de l’Université de Ouagadougou, une heure de navigation sur Internet coûte 150 F CFA et le tarif d’une demi-heure est à 100 F CFA. Le client peut s’y connecter pendant dix heures à 1000 F CFA. Le cyber de l’Amicale des étudiants burkinabè de Suisse œuvre au soutien de leurs frères de l’Université de Ouagadougou dans les recherches documentaires. Son gérant, Sana Zoubéré, a indiqué qu’"il peut recevoir dans son cyber au moment des cours plus de 100 étudiants par jour. J’empochais facilement 25000 F CFA, mais avec ces vacances-ci, les affaires ne marchent plus normalement".

Au cyber "Africanet", situé sur l’avenue Babanguida, l’heure de connexion varie entre 400 et 500 F CFA en fonction de la qualité de machine que choisit le client. Le prix navigation dans "Bring com-Burkina Faso", un autre cyber qui se trouve sur la même avenue est de 500 F CFA par heure et 300 F CFA pour 30 mn. Tout ceci expliquerait que le marché d’Internet relève de l’informel et qu’il n’y a aucune réglementation dans ce secteur. Or, Internet attire de plus en plus le public dans le monde des achats du commerce, de la recherche documentaire et autres informations qu’il faille le réglementer. "La variabilité des prix de connexion d’un cyber à un autre peut s’expliquer par le coût des matériels. Les propriétaires de certains cybers procurent des machines de seconde main à vil prix tandis que d’autres les achètent très cher.

De ce fait, chacun cherche à amortir ses dépenses ou à maximiser ses gains," a fait remarquer M. Harouna Ouédraogo, chargé des programmes et de réseaux du cyber Africanet. Les usagers, eux ne se plaignent pas trop des tarifs de connexion mais plutôt de l’exiguïté, du manque de confort dans les salles et surtout du faible débit de connexion. D’après M. Aziz Abdoul, étudiant en DEA de sciences politiques à l’Université de Ouagadougou, "le faible débit de connexion dans certains cybers est une pratique d’escroquerie des gérants qui ne font d’ailleurs pas de cadeau sur les tarifs de navigation". En tout état de cause, l’utilisation d’Internet par défaut suscite plus d’inquiétudes que les paramètres de son marché.

L’escroquerie sur Internet prend de l’ampleur

L’escroquerie sur Internet prend une tournure inquiétante. Internet qui devrait de permettre de suivre les cours à distance, de s’autoformer, s’informer et se contacter allègrement d’un bout du monde à un autre, constitue au contraire une source de malheur pour certains humains. Sous prétexte d’une situation de crise, des individus véreux qui manient plus l’ordinateur que d’autres, exploitent la naïveté de certaines personnes en leur extorquant de l’argent et des biens précieux. Dans ce cas, quel est le sens de l’assertion du président sénégalais Abdoulaye Wade : "L’ignorant aujou

rd’hui, c’est celui qui ne sait pas manier l’ordinateur". Internet perd son utilité lorsqu’il devient un champ d’escroquerie de toutes sortes. Sous couvert de titres ronflants comme avocat, banquier et trésorier d’une institution, les escrocs réussissent à extirper de l’argent aux citoyens. Devant un novice, ils sont habiles dans le subterfuge. Les escrocs changent de voix et de carnet d’adresse régulièrement lorsqu’ils prennent contact avec quelqu’un. Ils commencent d’abord par des promesses et des propositions de tout genre. Ils arrivent à séduire leurs victimes à qui ils soutirent des patrimoines qualitatifs. Souvent, à travers Internet, les escrocs arnaquent leurs cibles en piratant des informations secrètes sur leurs comptes bancaires.

Selon Ouédraogo Wendeyam Robert, analyste-programmeur du cyber Bring com-Burkina Faso, "certains amoureux du cyber-café sont des experts de la super escroquerie. "En général, ces escrocs évoluent en réseaux. Ils ont des stratégies et des moyens de communication sophistiqués. Par des faux messages spams à travers Internet, ils vous diront au début qu’ils veulent vous aider en versant d’importantes sommes sur votre compte bancaire. Si vous n’avez pas un compte bancaire mais vous êtes d’avis, ils se proposent de vous l’ouvrir dans une banque quelconque. Puis s’ils obtiennent de vous le code secret et sachant que le compte a été par la suite gouflé, ils vident et ils disparaissent sans laisser de trace", ajoute M. Wendyam.

"Les escrocs d’Internet ont des ramifications et des correspondances sur tous les continents. Il est difficile de les appréhender mais si les autorités coordonnent les contrôles sur Internet avec les propriétaires des cybers, elles limiteront l’escroquerie", renchérit-il. C’est pourquoi, les usagers d’Internet doivent être vigilants et prendre des précautions quand ils se connectent pour ne pas tomber dans les pièges des escrocs. Il n’y a pas que l’escroquerie qui se pratique sur Internet dans les cyber-cafés. Internet est avéré être également une porte ouverte à la prostitution des filles.

Internet et prostitution

Nombre de filles qui fréquentent les cybers, y vont juste avec l’objectif d’avoir la chance de rencontrer un "mari blanc et riche". Ces filles sont aussi des adeptes des sites pornographiques. Elles passent leur temps sur Internet à faire de la "chach," c’est-à-dire la recherche d’une rencontre amoureuse. Pour Harouna Ouédraogo, "sur 100 filles qui viennent dans le cyber, dix d’entre elles sont peut-être conscientes et cherchent réellement des informations utiles sur leurs cours ou dans un domaine avantageux. Le reste se préoccupe des "chachs", des films pornographiques et des immoralités". Il confie qu’"il connaît beaucoup de filles qui viennent chaque jour à Africa’net avec des photos en tenue d’Adam et Eve pour les scanner en vue de les envoyer à leurs partenaires".

Internet qui doit permettre de disposer facilement des informations qu’on n’a pas sous la main, sert malencontreusement à certaines filles de Ouagadougou de s’exhiber et de se transformer en proxénètes. Il y a des partenaires incrédubles qui exposent à leur tour, les photos de ces filles avec leurs adresses complètes sur tous les sites web. Conséquences, certaines d’entre elles déçues et déprimées finissent parfois par se suicider. L’honneur étant perdu, toutes les (dérives prostitution et abandon de famille) leur sont permises.

M. Harouna Ouédraogo en veut pour preuve "le cas de suicide d’une jeune fille camerounaise en 2006 qui n’avait pas supporté que son partenaire, "un homme blanc" publie sa photo nue avec son adresse sur tous les sites web". Le comble, c’est que des filles qui se donnent à ces pratiques peu orthodoxes sont des mineures dont l’âge oscille entre 10 et 18 ans. En suivant les films pornographiques, ces filles excitées, finissent par être emportées dans la prostitution. Un adage dit "l’appétit vient en magant". Un mesure de contrôle et de censure serait indispensable pour empêcher l’immortalité de notre société et la dépravation des bonnes mœurs sur Internet.

Réglementer les cyber-cafés

Face aux dérives dans les cyber-cafés de la capitale, les autorités sont interpellées. La démocratie, le droit à l’information et la liberté de vivre sa vie ne sont pas synonymes de troubles à l’ordre public et aux bonnes mœurs. Fréquentation des cybers par les mineurs, escroquerie, piraterie et prostitution prennent de l’ampleur sur Internet à Ouagadougou et nécessitent que les autorités s’y penchent. Les tenanciers des cybers se disent prêts à coopérer avec les forces de l’ordre dans ce sens afin de limiter la délinquance sur Internet.

Un cadre législatif pourrait situer les responsabilités des uns et des autres et enrayer les pratiques immorales sur Internet, attentoires à l’ordre public et aux bonnes mœurs. Seules les sanctions pourront dissuader les actes de piraterie, l’escroquerie et la prostitution sur Internet. L’Europe se réveille tard aujourd’hui à contrôler efficacement les réseaux terroristes par le biais d’Internet. Elle a du mal à adapter contre une opinion publique démocratique, une législation rigide dans ce sens. Si tout est permis sur internet, tout n’y est pas autorisé.

Et comme le suggère Ouédraogo Wendyam, "Il suffit d’une complicité entre propriétaires des cybers et les autorités, dans la légalité, pour confectionner des logiciels spécifiques capables de remonter les enquêtes et de démanteler des réseaux mafieux d’Internet". Pour ce qui est de la piraterie, la plus dangereuse, c’est ce qui se passe dans les domaines alimentaire, éducatif et médical qu’il faut craindre.

Arnaud DJINKMBAYE NANGMBATNAN (Stagiaire)

Sidwaya

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