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Reconstitution de la colonie de la Haute-Volta : Un fait historique ignoré du Burkinabè

Publié le vendredi 7 septembre 2007 à 08h06min

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Basile Guissou et Alain Coeffé

L’Association des ministres du Faso a célébré la date du 4 septembre 1947, anniversaire de la reconstitution de la colonie de la Haute-Volta. Cette célébration a été marquée par une conférence sur le sujet tenue mardi 4 septembre 2007 à Ouagadougou.

4 septembre 1947, 4 septembre 2007. Cela fait 60 ans qu’une loi promulguée et signée par le président français de l’époque Vincent Auriol reconstituait le territoire de la Haute-Volta. Combien sont-ils les Burkinabè qui se rappellent cet anniversaire aujourd’hui ?

Cette date, si elle n’a pas disparu de notre mémoire collective, elle est simplement ignorée par beaucoup de Burkinabè surtout la couche jeune. En organisant une conférence sur le thème "La reconstitution de la colonie française de la Haute-Volta, il y a 60 ans", l’Association des ministres du Faso a voulu non seulement commémorer le 4 septembre 1947, mais aussi et surtout rappeler à l’opinion publique l’importance de cette date pleine de signification pour le pays. Le conférencier, le Pr. Basile Guissou, ancien ministre des Affaires étrangères et actuellement maître de recherche en sociologie politique au CNRST, d’entrée de jeu s’est posé cette question : "Les Burkinabè ont-ils peur de leur histoire ?".

Légitime questionnement, selon le Pr Guissou qui soutient qu’à sa connaissance, il n’y a ni monument, ni plaque commémorative, ni rue, ni avenue au Burkina Faso qui rappelle cette date. "Et pourtant, si nous sommes dans cette ville, Ouagadougou, capitale d’un pays que nous aimons tous, c’est parce que le 4 septembre 1947, une loi reconstituait le territoire de la Haute-Volta, du Burkina Faso actuel en tant qu’entité juridique, administrative et politique", a dit le conférencier. Mais pour en arriver à la reconstitution, la Haute-Volta a été démantelée et partagée entre ses voisins immédiats à savoir la Côte d’Ivoire, le Soudan français et le Niger. Aussi, le conférencier a fait la genèse de l’histoire allant de la période du Haut-Sénégal-Niger à la Haute-Volta (1909-1919-1932) à celle de la Haute-Volta, au Burkina Faso (1947-2007).

"La France a crée d’abord en 1909 un vaste ensemble baptisé" "la colonie du Haut-Sénégal-Niger". "C’est le 1er mars 1919 que par décret signé du président français Raymond Poincaré, de Henri Simon, ministre des Colonies et du ministre des Finances, Léon Klotz, la Colonie de la Haute-Volta est créée", a-t-il expliqué. Le 11 août à Paris, après une lutte de quinze ans, ajoute le Pr Guissou, l’Assemblée nationale adopte "le projet de loi tendant au rétablissement du territoire de la Haute-Volta".

En effet, en l’absence d’une élite politiques et intellectuelle formée à "l’école du Blanc", l’interdiction de syndicats, d’associations et de partis politique, ce sont les autorités politiques traditionnelles qui ont été reconnues par l’administration coloniale pour diriger la lutte. "Le Moogo Naaba Saaga, à la tête de toutes les démarches est incontestablement l’artisan n°1 de ce combat politique", soutient le conférencier. Toutefois, précise-t-il, c’est Henri Marcel Guissou, agent spécial, diplômé de l’école William Ponty de Dakar qui a défendu le dossier de reconstitution de la Haute-Volta à l’Assemblée nationale française, en remplacement du député Philippe Zinda Kaboré, décédé brutalement le 25 mai 1947 à 27 ans.

Le 19 août 1947, Henri Guissou a présenté son rapport sur le projet de loi tendant au rétablissement du territoire de la Haute-Volta. Un projet de loi qui fut adopté à son article 2 qui stipule : "Le territoire de la Haute-Volta, rétabli, possède l’autonomie administrative et financière dans les mêmes conditions que les autres territoires "du groupe de l’Afrique occidentale française. Son chef-lieu est Ouagadougou et ses limites, celles de l’ancienne colonie de la Haute-Volta à la date du 5 septembre 1932".

Après analyse de la situation, le conférencier a conclu que le passé politique du Burkina Faso se présente comme un saucisson coupé en tranches isolées les unes des autres. Il n’y a pas, selon lui, de fil conducteur, de dénominateur commun qui facilite la compréhension du passage d’une époque à une autre, d’un régime politique à un autre. Toute chose qui empêche de capitaliser la riche histoire du Burkina Faso.

P. Pauline YAMEOGO

Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 7 septembre 2007 à 09:51 En réponse à : > Reconstitution de la colonie de la Haute-Volta : Un fait historique ignoré du Burkinabè

    Je salue cette initiative de l’association des ministres. Comme aime le dire l’autre, "Un peuple sans histoire est un peuple sans âme", alors faire savoir l’histoire d’un peuple aux générations futures est une grande œuvre que nous devons tous saluer.

    Alors, bravo à ces conférenciers. C’est tout ce que nous attendons de nos intellectuels. Qu’ils nous éclaircissent la voie, qu’ils nous fassent savoir d’où nous venons pour pouvoir tracer la voie de demain. Mais hélas, ils sont peu, les intellectuels africains qui jouent leur rôle. Encore une fois bravo.

  • Le 8 septembre 2007 à 10:16, par Yamyélé En réponse à : > Reconstitution de la colonie de la Haute-Volta : Un fait historique ignoré du Burkinabè

    Moi je ne salue pas cette initiative car elle n’est pas originale. N’importe qui peut trouver celà dans les livres d’histoire. Ce sont de vieux sujets connus de tous.

    Il faut aller dans du nouveau, et il y a plein de sujets à cet effet :

    - Transformation actuelle de notre jeunesse (pastis, guin et epéron frelattés, etc.)
    - Le néo-patrimonialisme au Burkina et ses effets sur l’amplification de la corruption et l’impunité
    - Conflits Agriculteurs/Eleveurs, quelles solutions adaptées au contexte actuel ?
    - Fraudes, mauvais produits alimentaires et marché domestique burkinabé
    - Etc., etc,. etc......

    Donc, rien d’original. Ce n’est qu’un résumé condensé de vieux bouquins coloniaux.

    Votre ami Yamyélé, militant ODP/MT + Quelques criquets = CDP

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