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Philippe Ouédraogo/Soumane Touré : A qui le PAI ?

Publié le lundi 10 septembre 2007 à 08h15min

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Il n’y aura plus deux capitaines dans le bateau du Parti africain de l’indépendance. Les deux ex-camarades devenus adversaires connaîtront chacun le sort qui lui sera réservé à moins d’un report de la date de délibération le 9 septembre prochain.

Philippe Ouédraogo et Soumane Touré n’ayant pas pu accorder leurs violons pour diriger le PAI se sont retrouvés dans les eaux perdues de la justice pour trouver le vrai héritier qui doit conduire le parti. Après le tribunal administratif, la Cour Suprême, l’affaire dite PAI a atterri dans les locaux du Conseil d’Etat qui, à moins d’un revirement de la situation doit pouvoir départager les deux prétendants.

En Afrique, les partis politiques constituent de véritables entreprises pour leurs dirigeants. Chacun se débrouille pour avoir son propre parti. Il n’est pas rare ainsi d’entendre certains dirigeants crier à qui veut les entendre que la chose « le parti » leur appartient « c’est mon parti, je l’ai créé, je fais ce que je veux avec » c’est donc un champ privé que les responsables des partis gardent jalousement. Gare à ce militant qui osera contester le chef. Les militants sont généralement considérés comme du bétail électoral.
Avec cette façon de concevoir le parti certains responsables de parti envahissent leur parti et refusent de l’abandonner sous aucun prétexte. Les renouvellements des bureaux deviennent des moments de querelles intempestives.

Le PAI est certainement victime de cet état de fait. Tout a commencé le 12 septembre 1998 au cours d’une session du comité central du parti où le bureau exécutif central démissionne avec son président Soumane Touré. Pour assurer la continuité en attendant la tenue d’un congrès, le Comité central confie provisoirement la direction du parti aux membres d’honneur qui mettent en place un bureau exécutif central (BEC) provisoire dirigé par Philippe Ouédraogo. Mais voilà que le 4 décembre 1999, Soumane Touré, le démissionnaire, tient un congrès qui le consacre secrétaire général du Bureau exécutif central (BEC). Pour le camp de Philippe Ouédraogo, Soumane n’a aucun mandat ni aucune qualité pour convoquer un congrès. Malgré les protestations du camp Philippe Ouédraogo, le ministère de l’Administration territoriale et de la Décentralisation MATD signe un arrêté reconnaissant le bureau issu du congrès de Soumane Touré comme le nouveau bureau du PAI. En février 2000, la tendance Philippe Ouédraogo organise à son tour un congrès qui consacre Philippe à la tête du bureau exécutif central.

La guerre des tranchées est-elle finie ?

Le parti a 44 ans. Donc il peut revendiquer le droit de figurer parmi les plus vieux partis du Burkina. Ses membres devaient être incontestablement des militants pétris d’expériences et suffisamment mûrs pour surpasser les intérêts individuels au profit du collectif. Mais force est de reconnaître que malgré cette somme d’expériences, les camarades du PAI n’ont pas pu profiter pour s’accorder sur l’essentiel. L’incapacité d’un parti aussi vieux à gérer un conflit de direction et d’orientation, préférant se cacher derrière un comité ne peut que conduire à la dérive. Le PAI s’est retrouvé dans l’illégalité parce que n’ayant pas pourvu à temps à la succession de son BEC démissionnaire. Et comme il fallait s’y attendre, la tendance Philippe Ouédraogo mise en touche lors de ce flou avait préféré trouver des poux sur la tête rasée de quelqu’un qui a le dos large, le pouvoir, au lieu de regarder le gros bouton visible à mille lieux sur son nez.

Les accusations régulièrement proférées à l’encontre du pouvoir ne sont que des prétextes pour détourner l’attention des populations sur les problèmes réels au sein des partis. Ceci est le signe que les manœuvres d’apparât ont la primauté sur le fonctionnement des partis. Dans cette faune politique, certains savent lire les textes alors que d’autres en ignorent jusqu’à leur existence.

Les débarquements spectaculaires et les exclusions intempestives ne sont-ils pas les principes qui règlent la vie de nos partis ?

Ce n’est plus une interrogation, c’est une certitude. La presse en fait ses choux gras tous les jours. Soumane Touré n’est pas n’importe qui au PAI.
Cela explique pourquoi, il a été commis un jour à la tâche de premier responsable de ce parti. Ce que l’on comprend moins, c’est le coup d’état orchestré contre le BEC quelques mois seulement après sa mise en place. Un parti sérieux où se réclamant tel peut-il se tromper de direction ? Le PAI ne s’est pas trompé, mais comme dans la majorité des partis, il a été victime du syndrome de ceux qui se disent être l’alpha et l’oméga. Ils ont droit de régner jusqu’à ce qu’ils se soient plus à même de mettre un pied devant l’autre.

Pendant ce temps, c’est à cor et à cri qu’on réclame démocratie et alternance ailleurs ! Oui, les partis sont gérés de façon monarchique. Les lois et les règlements ne sont là que pour meubler le décor et pour donner l’illusion que les voies de recours existent pour résoudre démocratiquement chaque différend.

Kibsa KARIM

L’Hebdo

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Vos commentaires

  • Le 10 septembre 2007 à 12:49 En réponse à : > Philippe Ouédraogo/Soumane Touré : A qui le PAI ?

    Etre journaliste même proche c’est au moins avoir un peu d’honnêtété. Le MATD lors du dernier procès reconnaît n’avoir jamais posé de recours sontre l’avis du Tribunal administratif. Alors pourquoi vous vous en prenez à Philippe au lieu de vous en prendre à Soumane TOURE, qui par ces tirputides a favorisé cette pagaille.
    Messieurs de l’HEBDO, même si vous mangez avec eux soyez au moins honnête de temps en temps.

    Guetabamba KOMBELESIGUIRI

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