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Guéguerre entre Salif Diallo et François Compaoré : La démission de Blaise Compaoré

Publié le lundi 10 septembre 2007 à 08h21min

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“Je ne les ai pas appelés. C’est vrai que vous, les journalistes, vous avez l’impression d’avoir toujours beaucoup d’informations. Parfois même on se demande si vous n’en créez pas... Il y a des vues d’esprit qui ne sont pas des réalités. Je ne crois pas que le rôle du président, c’est de réunir des citoyens pour les aider à se rapprocher sur quoi que ce soit.

Je crois que des responsables politiques comme ceux que vous citez savent qu’ils ont des missions à assumer et qu’ils ne peuvent le faire correctement qu’ensemble et solidairement. Je dois tout simplement vous dire que je n’ai jamais eu à intervenir entre les deux parce que je ne trouve pas qu’il y ait élément suffisamment grave pour que moi-même, ne serait-ce que sur un plan fraternel, familial, m’immiscie dans des relations qu’ils ont nouées et tissées depuis des années”.

C’est la réponse que Blaise Compaoré a donnée aux journalistes qui lui demandaient s’il avait eu vent de la guéguerre entre son frère cadet, François, et son bras-droit, Salif Diallo. Une réponse qui a laissé perplexes plus d’une personnes, car le chef de l’Etat est forcément rassembleur. C’est bien le rôle du président de travailler à rassembler les citoyens pour les aider à se rapprocher, à s’entendre pour le bien du pays. Evidemment, on ne lui demande pas de jouer aux médiateurs dans les querelles purement domestiques.

Blaise aurait pu avoir grâce à nos yeux s’il s’agissait de deux citoyens ordinaires. Mais voilà, Salif et François sont loin d’être n’importe qui. Ce sont des personnes très influentes de son entourage. Et pour la sérénité du prince qui gouverne, il est bon que l’entente et la concorde règnent dans son entourage le plus restreint. Car ce n’est pas au moment où ces fidèles se livrent une guerre des clans qu’il pourra être au mieux de sa forme pour gérer le pays. De deux choses l’une : soit l’information est fausse. Dans ce cas, il n’y a rien au village, tout le monde circule ; soit l’information est fondée. Et là, Blaise aurait tort de la minimiser. Agir ainsi, ce n’est ni plus ni moins que démissionner.


Palais présidentiel : Kossyam, qui dit mieux ?

Interrogé limine litis sur le point de savoir si le nom de Kossyam dont la presse nationale a déjà baptisé le nouveau palais présidentiel était chose acquise, Blaise Compaoré a réservé sa réponse, s’en remettant à une structure réglementaire pour trancher définitivement la question. Fort bien !

Mais en la matière, braves gens, y a-t-il vraiment lieu de chercher midi à quatorze heures ? La toponymie des édifices et places publics, y compris les plus célèbres du monde, puise le plus souvent dans un registre qui ne fait ni dans l’érudition encyclopédique, ni dans l’exégèse intello-savante. C’est parfois bêtement la couleur du monument qui l’inspire, comme c’est le cas depuis 1902 de la Maison-Blanche aux États-Unis ; ou sa forme pour le Pentagone, où siège depuis 1942 le Secrétariat à la Défense du même pays ; ou encore l’Hexagone, qui désigne si bien la France continentale. Mais le fait éponyme peut être également un personnage ou un événement d’envergure historique. Pour rester dans l’Hexagone, qui inspire souvent nos pensées et nos actions, voyez le palais de l’Elysée ou bien la prestigieuse place Charles-de-Gaulle-Etoile !

Enfin, et c’est de loin la trouvaille la plus courante, on s’en remet à la géographie des lieux : Koulouba à Bamako ou Cocody à Abidjan pour les sièges de l’exécutif. Quant aux aéroports et pour ne pas citer Roissy, voyez Lomé-Tokoin, Dakar-Yoff, Bamako-Séno, Conakry-Gbéssia, Monrovia-Robertsfield et que savons-nous encore ! Et croyez-nous, c’est bien parfois l’usage, soutenu par les médias, qui finit par consacrer l’appellation, mieux que ces commissions ad hoc dont on sait qu’elles finissent par enterrer vivantes les plus belles idées sous les décombres des zizanies byzantines. Rappelons-nous que dans les années 70 déjà, les journalistes, surtout de la radio nationale, s’étaient enquis d’accoler à l’aéroport de Ouaga, le surnom de Tamssê, en souvenir du quartier traditionnel dont la "maison de l’avion" a pris la place. On parla également là de dispositions protocolaires à prendre pour officialiser les choses et puis, plus rien.

Voilà pourquoi de nos jours encore cet édifice s’appelle platement Aéroport international de Ouagadougou. Alors bonnes gens, pourquoi pas Kossyam, puisque tel s’appelait avant le départ de ses premiers occupants la cuvette sud de la capitale où le Faso va déménager bientôt les pénates présidentiels ? Qui mieux est, on ne pouvait rêver à nom plus prédestiné, puisqu’en langue du terroir, Kossyam peut se traduire par "à la recherche de la sagesse". Pour tout locataire actuel ou à venir des lieux, un beau programme de gouvernement, qu’on croirait inspiré de la République de Platon. Alors contre Kossyam, qui dit mieux ?


Commémoration du 15-Octobre : Une date et des polémiques

Le 15 octobre marque l’anniversaire de deux événements. Une date, deux événements selon qu’on se situe dans le camp des sankaristes ou dans celui des "blaisistes" : en effet, le 15 octobre marque l’anniversaire de la mort du président du Conseil national de la révolution (CNR), Thomas Sankara, mais aussi l’accession à la présidence du Faso de Blaise Compaoré.

Il y a plusieurs mois de cela, plusieurs associations et formations politiques perpétuant la mémoire de "Tom Sank" ont manifesté le vœu de célébrer cet anniversaire par la tenue d’activités de Paris à Ouagadougou, en passant par d’autres capitales. Ainsi en est-il du symposium international sur Thomas Sankara, qui se déroulera du 11 au 14 octobre à Ouagadougou.

Il n’en fallait pas plus pour que le mégaparti le CDP, les ABC (Amis de Blaise Compaoré) et les "Tanties" de Blaise sonnent le cor pour rassembler leurs affidés afin de fêter aussi les 20 ans de l’enfant terrible de Ziniaré. Le président du CDP est même allé jusqu’à inviter le patron de l’UNIR/MS, Me Bénéwendé Sankara, à participer au clou de cette manif qui tournera autour d’un colloque dont le thème est : "Démocratie et développement en Afrique". Une invitation de façade, que Me Sankara a su aussi esquiver en douceur et avec la courtoisie en plus.

Jusque-là on n’aurait rien trouvé à redire s’il n’y avait eu cette histoire de salles réservées. Pour de tels raouts politiques, nul doute que des salles sont requises pour accueillir les participants. Or voilà que le camp des sankaristes essuya une fin de non-recevoir suite à sa demande de location de la maison du Peuple. Motif de ce refus ? Le camp présidentiel avait déjà sollicité cette enceinte pour y tenir ses activités à la même période. Sans préjuger de quoi que ce soit, il aurait été politiquement correct pour les "Blaisistes" de laisser au moins ce lieu aux sankaristes, vu que la salle des banquets et le stade du 4-Août peuvent être réquisitionnés pour tenir ces jamborees commémoratives.

Car, avec ce refus, on a la vague impression que les thuriféraires de Blaise Compaoré veulent empêcher coûte que coûte les sankaristes de faire un arrêt sur les 20 ans de la disparition du père de la Révolution burkinabè. Il y a comme un Tout sauf le symposium sankariste (TSSS) qui a vu le jour. Car, allez-y comprendre, ce sont les sankaristes justement, sauf erreur, qui ont les premiers annoncé leur manifestation, le symposium. Alors à moins qu’ils n’aient pas demandé les salles dans les temps impartis, il est injuste de ne pas les leur accorder.

En définitive, cette querelle autour des lieux où doivent se dérouler les activités de cet anniversaire cache mal un malaise : celui de voir l’image de Sankara rappelée au bon souvenir du monde, et faire ainsi un tantinet ombrage aux ouailles du pouvoir en place. Mais l’histoire n’est-elle pas faite justement de contradictions, certains diraient de dialectique ?

Rabi Mitbkèta

L’Observateur Paalga

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Vos commentaires

  • Le 10 septembre 2007 à 14:09 En réponse à : > Guéguerre entre Salif Diallo et François Compaoré : La démission de Blaise Compaoré

    Il est temps que les apprentis politicien cessent leurs stupidités. Refuser la maison du peuple aux Sankaristes pour leur manifestation, c’est scandaleux et ridicule pour des hommes qui se disent responsables politiques. Il faut cesser ces genres de comportement digne des médiocres toujours.

  • Le 10 septembre 2007 à 17:32 En réponse à : > Guéguerre entre Salif Diallo et François Compaoré : La démission de Blaise Compaoré

    Brave gens,
    Sur la toponymie, il y a usurpation. "Kossyam" devrait être reservé au temple du savoir... l’Université. Ce serait de l’abus de/du POUVOIR pour parler comme JJ. A bamako, ils ont la colline du savoir (avec l’université) qui s’oppose à la colline du pouvoir, Koulouba. On a donc ici, les vraies mamelles d’une ville... Mais si on veut s’en tenir à Kossyam, why not. Aura t-on besoin de reférendum ou de votations ? Ce qu’il faut éviter ce sont des noms à rallonge, imprononçables pour les non moréphones (pensez un Chinois prononcer la dénommination officielle des boulevards circulaires, il préférera comme tous : phériph... ou circulaires). Kossyam, c’est parlant, dans une langue nationale, court et facile à prononcer. Economisons donc nos "perdiems" en vue d’autres actions.

    • Le 12 septembre 2007 à 19:31, par JFK En réponse à : > Guéguerre entre Salif Diallo et François Compaoré : La démission de Blaise Compaoré

      Bonjour !
      Guéguerre ou pas, le peuple Burkinabè c’est que dans ce pays ce qui se dit haut n’est jamais l’information réelle et pour cela le président n’a pas rompu avec son habitude.C’est le wait and see et time willl tell us. Taisons les commentaires et attendons sagement dans ce pays de savane.

      JFK.

  • Le 10 septembre 2007 à 17:41, par Surcula En réponse à : > Guéguerre entre Salif Diallo et François Compaoré : La démission de Blaise Compaoré

    "...je ne trouve pas qu’il y ait élément suffisamment grave..." dixit BC sur les relations entre Salif et son frangin. Je crois comprendre en bon sémi-alphabétisé qu’il y a biens des éléments mais qui sont pas suffisamment grave. Prions alors pour qu’ils ne s’agravent pas.

  • Le 10 septembre 2007 à 18:58, par Ziri la boumbou En réponse à : > Guéguerre entre Salif Diallo et François Compaoré : La démission de Blaise Compaoré

    Voyons donc ! L’article sur François et Salif est conclu par "de deux choses l’une...." ! Que croyez-vous donc ? Moi je dis "de plusieurs choses, l’une" ! Vous pensez que si l’information est vraie, Blaise va venir s’asseoir vous dire qu’elle est l’est ?Dans quel but ?Mettez-vous à sa place, et sous quelque contrée que vous vouliez : ce genre d’info est faite pour être dementie !!!! Mais ne vous y trompez pas ! Je n’ai pas dit inutile ! Ce genre de questions, on les pose juste pour voir la réaction "non parlée" du président : si vous voulez la vérité, écoutez l’enregistrement au moins dix fois, en suivant les gestes du president lorsqu’il repond ; seul cela vous edifiera ! Et encore...vous pouvez vous trompez ! Ne dites donc pas que Blaise a tort de prendre l’information à la légère.C’est vous qui écrivez à la légère.

  • Le 10 septembre 2007 à 19:35, par Yamyélé En réponse à : > Guéguerre entre Salif Diallo et François Compaoré : La démission de Blaise Compaoré

    Mais, les gars !!! Arrêtez de diaboliser une situation qui n’en mérite pas !!! Quelle est cette guéguerre de l’esprit que vous avez inventée encore ? Il n’ y a rien entre les deux camarades sauf l’amitié et la courtoisie. Où allez-vous récolter ces informations hallucinogènes ?

    Par Yamyélé militant CDP+ODP/MT

  • Le 10 septembre 2007 à 19:42 En réponse à : > Guéguerre entre Salif Diallo et François Compaoré : La démission de Blaise Compaoré

    Chers Compatriotes,
    Voici, littéralement retranscrit, ce que notre Président a dit et que nous approuvons sans aucune réserve : Il y a, à travers cette réponse, à la fois, l’humour, l’affection, l’intelligence et la sincérité.... Relisez s’il vous plaît...
    ["Je ne les ai pas appelés. C’est vrai que vous, les journalistes, vous avez l’impression d’avoir toujours beaucoup d’informations. Parfois même on se demande si vous n’en créez pas... Il y a des vues d’esprit qui ne sont pas des réalités. Je ne crois pas que le rôle du président, c’est de réunir des citoyens pour les aider à se rapprocher sur quoi que ce soit.
    Je crois que des responsables politiques comme ceux que vous citez savent qu’ils ont des missions à assumer et qu’ils ne peuvent le faire correctement qu’ensemble et solidairement. Je dois tout simplement vous dire que je n’ai jamais eu à intervenir entre les deux parce que je ne trouve pas qu’il y ait élément suffisamment grave pour que moi-même, ne serait-ce que sur un plan fraternel, familial, m’immiscie dans des relations qu’ils ont nouées et tissées depuis des années”.] J’en conclue ceci :
    Alors, la messe est dite et gare aux esprits malveillants qui pensent que le désaccord entre les deux hommes peut constituer un moyen opportuniste de destabiliser notre pays. S’il vous plaît, les priorités de ce pays, les besoins fondamentaux de notre cher Burkina sont si importants que nous ne devons pas cultiver le désir de l’hostilité surtout dans les hautes sphères de l’Etat.
    A bons entendeurs salut ! Me Kéré, France.

  • Le 10 septembre 2007 à 19:43 En réponse à : > Guéguerre entre Salif Diallo et François Compaoré : La démission de Blaise Compaoré

    Démission toi-même. Quelle question ? Il est vrai que les rumeurs font vivre certains journaux. Didier, Norvège.

  • Le 12 septembre 2007 à 00:11, par rayim En réponse à : > Guéguerre entre Salif Diallo et François Compaoré : La démission de Blaise Compaoré

    meme si je serai censurer a nouveau , je tiens a vous dire franchement que l`entente , ou la mesentente de ses deux mrs , n`ammene le faso nul part .
    chacun a ses problemes personnel, et ils ont le droit de s`entendre ou pas , ca ne regarde personne. et on s`enfou d`ailleur..................

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