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Commémoration du 15 octobre : Le cagoulé troisième larron s’invite...

Publié le lundi 10 septembre 2007 à 08h19min

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Le 15 octobre prochain est donné comme « un combat entre le CDP et les partis sankaristes » pour faire simple. Mais nous apprend-on, un troisième larron s’inviterait à la fête, composé de « politiques, de leaders de la société civile, d’intellectuels (sic) » donnés être « plus persuasifs ces observateurs neutres, ces indifférents qui jusque-là, observaient sans rien dire ».

Comment qualifier alors ce « show » à venir, sinon que les voies de la politique au Faso sont décidément impénétrables.

Le dicton populaire ne dit-il pas « plus on est de fous, plus on rit ? ». Qu’il y ait des gens qui s’affublent de la neutralité, c’est-à-dire ni pro Blaise, ni pro Thomas est-ce vraiment un scoop ? Etre dans la savane burkinabè, c’est connaître cette vérité de La palisse qu’il existe une 3ème colonne se plaisant à pêcher en eaux troubles.
De ceux qui n’ont jamais voulu affronter les urnes au vu et au su de tout le monde.

La raison se trouve, sans doute aucun, dans cet arrière-fond de putschisme, marque de fabrique d’une histoire politique jalonnée par une multitude du « un pas en avant, deux en arrière ». Des Etats d’exception ont ainsi pris le pas, plus souvent qu’à leur tour, on rêve d’un Etat de droit démocratique où pouvaient s’exprimer toutes les sensibilités.

Bien que depuis juin 1991, une constitution dans le registre de la plus pure tradition du jeu partisan ait vu le jour, le Faso politique cultive un manichéisme attardé, manifesté de la façon hideuse par cette 3ème colonne, chantant qu’il s’agit « d’appliquer à ce 15 octobre comme à bien d’autres événements de la vie nationale, une courageuse thérapie collective (resic) pour poser les bases d’un consensus national qui interpelle la collectivité dans son entièreté ». Bien dit, mais rien que des mots et encore des mots.

Rétablir la date

Puisqu’il est question de refondation, on tarde de savoir de quelle refondation on parle, qui la mènera et sous quelle déclinaison ? En tout cas pour ce qui est du comment et du pourquoi, il faut repasser. Le flou derrière lequel chacun par la grâce bienveillante des médias distille ses certitudes a un côté gentil, mais ce n’est aucunement faire avancer le débat.

Il est proprement désagréable d’établir le constat chaque jour que des apprentis « politicards » s’évertuent à sous-entendre que les autres sont congénitalement mauvais et qu’il existerait « des neutres intellos ou leaders » mieux qualifiés. Si tel est vraiment le cas, qu’ils descendent sur la scène, puisque la constitution du 2 juin a donné le théâtre ou l’arène des gladiateurs, s’ils pensent que eux pourraient déverser un torrent de bonheur sur tous les Burkinabè.

Le sens profond de la non-célébration du 15 octobre par les partisans de Blaise Compaoré est assimilé à un sentiment de culpabilité. Normal après tout si pour ne pas donner dans l’impression que ce jour rassemble chaque Burkinabè, ils ont opté plutôt de sortir de ce manichéisme forcené qui a fait tant de mal durant la période révolutionnaire. Il n’est donc pas fêté dans le seul et unique dessein de réconcilier la nation et de sortir de la féroce acrimonie que les

L’ère démocratique offre à chacun, l’espace pour s’exprimer en dehors de ce que cette 3ème colonne nomme à tort un « combat ». Et il est conséquemment évident que la refondation est en marche depuis ce 2 juin 1991.

Rétablir le sens

La démocratie au Faso n’est pas parfaite. Là-dessus, il est facile de comprendre que chacun voit midi à sa porte. Mais au moins, elle permet aux uns et aux autres de fêter selon leur bon vouloir le 15 octobre à venir et d’y mettre le sens qu’ils veulent et parallèlement au 3ème camp de rester neutre ou de montrer qu’il n’est point la 5ème roue du carrosse. La place existe pour tous et ce n’est déjà pas mal.

Etablir un bilan après 20 ans d’ouverture démocratique en référence au premier discours de Blaise Compaoré du 19 octobre 1987 est la moindre des choses parce que justement et avec les sankaristes tout le monde a adhéré à cet appel. Et il ne faut point tenter d’ôter ce mérite à Blaise Compaoré, car c’est lui et lui seul qui ce 19 octobre a choisi d’appeler tous les Burkinabè sans exclusive à participer au Front populaire.
Une conception matérialisée quatre ans plus tard par l’adoption d’une constitution ouvrant ainsi la compétition libre, transparente ouverte et égale à toutes les sensibilités.

Le sens profond de fêter cet anniversaire répond alors au besoin de faire ce bilan de l’ouverture, de la pratique démocratique, des avancées enregistrées et des limites réelles. L’objectif ainsi dégagé, nul n’est exclu et surtout pas ceux qui pensent qu’il y aurait à renaître par une refondation. On espère qu’ils diront le pourquoi, le comment et le par qui ?

Sinon, le combat d’avec les sankaristes est fini, puisque les urnes s’en sont chargées. Le CDP ou les pro Blaise ont cette légitimité des urnes et au nom de cette majorité, ils sont fondés à donner à cette date le contenu qu’ils veulent. Parce qu’aussi et contrairement à ce que dit la 3ème colonne, la dictature de la majorité existe en démocratie.

On peut penser qu’au Burkina, il existe quelque scrupule à l’exercer pleinement, mais la raison est fort simple. Il faut sortir du manichéisme si et seulement si chacun est animé du désir de construire une nation forte, unie et prospère. Mais les habitudes ayant la peau dure, peut-être faut-il prendre son mal en patience. Chaque nation n’avance-t-elle pas au rythme de son niveau de conscience politique ?

Souleymane KONE

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